Livres et vous ? Livrez-vous… Avec Olivier Ploux, Directeur du réseau des médiathèques du Beauvaisis !

Souvenez-vous… Voilà déjà un mois que j’ai lancé cette nouvelle rubrique, consistant à partir à la rencontre de ces acteurs essentiels qui, chaque jour, font vivre et évoluer notre fantastique univers littéraire, afin de révéler leurs lectures, et plus précisément le lecteur qui se cache en chacun d’eux…

Qui dit “livre”, dit “bibliothèque”… Pour notre rendez-vous du jour, c’est donc Olivier Ploux, Directeur du réseau des médiathèques du Beauvaisis, qui m’a fait l’honneur de relever mon défi en se prêtant au jeu de mes petites questions indiscrètes !
C’est au hasard d’un échange par mail, concernant les auteurs autoédités, que j’ai eu l’immense plaisir de faire la connaissance d’Olivier Ploux, Directeur passionné et investi, fort sympathique et très ouvert à la culture au sens large du terme et sous toutes ses formes. Ayant déjà la bienveillance d’accueillir dans le catalogue des médiathèques nos auteurs autoédités “locaux”, ce dernier a très généreusement accepté de découvrir et recevoir quelques-uns de mes coups de cœur de l’autoédition parmi les nombreux ouvrages de notre fantastique réseau.
Apprenant avec tristesse son départ imminent pour rejoindre d’autres fonctions en région parisienne, il m’était impossible de le laisser partir sans vous permettre de découvrir le lecteur qui sommeille en lui !

