Alors que décembre s’annonce évidemment festif, il nous faut d’abord parler de novembre… Certes maussade sur bien des aspects… Mais certainement pas sur le plan littéraire ! Ainsi le Club de Lecture n’a pas manqué d’enthousiasme et nous a concocté un véritable festin de lectures primées ! En effet le thème qui nous réunissait ce mois-ci était le suivant :
L’automne, c’est la saison des prix littéraires… Allons piocher parmi les nombreux lauréats pour bouquiner !
Si nous avons tout de même deux abandons à déplorer pour cause de planning overbooké, c’est à 21 lecteurs que nous sommes partis à la découverte des Prix littéraires et de leurs heureux lauréats pour un bilan absolument passionnant… Et de belles suggestions de cadeaux livresques pour les fêtes ! Bonne lecture !
L’idée lecture de Camille :
Syngué Sabour : Pierrre de patience – Atiq Rahimi (P.O.L. / Folio)
Prix Goncourt 2008
« Cette pierre que tu poses devant toi… Devant laquelle tu te lamentes sur tous tes malheurs, toutes tes misères… A qui tu confies tout ce que tu as sur le cœur et que tu n’oses pas révéler aux autres… Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t’écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate. Elle tombe en miettes. Et ce jour-là, tu es délivré de toutes tes souffrances, de toutes tes peines… Comment appelle-t-on cette pierre ? » En Afghanistan peut-être ou ailleurs, une femme veille son mari blessé. Au fond, ils ne se connaissent pas. Les heures et les jours passent tandis que la guerre approche. Et la langue de la femme se délie, tisse le récit d’une vie d’humiliations, dans l’espoir d’une possible rédemption.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai sélectionné ce livre parce qu’il m’avait été prêté et recommandé, et qu’en plus il rentre pile dans le thème de ce mois puisqu’il s’agit du prix Goncourt 2008.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Cette lecture, qu’on peut aisément situer en temps de guerre en Afghanistan, peut se passer dans n’importe quel pays en situation difficile. Il s’agit là d’un huis-clos, physique et psychologique. L’essentiel de ce roman se passe dans la chambre maritale entre un homme, son épouse et la conscience de celle-ci.
Dans un pays qu’on suppose à feu et à sang est posée la question, ô combien encore d’actualité, de la condition de la Femme. La Femme que certains voudraient voir soumise, l’est-elle tant que cela ? Ses décisions et actions peuvent avoir des répercussions salvatrices et inattendues.
Se pose aussi la question de la gestion des émotions, c’est le propre de l’être humain d’avoir une limite aux émotions diverses qu’il peut gérer. On a tous et chacun ce besoin de « déverser le trop plein ». D’où la nécessité d’une âme, quelle qu’elle soit, pour recueillir ces sentiments.
Pour finir : une belle lecture.
L’idée lecture de Geneviève :
Les âmes féroces – Marie Vingtras (Editions de l’Olivier)
Prix du Roman FNAC 2024
Leo n’est pas rentrée et le printemps s’entête dans sa douceur. Leo ne reviendra pas. La shérif Lauren Hobler découvre son corps au milieu des iris sauvages. Autour de la mort soudaine d’une jeune fille, Les Âmes féroces tisse plusieurs destinées. Pour élucider un mystère, mais lequel ? Celui de Leo, peut-être, et de ses silences. Celui de Lauren, coincée dans une petite ville qui ne la prend pas au sérieux. Il y a aussi Benjamin, Seth et les autres… Les gens de Mercy, qui pensent tous se connaître et en savent si peu sur eux-mêmes.
Envoûtant, surprenant et d’une grande ampleur romanesque, Les  mes féroces traque la part d’ombre de chacun.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Quelle belle idée que le thème du club de lecture de novembre ! En effet, plusieurs prix littéraires patientent dans ma PAL. Dilemme ! Lequel choisir ? Compte tenu de l’humeur du moment, j’ai opté pour le plus récent, à savoir « les âmes féroces » de Marie Vingtras. Ce sera l’occasion de découvrir cette autrice.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Direction Mercy, petite ville rurale américaine où il ne se passe (vraiment) jamais rien et où tous les habitants semblent se connaître. Or un jour, Leo – une jeune adolescente – disparaît. Alors débute l’enquête. La mort de Leo va dérouter tout le monde. Une petite ville si tranquille… Mais chacun a ses propres secrets, ressentiments, envies et regrets.
Écrit à la première personne, ce roman structuré autour des 4 saisons dévoile les pensées de Lauren, Benjamin, Emmy et Seth, respectivement shérif, professeur de lycée, meilleure amie et père de Leo. J’ai apprécié ce roman à l’intrigue efficace, avec une écriture rythmée qui va crescendo jusqu’au dénouement final.
Moment de lecture très agréable.
