Un roman noir historique, aussi captivant que poignant : “Norillag” de Céline Servat, paru en avril 2021 chez M+ éditions et désormais disponible au format poche chez le même éditeur.
Le pitch : La vie entière de Gustave repose sur un mensonge. Pour se reconstruire, il doit lever le voile sur le mystère de ses origines. Sa quête débute dans la période Stalinienne et plus précisément dans les Goulags de Sibérie. Gustave nous entraîne dans une course contre la montre, dont l’enjeu est essentiel : connaître son passé, donner un sens à son existence
Après Internato, Norillag est le deuxième tome d’une trilogie sur les dictatures et les recherches autour des origines.
C’est un peu par hasard, et surtout grâce aux Louves du Polar, que j’ai découvert la plume de Céline Servat. J’ai en effet eu la chance et le bonheur d’animer plusieurs lives l’an dernier, en partenariat avec le site BePolar, afin de soutenir ce collectif solidaire visant à mettre en lumière nos formidables autrices de littérature noire. Précisément quatre lives en compagnie de seize autrices, parmi lesquelles Céline Servat… Je me plongeais alors dans “Internato“, formidable premier roman de ce qui allait être une trilogie, poursuivie par “Norillag” et complétée par “Alambre“. Je me suis ensuite procurée “Norillag” quelques mois plus tard, à Iris Noir Bruxelles… Mais n’ai trouvé le temps de le lire que récemment, en vue des “Thermes Noirs“, remarquable salon où je savais retrouver l’autrice (et organisatrice !)… J’en ai donc profité pour me procurer “Alambre” afin d’être au complet !
Mais revenons-en à “Norillag“, voulez-vous ? A travers ce nouvel ouvrage, Céline Servat nous permet de retrouver Gustave et Nada, passionnants personnages que nous avions rencontrés dans “Internato“… Raison pour laquelle je vous conseille très fortement de bouquiner ces livres dans l’ordre, quand bien même chaque ouvrage peut se lire de façon indépendante : Ce serait gâcher, et des lecteurs passionnés comme vous et moi ne sauraient l’accepter !
C’est un bouquin bien différent que l’autrice nous propose ici… Tout en poursuivant sa quête des origines. Exit l’Argentine, c’est en Russie, à l’époque Stalinienne puis en RDA, que l’autrice nous emmène cette fois-ci. Car “Norillag” est le nom donné à un Goulag de Sibérie, et l’histoire de Gustave comme les carnets de Volodia nous y entraînent, moins pour le meilleur que pour le pire.
Si elle s’est incontestablement livrée à un remarquable travail de recherches et de documentation, l’autrice a su en distiller le fruit avec finesse et subtilité, mais surtout beaucoup d’émotions, au gré d’une intrigue fort bien construite et bigrement touchante.
Trois parties pour remonter le passé de Gustave en compagnie d’une petite galerie de personnages étoffés en substance, dotés d’un véritable supplément d’âme. C’est avec beaucoup d’intérêt qu’on les suit dans cet enfer dictatorial dont les exactions nous glacent… L’Histoire ne serait-elle qu’un éternel et dramatique recommencement ?
C’est si bien retranscrit qu’on revit cette terrible époque aux côtés de ces protagonistes, avant de revenir au présent pour enfin tout comprendre, ceci grâce à une plume fluide et agréable, mais aussi plus mûre, plus mature et affirmée, qui nous permet d’enchaîner les chapitres sans jamais voir le temps passer.
En bref, c’est avec plaisir et émotion que j’ai découvert ce nouveau pan de l’histoire de Gustave à travers une intrigue prenante et enrichissante, sombre et pourtant pleine d’espoir, orchestrée avec précision par une autrice sacrément inspirée. Il me tarde à présent de découvrir où et comment va se poursuivre l’aventure avec “Alambre“.