Trêve de bavardages, je ne vous fais pas languir plus longtemps et vous laisse donc découvrir ses réponses… En lui souhaitant par avance une bonne continuation et un plein épanouissement dans ses nouvelles fonctions !
Pouvez-vous vous présenter, vous et votre librairie, en quelques mots ?
Je m’appelle Olivier Ploux, j’ai 46 ans, je suis Conservateur des bibliothèques. A ce titre je suis actuellement responsable du réseau des médiathèques du Beauvaisis. Avant de venir travailler à Beauvais en 2013, j’ai travaillé surtout en Ile-de-France (Aubervilliers, Herblay, Franconville).
Les médiathèques du Beauvaisis ce sont cinq médiathèques, quatre à Beauvais et une à Milly-sur-Thérain, 50 agents, 250000 documents à disposition des usagers, plus de 200000 entrées par an (bien plus que dans les structures sportives !), 14000 usagers différents, 330000 prêts enregistrés chaque année ! Une vraie entreprise culturelle vivante, populaire, démocratique, citoyenne qui met les loisirs, les savoirs, l’éducation, bref la culture…au service de tous !
Quelle place tient la lecture dans votre vie ?
Comme je l’entends souvent dans la bouche des bibliothécaires et de ceux qui souhaitent travailler dans une bibliothèque, j’aimerais utiliser deux clichés qui ont valeur d’évidence : “J’aime beaucoup lire” et “Depuis tout petit, j’aime les livres”. Parce que c’est vrai : je lis depuis que je suis tout petit, le français a toujours été ma discipline préférée (j’ai d’ailleurs un Master de Lettres Modernes), je ne peux envisager un jour sans lire.
Par contre je tiens à préciser que je n’ai pas un rapport “fétichiste” avec le livre : je lis de tout, des romans, des essais, les actus sur Internet, des BD (rarement), des revues, mais j’écoute aussi beaucoup de musique, regarde beaucoup de vidéos et de séries télé. En fait, je suis dans la vie comme à la médiathèque : il me faut de tout !
Y a-t- il un livre/auteur qui vous a poussé à exercer votre métier ? Quel a été votre déclic ?
Ce qui m’a poussé à faire ce métier, c’est ma première expérience professionnelle : après mes études, je suis parti 4 ans à Madagascar en tant que coopérant (c’était juste
avant que Jacques Chirac ne mette fin au service militaire), responsable d’un (petit, mais dynamique) réseau d’Alliances Françaises. C’est là-bas que j’ai découvert un concept très particulier d’établissement culturel : un lieu qui était à la fois un centre de documentation, une bibliothèque de loisirs, un organisme de formation (on y prépare le DEFL), une centre culturel, et plus largement un espace social et de détente (et même sportif à l’occasion, puisque j’y avais installé une table de ping-pong). C’était dans les années 90 et c’était bien avant qu’on parle de “médiathèque 3ème lieu” (ce qu’on peut découvrir dorénavant à la médiathèque de Beauvais), j’ai su que c’était ça qui me plaisait : autour de la culture dans son sens le plus large, partager, transmettre, réunir au même endroit des publics très différents, aux motivations très diverses. C’est, comme je l’ai appris ensuite, la conception anglo-saxonne de la bibliothèque publique, le lieu de la communauté, le lieu des gens.
Quel a été votre premier coup de coeur littéraire ? Et le dernier ?
Quand j’étais collégien et lycéen dans les années 80 et 90, la littérature jeunesse ou ado n’existait pas : on passait de la Bibliothèque Verte à Madame Bovary. Dans ma frénésie de lecture d’alors, j’ai donc lu très tôt (ou plutôt avalé) tous les Classiques français et russes du 19ème siècle, les philosophes allemands, français, scandinaves, etc, mais c’est indubitablement à l’Université que j’ai connu mes premiers chocs littéraires d’adultes (ou plutôt de jeune adulte) : notamment Jack Kerouac avec “On the road“.
Mon dernier grand choc, c’est “Les Bienveillantes” de Jonathan Littell. En fait j’ai désormais un rapport très clivé avec la littérature : je ne lis plus que ce qu’on appelle des gros pavés, des Classiques, si possibles épais, en alternant majoritairement avec des thrillers ou des polars. Je tiens d’ailleurs à faire une spéciale dédicace à ma professeur de français en 4ème qui, un jour, a demandé à ses élèves, entre Henri Bosco et St-Exupéry, de faire la fiche de lecture du 1er roman de Mary Higgins Clark, “La nuit du renard“. C’est avec ce livre que j’ai découvert que la littérature pouvait être synonyme de plaisir, de frissons, d’angoisse, bref de sensations fortes, et que la littérature pouvait être moderne, populaire (et de qualité) !
Quel est votre livre de chevet ? Et celui qui cale votre bibliothèque ?
Mon livre de chevet c’est “Indépendance” de Richard Ford : toute l’existence humaine dans ce qu’elle a de plus modeste, de petite, de mesquine parfois, mais qui peut être aussi sublime, réunie dans un livre. C’est du niveau de Joyce et de Proust. Je voudrais être fidèle à la dualité de mes goûts et de mes expériences, en citant “Le Quatuor de Los Angeles” de James Ellroy, en commençant bien sûr par “Le Dahlia noir” : 20 ans après l’avoir lu et relu, et parce que j’ai été naturellement déçu par tout ce que James Ellroy a publié par la suite, j’estime toujours que le Quatuor de Los Angeles constitue un sommet de la littérature mondiale tout court, l’équivalent de l’Enfer de Dante, de la Chapelle Sixtine, de l’Iliade et l’Odyssée, de la Cathédrale de Chartres, n’en jetez plus !
Je n’ai pas de livres pour caler ma bibliothèque, c’est peut-être prétentieux mais je ne lis que des livres pour lesquels j’ai un bon pressentiment – à de rares exceptions près. Surtout j’ai une conception trop ouverte de la littérature pour considérer que certains livres peuvent mieux caler des bibliothèques que d’autres.
Si vous deviez comparer votre vie à un roman, lequel serait-ce ?
Je ne m’étais jamais posé la question, c’est une colle !
Existe-t- il, selon vous, une recette idéale pour écrire un bon roman ? Si oui, laquelle ?
Je n’ai jamais cru en l’inspiration : selon moi le talent, c’est du style, une vision du monde, et surtout beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail, de l’humilité et en même temps de l’ambition et, ce qui est plus subjectif, le désir profond d’écrire pour être lu, d’être partagé (c’est mon côté bibliothécaire).
Y a-t- il une sortie littéraire que vous attendez avec impatience ?
Je vais vous surprendre : pas du tout. Tout au long de l’année, je me laisse seulement porter par mon inspiration, mes envies du moment, les conseils de lecture des uns et des autres. Je rappellerai ici que mes fonctions de manager (et ma conception globale de la médiathèque comme espace culturel au sens large, et pas seulement comme “lieu exclusif du livre”) me tiennent éloigné de l’actualité éditoriale – et ça me va très bien !
Un petit mot pour la fin ?
Je vous remercie pour m’avoir sollicité. C’est grâce à des gens comme vous, au temps que vous passez sur votre blog, mais aux auteurs, aux libraires, et à tous les passeurs de culture et de livres que sont les bibliothécaires, que nous continuerons à lire, à aimer lire, à avoir du plaisir en lisant et en partageant nos lectures.
Voilà donc quel lecteur se cache derrière cet homme brillant et formidable, gérant d’une main de maître ce petit paradis de la culture dont il est un fervent passeur, et dont les derniers mots m’ont particulièrement touchée ! Je le remercie vivement pour avoir pris le temps de répondre à mes questions !  
Habitants du Beauvaisis, n’hésitez pas à venir faire un tour dans l’une des cinq médiathèques du réseau, vous ne pourrez être que conquis ! Retrouvez-les sur Facebook ICI, et consultez le catalogue ICI ! Vous y retrouverez prochainement quelques-uns de mes chouchous de l’autoédition, parmi lesquelles Elsa Gallahan, Flo Renard, Franck Driancourt ou encore Dawoud Saadoun !  

 

Laisser un commentaire