L’idée lecture d’Ingrid :
La Ballerine de Kiev – Stéphanie Perez (Récamier)
Prix Talent Cultura 2024
Février 2022, comme toute l’Ukraine, aux premiers jours du conflit, les danseurs du ballet de l’Opéra national de Kiev sont happés par la guerre. Dmytro, danseur étoile, s’engage dans l’armée sans hésiter. Une fois la terreur dépassée, Svitlana, sa femme également étoile, devient secouriste. Eux qui menaient une existence centrée sur leur corps et leur art découvrent la solidarité, la résistance, mais aussi la peur et la mort. Les corps parfaits sont mutilés, les amitiés qui semblaient solides sont brisées par la trahison.
La guerre bouleverse les certitudes et pousse à faire des choix impossibles. Comment remonter sur scène ? Danser a-t-il encore du sens face à la barbarie ? L’art est-il un moyen de résister et de se reconstruire ? Une seule certitude : Svitlana ne dansera plus jamais comme avant…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Ce roman est le Prix Talent Cultura 2024, et il me faisait de l’œil depuis quelques temps.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Ukraine février 2022, la vie de Svitlana et de son mari Dmytro, danseurs de l’opéra national de Kiev, bascule. En une nuit, leur quotidien sombre dans l’horreur, le bruit des bombes, l’angoisse et la peur. Dmytro décide de partir au combat et échange ses ballerines contre une kalachnikov tandis que sa femme devient secouriste, car danser entre les morts a t-il encore un sens ? L’art peut-il aider les plus fragiles ?
Au travers leur histoire, on partage leurs instants d’amitié, de solidarité, d’abnégation mais aussi de résistance. Une belle leçon de courage, de résilience et de liberté. Un roman mélangeant l’art, la culture et l’histoire. Bref, je vous le conseille vivement !
L’idée lecture de Margaux :
Le Moineau de Dieu – Mary Doria Russell (ActuSF / Pocket)
Prix John Wood Campbell Memorial 1997 – Prix British Science Fiction du meilleur roman 1997 – Prix Arthur C. Clarke 1998 – Prix Otherwise 1998
2019, un signal musical est capté par la Terre. Pendant que l’ONU palabre sans fin, la Compagnie de Jésus a déjà trouvé les financements et mis sur pied son expédition. À son bord, des athées et des jésuites, dont Emilio Sandoz, jeune prêtre et brillant linguiste, pour un voyage d’exploration vers la planète Rakhat et ses habitants.
2059, Emilio Sandoz, mutique, les mains mutilées et marqué du sceau de l’infamie, est le seul rescapé de la mission. Sur Rakhat, il aurait tué et se serait prostitué. Qu’a-t-il donc pu se passer pour que la mission tourne si mal ?
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai décidé de prendre la thématique du Prix au sens large et j’ai donc puisé dans mes lectures passées et en cours. De prime abord, mon choix ne s’était pas porté sur celui dont je vais vous parler, mais c’est en faisant quelques recherches sur ma lecture actuelle que j’ai décidé qu’il fallait que je le choisisse pour le Club de lecture du mois. « Le Moineau de Dieu » est le premier roman de Mary Doria Russell. Et quel roman. Il a reçu pas moins de quatre prix dont le Prix British du meilleur roman de science-fiction.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Faire un résumé du « Moineau de Dieu », c’est un peu comme un Kamoulox. Ça commence par un prêtre jésuite qui revient mutilé de mission spatiale après avoir rencontré une nouvelle civilisation, et qui confesse directement s’être prostitué et avoir tué un enfant. J’étais très intriguée par les retours plus que positifs de ce roman que je n’aurais probablement jamais choisi seule. Et pourtant. Je pense qu’il s’agit de mon coup de foudre littéraire de l’année et il vient facilement se hisser parmi mon top cinq de mes romans préférés. Pourquoi ? Pour la plume déjà, Mary Doria Russell dissèque les mots, nous propose une plongée immersive dans la psychologie de chacun de ses personnages, prenant son temps pour installer son ambiance pour mieux nous prendre à la gorge ensuite. Pour les thématiques ensuite. Théologie, anthropologie et linguistique, ce roman – malgré son caractère purement fictionnel – nous interroge sur notre rapport au monde, à notre culture et revêt un caractère universitaire. J’ai tellement appris de ce roman, de ses personnages. Ce n’est pas un roman que je recommanderai à tout le monde. La mission spatiale ne commence qu’à la fin du premier tiers du roman, c’est un livre qui pose d’abord une ambiance, qui décortique ses personnages avant de proposer réellement une action. Mais cela n’en fait pas pour autant un roman ennuyeux, c’est un véritable pavé que je qualifierai aisément de page-turner. Donc si vous êtes adeptes de romans profonds, intellectuellement stimulants avec une histoire sombre, foncez !
L’idée lecture de Lucile :
Le Paris des Merveilles (Tome 2) : L’Elixir d’Oubli – Pierre Pevel (Bragelonne)
Prix des Imaginales 2005
Paris, 1909. À peine remis de sa précédente enquête, Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, se retrouve mêlé à une bien étrange affaire, dont les ramifications pourraient remonter à plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’années. Secondé – plus ou moins – par la baronne Isabel de Saint-Gil, Griffont va devoir affronter bien des dangers. Mais il se pourrait que ce soit l’avenir de notre monde et de l’Outre Monde, lui-même, rien moins, qui soit en jeu. Cela justifie bien de se replonger dans son passé, voire de mettre sa propre vie en péril.
