Un roman captivant et bouleversant : “Devoir à rendre“, de Nicolae Dabija, auto édité auprès de la Société des Ecrivains.
Le pitch : Ivan Ivanov-15, puisque tel est le nom qui lui a été attribué, a passé toute son enfance à être embrigadé dans un austère orphelinat stalinien, jusqu’au jour où son père vient le chercher. Mihai Ulmu, ce père qu’il ne connaît pas, injustement arrêté en 1940 alors qu’il donnait un cours de littérature à ses élèves de Terminale, à qui on a extorqué des aveux rocambolesques d’ennemi du peuple, pour ensuite le condamner, au terme d’un procès expéditif, à 25 ans de travaux forcés qu’il devra effectuer au camp sibérien de Zyrianka. Il ne reviendra dans son village de Poiana que 13 ans plus tard, après avoir trouvé l’amour auprès de Maria Razesu, l’une de ses élèves qui a préféré tout sacrifier pour le retrouver jusqu’aux confins de la Sibérie…
Ayant eu la chance de découvrir ce roman à l’occasion de sa sélection pour le Prix de l’Autre Edition, dont je remercie d’ailleurs les organisateurs de m’avoir offert le privilège de faire partie du Jury, je dois avouer qu’il m’a tout simplement bouleversé.
Avec un grand talent, l’auteur nous plonge dans une intrigue passionnante et merveilleusement construite, particulièrement riche de sens. En premier lieu, c’est un roman historique terriblement réaliste et intéressant, l’auteur nous précipite ainsi au cœur de la sombre époque qu’était le régime stalinien et ses goulags. C’est aussi une histoire d’amour particulièrement forte et émouvante, notamment grâce à Maria, cette jeune fille à laquelle on ne peut que s’attacher tant on admire sa force de caractère, son courage, sa volonté sans faille pour retrouver l’homme de sa vie. On ne peut qu’être ébahi et touché par la puissance de son amour pour Mihai, mais aussi par cette magnifique clairvoyance qu’elle en avait depuis si longtemps. Mais il s’agit également d’une histoire de la liberté, poignante et touchante, cœur du combat de Mihai qui préfère se sacrifier pour laisser libres chacun de ses élèves, combat qu’il mènera durant toute sa captivité, tant physiquement que moralement, pour ne jamais se laisser abattre face à l’adversité et l’injustice, combat qu’il poursuivra pour son fils, à sa naissance mais aussi lorsqu’il le retrouvera pour l’arracher des griffes de ce sinistre orphelinat. Cette lutte, qu’il mènera en dépit des obstacles et malheurs qu’il devra affronter, est tout simplement magnifique et bouleversante, ne laissant pas d’autre choix au lecteur que de s’attacher tout particulièrement à ce jeune professeur.
La plume est magnifique, le style est fluide, ce qui rend cette lecture aussi agréable qu’elle est bouleversante.
La plume est magnifique, le style est fluide, ce qui rend cette lecture aussi agréable qu’elle est bouleversante.
En bref, un roman face auquel il est impossible de rester insensible.