Chroniques 2025 \ La Poussière des Morts

Plongée abyssale dans le noir absolu : “La Poussière des Morts” de Cécile Cabanac, paru le 16 octobre 2025 aux éditions Michel Lafon.

Le pitch : Dans une maison abandonnée de la banlieue de Lille, un jeune fan d’urbex découvre le corps d’un homme décharné et ligoté, aux portes de la mort. Le supplicié décède quelques heures plus tard à l’hôpital. Son autopsie révèle un étrange message contenu dans son estomac : ” L’éternité aux élus “. Le commandant Xavier Ducastaing, son équipière, la capitaine Nadia Vernois, et la stagiaire de l’école de police Sybille Kervasdoué veulent croire à un lien entre le propriétaire des lieux, un ancien militaire délirant aux idées sectaires, et cette mise à mort ritualisée. Combien de temps le supplicié a-t-il été retenu prisonnier et privé de nourriture ? Était-il victime ou consentant ? Commence une enquête aux ramifications tentaculaires jusqu’au tréfonds du darknet, un jeu de piste entre présent et passé qui passe au crible la relation toxique d’un détenu pour meurtre et de sa visiteuse de prison.

Adepte de sa plume depuis que je l’ai découverte avec son premier roman, je suivrai et lirai Cécile Cabanac n’importe où, quelle que soit sa maison d’édition… Aussi étais-je ravie d’apprendre son arrivée aux éditions Michel Lafon, annonçant ainsi son retour en librairie avec une nouvelle parution ! Une nouvelle parution que je me suis procurée sitôt que je l’ai croisée sur un salon, ce qui n’a pas tardé puisque j’ai pu échanger avec elle à la Foire du Livre de Brive début novembre ! Ne me restait plus qu’à trouver un peu de temps pour balayer “La Poussière des morts” d’un coup de lecture addictive, pour le meilleur de la littérature noire… Et le pire de l’Homme, à n’en point douter !

Si Cécile Cabanac n’a jamais fait dans la douceur et la légèreté, force est de constater qu’elle n’est jamais allée aussi loin pour révéler les plus bas instincts de l’humanité. D’emblée l’autrice frappe fort et marque les esprits pour nous tenir en haleine et ne jamais plus nous lâcher jusqu’à la dernière page tournée, puis nous hanter encore longtemps, bien longtemps après, je puis vous l’assurer. Car Cécile Cabanac se fait terriblement machiavélique et nous entraîne au cœur d’un jeu de pistes atrocement diabolique, à travers une intrigue tortueuse dont elle maîtrise pourtant jusqu’au moindre détail, nous égarant pour mieux nous rattraper, nous malmenant pour mieux nous sidérer. Jamais la noirceur n’aura été aussi palpable et malaisante, vertigineuse et angoissante. Parce que l’autrice sait lui donner corps, forme et substance à travers une affreuse réalité, celle de la solitude, des cœurs éprouvés, des âmes éplorées, des esprits tourmentés, des corps isolés… Rien n’est plus vulnérable et dangereux qu’un être qui souffre et qui s’accroche à la moindre main tendue, même celle de son bourreau.
Vous l’aurez compris, mes Bookinautes chéris, Cécile Cabanac vous invite en enfer au gré d’une histoire qui prend aux tripes et file la nausée sans qu’on ne puisse pour autant s’en détacher, atrocement obnubilé que l’on est par ce dont est capable l’humain sur son prochain. Porté par une galerie de personnages complexes et redoutablement bien campés, à la psychologie richement étoffée, le récit n’en est que plus prenant, nébuleux pour mieux nous éblouir une fois l’entièreté du puzzle révélé, dont on ne devine le dess(e)in qu’une fois toutes les pièces assemblées. Alternant judicieusement les temporalités dans une ambiance oppressante et effarante grâce à une plume fluide et soignée, percutante et ciselée, plus mature et percutante, un style incisif, efficace et envoûtant, l’autrice nous fait palpiter à plus d’un titre, à plus d’un rythme, à plus d’un rebondissement.

En bref, la nature n’aime pas le vide… L’obscurité non plus : Cécile Cabanac nous le montre et le démontre avec brio dans ce thriller sous haute tension, aussi dense que captivant !

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