Deuxième tome du Paris des merveilles, trilogie steampunk aussi drôle qu’érudite, L’Elixir d’Oubli a reçu le prix Imaginales en 2005.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Ils sont quand même rares, les auteurs français, qui écrivent de l’héroïc fantasy, et en plus de cette qualité. Le premier tome m’avait déjà emballée, alors j’ai dévoré le deuxième… Et il y en a un troisième ! Paris à la Belle époque, et avec des fées et autres créatures mythiques – Coucou le rappel au « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare – et je suis totalement éprise. La couverture a aussi joué un petit rôle puisque mon édition était magnifique avec une magnifique fée. C’était le destin que ce livre colle autant au thème.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Complétement enchanteur ! Je ne pouvais plus le lâcher ! Tout aussi surprise que pour le premier, j’ai adoré le développement des personnages et l’approfondissement des relations. Et j’ai également été surprise par l’auteur qui m’a emmené sur des chemins du fantastique auxquels je n’avais encore jamais accédé. Tout en gardant un monde bien structuré et les mécanismes classiques de la littérature d’héroïc fantasy, il arrive à faire quelque chose de complément nouveau. Une pépite, à découvrir dans son intégralité !
L’idée lecture de Nathalie :
Jacaranda – Gaël Faye (Grasset)
Prix Renaudot 2024
Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? « Jacaranda » a croisé la route de plusieurs lectrices à qui je fais confiance et qui m’ont décidée à l’acquérir, avant même qu’il apparaisse dans diverses sélections prestigieuses. Apprendre qu’il avait remporté le Prix Renaudot 2024 m’a immédiatement fait le sortir de ma PAL et confirmer, dans les cinq minutes qui ont suivi l’annonce, qu’il serait mon choix de novembre pour ce rendez-vous incontournable de la gazette !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? J’ai fait un saut hors de ma zone de confort avec ce livre, pour suivre Milan, métis français qui ne sait pas grand-chose de l’origine de sa mère, rwandaise. À l’adolescence, le petit monde de Milan éclate tandis que ses parents divorcent. Bouillonnant de colère, il accompagne pourtant sa mère pour un bref voyage au Rwanda. Et alors qu’il pense revenir sur les traces de son histoire familiale, Milan comprend que cette famille est toujours là et qu’il en ignorait tout. Il se découvre une famille, donc, mais perd encore un peu plus sa mère, toujours aussi mutique. Et il rencontre Stella, à l’aube de sa vie, mais qui porte déjà le poids d’une histoire nationale lourde et d’une histoire familiale tragique. Au silence de cette mère s’oppose les innombrables souvenirs que Stella entend de sa grand-mère. Entre ces histoires, un arbre, un jacaranda. C’est l’abri de Stella, sa cachette. Ce jacaranda est l’écrin de ses pensées et le gardien de ses émotions. Et à travers leurs yeux, le lecteur découvre le Rwanda et son histoire. Des années de souffrance et de destins brisés pour une question d’identification ! On ne refera pas l’histoire ici, mais au travers des rencontres de Milan, on envisage l’horreur que l’officialisation d’une différence, qui n’existe en réalité pas, a provoquée.
Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est la délicatesse avec laquelle tout est livré. Victimes ou bourreaux, souffrance ou pardon, tout est dit sobrement. Et à l’exubérance que l’opinion prête habituellement à l’Afrique s’oppose cette histoire qui a marqué tant de générations et que les anciens s’efforcent de continuer à raconter. Car c’est bien connu, les humains ont bel et bien la mémoire courte… Et les Rwandais en ont déjà largement fait les frais. Et voilà comment un pas hors de ma zone de confort m’a procuré de superbes émotions littéraires…
L’idée lecture d’Elodie :
Bakhita – Véronique Olmi (Albin Michel / Livre de Poche)
Prix du Roman FNAC 2017
Enlevée à sept ans dans son village du Darfour, Bakhita a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion. Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte. Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Il fallait choisir un livre récompensé par un Prix littéraire, et Véronique Olmi a été lauréate du Prix FNAC en 2017 avec ce très beau roman.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Un coup de cœur pour ce livre qui relate la vie de Bakhita, razziée dans son petit village Soudanais alors qu’elle n’est qu’une enfant, pour devenir esclave au service des pires êtres humains. Bakhita signifie chanceuse, et sa chance viendra du rachat de sa personne par un consul italien. En Italie, elle sera affranchie et se consacrera à Dieu et aux autres.
Une personnalité qui force l’admiration par sa bonté et sa résilience malgré les épreuves de la vie, et qui ne peut définitivement pas laisser indifférent.
