Les bonnes épouses restent à Artemisia Lane, les autres… Se retrouvent en librairie dans une petite bombe littéraire signée Brisby : “Les mauvaises épouses” de Zoé Brisby, paru le 1er mars 2023 aux éditions Albin Michel.
Le pitch : Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…
Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques. Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.
Zoé Brisby signe un roman intense et palpitant sur deux femmes qui font un choix de vie : celui d’être libres.
S’il est une autrice qui parvient décidément à se renouveler au gré des romans qu’elle écrit, c’est bien Zoé Brisby : Peu importe le genre, l’époque ou le lieu, chaque récit est différent mais parvient à nous embarquer, et celui-ci se veut aussi historique que sidérant !
Cette fois-ci l’autrice nous emmène sur une base militaire au fin fond du Nevada, en banlieue de Las Vegas à l’époque de la Guerre Froide… Dans un monde où les épouses sont de parfaites petites femmes au foyer, adeptes des réunions tricot comme du club de rando mais qui savent surtout se taire pendant que les hommes travaillent, dans un monde où les essais nucléaires sont un spectacle garanti sans danger pour lequel on se réunit à l’occasion de barbecues atomiques afin d’y déguster des cupcakes du même acabit. Incroyable ? Oui… Mais vrai : Oui !
Ainsi Zoé Brisby sort de sa zone de confort et nous propose un roman historique saisissant en plus d’être fort bien construit. Si elle a pris soin de se documenter, c’est pour mieux nous faire halluciner d’une étonnante vérité qu’elle retranscrit à travers deux femmes auxquelles on a tôt fait de s’attacher : La discrète et pâle Summer, la pulpeuse et charismatique Charlie. Deux femmes si différentes et pourtant semblables, deux femmes qui s’éteignent et étouffent dans ce monde idéal… En apparence : Car le vernis craque vite sitôt que chacune ferme la porte de son foyer…
Au fil des pages et avec ses héroïnes, l’autrice ne manque pas d’aborder des thèmes particulièrement forts que je vous laisse le soin de découvrir… Parmi eux : la liberté, sans aucun doute le fil conducteur de cette bibliographie si belle et bigarrée.
Dès lors on se passionne pour cette histoire et ses protagonistes, tous fort bien croqués – avec une mention spéciale pour Mrs Burns que j’ai tant apprécié – et, si je ressors un tantinet frustrée de cette lecture, c’est probablement parce que j’aurais voulu poursuivre quelques pages, chapitres de plus en leur compagnie, parce que j’aurais voulu savoir ce qui arrive après, parce que cette fin n’en est pas vraiment une et que je suis finalement restée à Artemisia Lane.
Servie par une plume fluide, élégante et plaisante, un style efficace et plein d’émotions, l’intrigue n’en est que plus captivante et se lit d’une traite.
En bref, j’ai adoré redécouvrir Zoé Brisby au fil de ce roman historique dense et intense, parfois hallucinant, souvent révoltant, toujours prenant et touchant !