L’idée lecture de Nelly :
Le Fantôme de Suzanne Fougères – Marie Desplechin (ActuSF)
Prix de la Grande Ourse 2020
Cette voix qui chuchote à son oreille, Inès est seule à l’entendre. Pourtant, elle en est sûre, elle n’est pas folle. Alors, plutôt que d’avoir peur, elle décide de rencontrer la créature qui lui parle. Elle est loin de s’attendre à ce qu’elle va découvrir…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Marie Desplechin a reçu le prestigieux Prix de La Grande Ourse au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil pour l’ensemble de son œuvre en 2020. Et le titre que j’ai choisi dans sa bibliographie est un livre de saison, l’automne, puisque l’action se déroule pendant les vacances de la Toussaint.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Malgré ce que la jolie couverture peut suggérer, ce livre n’est pas un triller jeunesse. Le fantôme, bien qu’esseulé et pas toujours maitre de ses émotions, n’est pas agressif. L’autrice nous propose donc une histoire d’amitié, où la fillette et le spectre vont devoir s’apprivoiser, apprendre à se comprendre et s’entraider.
Le récit sera aussi l’occasion d’aborder des notions d’histoire avec la Première guerre mondiale et l’épidémie de grippe espagnole.
Une belle découverte.
L’idée lecture de Callie :
L’archipel d’une autre vie – Andreï Makine (Seuil / Points)
Prix des Lauriers Verts – Rentrée 2016
Aux confins de l’Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s’étendent des terres qui paraissent échapper à l’Histoire… Qui est donc ce criminel aux multiples visages que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer à travers l’immensité de la taïga ? Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Et le Prix Les Lauriers Verts – Rentrée 2016 est décerné à… Andreï Makine pour « L’archipel d’une autre vie » !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? D’une grande qualité narrative, ce roman m’a emmenée dans son récit au cœur de la Sibérie des années 1950. Il est question d’une chasse à l’homme dans la taïga où la noirceur humaine se mêle à l’hostilité de la nature.
Le suspense s’installe. Petit à petit, la violence laisse place au désir de liberté. L’errance des personnages m’a donné l’impression d’être dans un conte. De la noirceur éclate une bulle de bonheur qui n’est jamais de longue durée. Ce roman ne se raconte pas, il se lit/vit.
L’idée lecture de Roseline :
La plus secrète mémoire des hommes – Mohamed Mbougar Sarr (Philippe Rey-Jimsaan / Livre de Poche)
Prix Goncourt 2021
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938, Le Labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, T.C. Elimane, disparu depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Fasciné, Diégane se lance sur la piste de celui qu’on surnommait le « Rimbaud nègre ». Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?
Tout en menant cette quête qui l’accapare, Diégane, fréquente un groupe d’auteurs africains en exil, et rencontre deux femmes remarquables : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai choisi de relire ce roman, que j’avais lu à sa sortie dans le cadre d’une lecture commune sur ton blog avant même qu’il ne soit récompensé par ce prix, car il est exceptionnel. Dès le départ, ce roman m’a subjuguée, il s’inspire d’un auteur ayant réellement existé. Dans cet ouvrage Mohamed Mbougar Sarr est romanesque, talentueux, il écrit prodigieusement bien, ces références littéraires sont époustouflantes, il nous fait voyager sur les traces d’un chef d’œuvre.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Isarien d’adoption, cet écrivain qui habite près de chez moi était déjà bourré de talent avant d’être récompensé par ce Prix. Si j’ai déjà un peu répondu à cette question précédemment, ce roman s’est révélé pour moi être une bombe qui nous emmène de Dakar à Paris sans oublier l’Argentine et la Hollande. Nous vivons aussi bien le colonialisme que le nazisme, mais Mohamed Mbougar Sarr est bouleversant, il joue avec les mots comme un musicien avec les notes de musique, c’est un chef d’œuvre. J’admets qu’il soit exigeant tant la langue est soignée, mais vous découvrirez un vrai jeune écrivain talentueux si vous le lisez !
L’idée lecture de Maud :
La petite rouge – Benjamin Pascal (Les nouveaux auteurs / Pocket)
Prix Suspense Ça Histoire 2023
Le lieutenant Rocca va devoir se surpasser pour mener de front une enquête sur la disparition d’une adolescente et son rôle de papa débordé…
Lorsqu’une gamine de treize ans disparaît, et qu’un chasseur du dimanche retrouve un pied tranché en pleine forêt, le lieutenant Rocca, policier borderline mais investi, décide d’aider son ancienne partenaire en charge de l’enquête. Même s’il vient de se faire muter derrière un bureau pour être plus présent à la maison. Même si la nounou s’est fait la malle et qu’il doit s’occuper de son bébé. Même s’il est sous le coup d’une enquête de l’IGPN parce qu’il a fait la connerie de trop. Parce que le Monstre de l’Oise n’est peut-être pas qu’une chimère inventée par les journaux. Parce que cette affaire rappelle trop de souvenirs douloureux…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? « La petite rouge » de Benjamin Pascal. Ce roman a eu le Prix suspense Ça Histoire 2023. En toute honnêteté, j’étais partie pour lire un Prix Goncourt, mais je n’arrivais pas à m’y mettre car il ne me disait rien… Et lors d’un passage dans un salon près de chez moi, la couverture de « La petite rouge » m’a appelée. Quand j’ai vu qu’il a avait été lauréat d’un prix, bingo ! Je l’ai pris et commencé dès le soir même !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? « La petite Rouge », lauréat du Prix Suspense, est un roman qui m’a captivé dès les premières pages. Impossible de le lâcher tant le suspense est palpable. L’intrigue commence avec la disparition d’une jeune fille de treize ans, et nous suivons un policier au passé complexe, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Fraîchement père, il est rapidement touché par cette affaire, ce qui nous entraîne dans une chasse à l’homme haletante.
L’auteur parvient à créer une tension constante, entre rebondissements imprévisibles et twists surprenants. Chaque chapitre est un crescendo de suspense, rendant la lecture totalement addictive. À travers ce policier attachant, on explore les thèmes de résilience et de quête de justice, le tout porté par une écriture vive et immersive.
« La Petite Rouge » est plus qu’un simple thriller, c’est une expérience littéraire qui vous tiendra en haleine du début à la fin. Une lecture incontournable pour les amateurs de suspense palpitant.
L’idée lecture d’Aurore J. :
La carte postale – Anne Berest (Grasset / Livre de Poche)
Grand Prix des Lectrice Elle 2022 – Prix Renaudot des Lycéens 2021
La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de vœux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Je ne choisis jamais un livre pour les prix qu’il a reçus. Aussi, quand le thème du mois a été annoncé, je ne savais pas si j’avais un livre qui pouvait convenir dans ma PAL. Pourtant j’ai assez rapidement redécouvert ce livre qui a obtenu plusieurs prix – Prix Renaudot des lycéens 2021, Grand Prix des blogueurs littéraires 2021, Prix Goncourt – choix des Etats Unis – 2022 et Grand prix des lectrices Elle 2022). Je devais le lire depuis longtemps et il m’avait été plusieurs fois recommandé.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Ce livre est l’histoire vraie d’une famille sur cinq générations, l’histoire d’une famille marquée par l’Histoire, l’histoire enfouie d’une famille. L’auteure et sa mère ont fait un gros travail d’enquête à partir d’une carte postale pour découvrir le périple de leur famille à travers l’Europe au cours du XXème siècle et des horreurs qu’elle a connues. La plume est fluide et agréable à lire malgré le sujet. Il ne se contente pas de raconter l’Histoire, il ajoute aussi les conséquences de cette Histoire sur les générations futures. Il fait réfléchir au travail de mémoire, à la répétition des événements.
L’idée lecture d’Iris :
Ce que je sais de toi – Eric Chacour (Philippe Rey)
Prix Femina des lycéens 2023 – Prix des libraires 2024
Le Caire, années 1980. La vie bien rangée de Tarek est devenue un carcan. Jeune médecin ayant repris le cabinet médical de son père, il partage son existence entre un métier prenant et le quotidien familial où se côtoient une discrète femme aimante, une matriarche autoritaire follement éprise de la France, une sœur confidente et la domestique, gardienne des secrets familiaux. L’ouverture par Tarek d’un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam est une bouffée d’oxygène, une reconnexion nécessaire au sens de son travail. Jusqu’au jour où une surprenante amitié naît entre lui et un habitant du lieu, Ali, qu’il va prendre sous son aile. Comment celui qui n’a rien peut-il apporter autant à celui qui semble déjà tout avoir ? Un vent de liberté ne tarde pas à ébranler les certitudes de Tarek et bouleverse sa vie.
Premier roman servi par une écriture ciselée, empreint d’humour, de sensualité et de délicatesse, Ce que je sais de toi entraîne le lecteur dans la communauté levantine d’un Caire bouillonnant, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000. Au fil de dévoilements successifs distillés avec brio par une audacieuse narration, il décrit un clan déchiré, une société en pleine transformation, et le destin émouvant d’un homme en quête de sa vérité.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Notamment parce que ce roman a remporté le Prix Femina des lycéens en 2023, ainsi que le Prix des libraires et le Prix des cinq continents de la francophonie, mais aussi parce qu’il était dans la sélection d’un Bookclub dont je suis membre et que c’était celui qui me tentait le plus. Je n’ai pas été déçue !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Éric Chacour nous offre un premier roman d’une finesse remarquable, qui explore avec beaucoup de sensibilité les thèmes de l’identité, de l’héritage et de la quête de soi. Ce récit nous entraîne au Caire, dans les années 1980, où Tarek, jeune médecin issu d’une famille levantine chrétienne, semble suivre le destin tracé pour lui. Fidèle aux attentes familiales et sociales, il reprend le cabinet de son père, épouse une femme de son milieu, et embrasse une vie tranquille. Pourtant, lorsqu’il rencontre Ali, un jeune homme à la vie tourmentée, son univers bascule.
À travers un style d’une grande délicatesse, Chacour dépeint un Caire vibrant et complexe, marqué par ses contradictions et ses attentes sociales rigides. Le récit, partagé en trois parties, « Moi », « Toi » et « Nous », nous fait voyager entre les époques et les lieux. Il nous emmène dans une Égypte où la tradition et le rigorisme religieux, venu d’autres pays, se heurtent à toute transgression et à cette nouvelle génération éprise de liberté.
L’auteur maitrise habilement le suspense de son récit, en nous offrant quelques petits plot twists que je n’ai pas vu venir. Son écriture est évocatrice et pudique, elle laisse deviner les souffrances intérieures de ses personnages, sans jamais tomber dans le pathos.
Ce roman est à la fois un portrait touchant d’un homme en quête de lui-même et une fresque familiale qui explore les tensions entre devoir et désir, tradition et émancipation. Par son écriture à la fois simple et ciselée, Chacour capte l’essence du déchirement provoqué par les secrets et le poids du silence.
Ce premier roman nous laisse entrevoir le talent d’un auteur profondément humain et prometteur. Ce livre me tentait depuis sa sortie et je suis très heureuse de cette belle découverte, que je vous invite à découvrir à votre tour. Nul doute que cette histoire, toute en pudeur, saura vous toucher.
L’idée lecture d’Aurore B. :
La colère d’Izanagi – Cyril Carrière (Denoël)
Prix du Salon Noir sur Ormesson 2024
Tokyo. Un incendie criminel ravage le cœur de l’un des plus grands quartiers d’affaires au monde. L’enquête est confiée à Hayato Ishida, flic prodige mais solitaire qui tente de se reconstruire en marge de la Crim. Il est rejoint par Noémie Legrand, Franco-Japonaise décidée à briser les chaînes d’un quotidien frustrant. Sur leur chemin, un couple d’étudiants dans le besoin, à la merci d’une communauté où solidarité rime avec danger. Et, tapi dans l’ombre, celui qui se fait appeler Izanagi, bien décidé à mettre son plan destructeur à exécution. Avec un art consommé du suspense et une construction d’orfèvre, Cyril Carrère tisse une intrigue captivante dans un Japon sombre et contemporain.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Est-ce que tu m’as laissé le choix ? A Ormesson, tu m’as littéralement mis « La colère d’Izanagi » entre les mains en me disant qu’il fallait absolument que je le lise et qu’en plus c’était une lecture parfaite pour le Club de lecture de ce mois-ci puisqu’il venait de recevoir le Prix Noir sur Ormesson 2024. J’avoue, tu connais bien mes goûts littéraires et je te fais confiance pour les recommandations.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Dès les premières pages, j’ai été séduite par la plume de Cyril Carrère. Son écriture est très visuelle, l’intrigue très bien construite et le suspense insoutenable ! A chaque fin de chapitre, on ne peut s’empêcher de tourner la page pour connaître la suite, ce qui, d’ailleurs, m’a clouée une journée dans mon canapé pour le lire. A travers l’histoire de « La colère d’Izanagi », l’auteur nous décrit un Japon vrai loin des stéréotypes touristiques des reportages.
Au fil des chapitres, le suspense grandit, la tension devient de plus en plus palpable jusqu’à une cinquantaine de pages avant la fin où l’auteur nous révèle un élément qui nous éclaire sur tout le roman. Ce twist magistral est une véritable claque et je pense que personne ne peut le voir venir. Je n’avais pas eu de coup de cœur pour un polar depuis un long moment mais « La colère d’Izanagi » est sans aucun doute, l’un de mes plus gros coups de cœur de cette année.
L’idée lecture de Jonathan :
Les Guerriers de l’Hiver – Olivier Norek (Michel Lafon)
Prix Le Mans Antoine de Saint Exupéry 2024 – Prix Jean Giono 2024 – Prix Renaudot des Lycéens 2024
« Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.
– Je ne parle pas leur langue, camarade.
– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination… Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. »
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Je participe rarement au Club de Lecture car je ne suis pas un grand lecteur. Je ne me considère même pas comme un lecteur d’ailleurs. Mais quand on te connaît, on est obligé de lire au moins un bouquin de ton « Auteur Chouchou ». J’aime l’Histoire et ce roman a déjà reçu de nombreux prix cette année. C’était l’occasion de participer.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? S’il s’agit bien d’une histoire vraie, c’est incontestablement la dimension romanesque qui l’emporte. Il se dévore comme le plus haletant des thrillers, on enchaîne les chapitres pour savoir ce qu’il va se passer, et ce avec beaucoup d’engouement et d’intérêt alors qu’il suffit de jeter un œil sur Wikipédia pour se renseigner en quelques secondes… Et aucun enthousiasme. Alors non, on lit ce roman, on en vit chaque page et chaque instant, évidemment du côté finlandais avec Simo et toute son unité, sans oublier les Russes qui ont surtout subi les ordres et la folie de leurs dirigeants. C’est passionnant et je comprends ton soutien sans faille à cet auteur. Bravo à lui !
L’idée lecture de Julie :
In Waves – A.J. Dungo (Casterman)
Prix BD FNAC France Inter 2020
Avec beaucoup de finesse et de pudeur, AJ Dungo, immortalise les instants de grâce de sa relation avec Kristen. La légèreté et l’émotion des premières rencontres, la violence du combat contre la maladie, la noblesse de la jeune femme qui se bat avec calme. Il évoque en parallèle leur passion commune pour le surf, l’océan. Et évite très justement l’écueil du pathos en intercalant dans son récit personnel, un petit précis d’histoire du surf.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Je m’intéresse assez peu aux Prix littéraires. Mais étant aussi assidue au Club de Lecture, j’ai voulu jouer le jeu, tout en sortant un peu de mes lectures habituelles. Je me souviens avoir beaucoup entendu parler de cette BD que je qualifierais plutôt de roman graphique à sa sortie et, si je n’en ai pas retrouvé trace, il me semble qu’il était aussi dans les sélections du prestigieux Festival BD d’Angoulême. Mais il a surtout reçu le Prix BD FNAC France Inter 2020, ce qui m’a permis de m’y plonger pour le Club de Lecture de ce mois.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Si je me doutais que cette lecture serait touchante, je ne m’attendais pas à être emportée dans un tel tourbillon d’émotions. Un roman graphique (je maintiens !) aux deux couleurs, celle de la maladie que l’auteur et sa compagne affrontent ensemble, et celle de leur passion commune pour le surf. C’est tellement beau, tellement vibrant d’humanité, de sincérité, d’authenticité, d’amour et de résilience… Qu’on en ressort bouleversé. Merci pour cette belle découverte !
L’idée lecture de Hamida :
Madelaine avant l’aube – Sandrine Collette (JC Lattès)
Prix Goncourt des Lycéens 2024
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Tu m’en veux si je te dis que j’ai triché… ? Raison pour laquelle je t’ai envoyé mon retour aussi tard, même si je suis coutumière du fait ! Je ne suis pas vraiment adepte des Prix littéraires, ou disons plutôt que ce n’est pas parce qu’un roman a reçu un prix que cela va me pousser à le lire. Sauf que je suis une fervente lectrice de Sandrine Collette, qu’elle était en lice pour différentes distinctions et que je voulais A TOUT PRIX (c’est le cas de le dire ^^) qu’elle fasse partie des heureux lauréats cette année. Il aura fallu attendre le 28 novembre – je commençais d’ailleurs à désespérer, me préparant déjà à t’avouer mon pari fou avant de te livrer une chronique sur l’un de ses précédents ouvrages… – et puis le Prix Goncourt des lycéens a été décerné : Champagne !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Fidèle à ses habitudes d’écriture, Sandrine Collette nous offre un roman tout en noirceur et pourtant incroyablement lumineux. Un roman rural aussi, qui fait également la part belle à la nature, dans la lignée des Franck Bouysse et Cécile Coulon. C’est en cela que Sandrine Collette est exceptionnelle : Parce qu’elle sait se renouveler sans cesse tout en étant toujours reconnaissable avec des sujets de prédilection.
Je n’ai pas envie de vous parler du fond de ce roman, tout à la fois intense et immersif, puissant aussi. Je vais plutôt vous laisser accéder aux Montées par vous-même, faire la rencontre de la jeune Madelaine et de tous les personnages qui vont vous faire vivre une histoire terriblement dure et sans concession mais captivante. Un roman magistral !
L’idée lecture d’Aurélie :
La Serpe – Philippe Jaenada (Julliard / Points)
Prix Femina 2017
Un matin de 1941, au château d’Escoire, Henri Girard appelle à l’aide : son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à la serpe. Unique survivant et unique héritier, il est le suspect numéro un. Au terme d’un procès retentissant il sera pourtant acquitté. Il deviendra un écrivain célèbre et mènera une vie d’aventurier. L’énigme restera irrésolue. Jusqu’à ce que Jaenada se penche sur la question…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Les idées ne manquaient pas pour ce Club de lecture… Et pourtant je n’ai pas hésité un seul instant quant à mon choix ! Pourquoi, donc, puisque telle est la question ? Parce que j’ai la chance, l’honneur et l’immense plaisir d’animer un grand entretien avec Philippe Jaenada début décembre au Salon du livre de Boulogne Billancourt. Je le savais lauréat du Prix Femina pour ce roman… Me voici maintenant prête à vous en parler !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? C’est en démarrant cette lecture que je fais connaissance avec l’auteur. Je veux dire VRAIMENT connaissance. Parce qu’il est un remarquable conteur qui nous embarque véritablement dans sa voiture pour l’accompagner durant toute son enquête. On ne lit pas cet ouvrage, on « l’écoute ». Je veux dire par là que la plume de Philippe Jaenada a ce je ne sais quoi d’envoûtant et magnétique qui nous procure cette incroyable impression de l’écouter nous raconter cette histoire autour d’un verre (de whisky ^^). Une impression renforcée encore par les innombrables digressions dont il nous régale à chaque page. Cela rend incontestablement cette lecture immersive… Pour ne pas dire confidentielle : Parce que l’auteur est dans le partage avec nous, de la première à la dernière ligne.
Alors on pourrait se dire que ces digressions alourdissent un texte déjà riche et conséquent… Ce n’est pas complètement faux, toutefois je ne suis pas certaine qu’on pourrait s’en passer, tant elles ont ce pouvoir d’alléger l’atmosphère, d’éclaircir ce récit d’une profonde noirceur. Car n’oublions pas le fond de cette enquête romanesque : Un triple homicide d’une rare violence commis dans un château du Périgord pendant l’Occupation, en octobre 1941. Une affaire dont l’auteur a remonté le fil pour mener de minutieuses investigations afin de comprendre comment et pourquoi Henri Girard (qu’on connaîtra plus tard sous le nom de Georges Arnaud pour être l’auteur du « Salaire de la Peur », adapté au cinéma par Henri-Georges Clouzot), principal suspect et coupable idéal aux yeux de tous à l’époque des faits, s’est pourtant vu acquitter lors d’un retentissant procès. L’auteur prend le temps et donne de sa personne pour reprendre chaque élément et nous apporter un tout autre éclairage sur cette affaire tandis qu’il nous (re)dresse le portrait de l’accusé, personnage sulfureux s’il en est, qui connaîtra mille vies et un destin lui-même digne d’un roman. Et c’est passionnant.
L’idée lecture de Sarah :
Rouille – Floriane Soulas (Scrineo / Pocket)
Prix ActuSF de l’Uchronie 2018 – Prix Imaginales des Lycéens 2019 – Prix Chrysalis – European Society of Science-Fiction 2019
1897, Paris. Violante est amnésique. Elle ne sait plus qui elle est, ni d’où elle vient. Ses uniques indices sont son pendentif, fait d’une étrange gemme, et son prénom. Placée dans une maison close, Les Jardins Mécaniques, elle devient Duchesse, la plus courue des prostituées, dont s’entiche le comte de Vaulnay, énigmatique promoteur ayant fait fortune sur la lune. Lors d’une escapade pour percer le secret de son identité, elle retrouve sa seule amie morte, atrocement mutilée. Elle s’aperçoit vite qu’elle est la dernière d’une série de prostituées ou d’enfants des rues dont les cadavres n’intéressent personne. La police ne semble pas même se préoccuper de cette nouvelle drogue, la rouille, qui fait rage dans les bas-fonds de la capitale. Il ne reste à Violante qu’à mener sa propre enquête.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Peu cliente des prix littéraires dit classiques, c’est vers les mondes fantastiques et fantaisistes que se tourne mon regard, et « Rouille » premier roman de Floriane Soulas dont j’avais adoré une autre œuvre (« Les noces de la renarde » pour ne pas la citer ^^) a remporté le Prix Imaginales des lycéens de 2018, il remplit de fait tous les critères.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Je n’ai pas aimé ce livre… Je l’ai adoré ! L’univers steampunk créé par l’autrice est une pure merveille du genre et l’intrigue est très habilement construite. Les personnages sont tout autant attachants que pertinents et l’on se prend d’intérêt pour les péripéties de l’héroïne, amnésique, qui semble avoir un don pour se mettre dans des ennuis bien plus gros qu’elle. Tout est impeccablement maîtrisé du début à la fin et il est impossible de s’ennuyer un seul instant tant l’autrice sait se renouveler. La plume est aussi fluide qu’inspirée et l’intrigue nous offre une conclusion qui a le mérite de résoudre tout à la fois l’intégralité des interrogations et d’offrir des perspectives ouvertes.
L’idée lecture de Franck :
Impossible adieux – Han Kang (Grasset)
Prix Nobel de Littérature 2024 – Prix Médicis Étranger 2023
Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d’un an, lorsqu’elles avaient passé quelques jours ensemble sur l’île de Jeju. C’est là que réside Inseon et que, l’avant-veille de ces retrouvailles, elle s’est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l’ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu’elle puisse être opérée de toute urgence. L’intervention s’est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais le perroquet blanc d’Inseon n’a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d’ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l’animal.
Malheureusement, une tempête de neige s’abat sur l’île à l’arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l’oiseau d’Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l’enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu’un cauchemar bien pire l’attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l’histoire de la famille d’Inseon a envahi la bâtisse qu’elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l’un des pires massacres que la Corée ait connu – 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Parce qu’ils parlaient de cette écrivaine dans la presse littéraire et que j’avais ce dernier titre dans ma PAL. La Gazette et le Club : Double opportunité de lire cet ouvrage.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Sur l’île de Jeju, en Corée du Sud, une femme affronte ses angoisses présentes et le souvenir des violences politiques du XXème siècle : entre novembre 1948 et début 1949, 30.000 civils furent assassinés sur l’île, leurs dépouilles entreposées dans des grottes, des mines ou livrés à la mer.
Ce traumatisme historique, Han Kang ne l’expose pas crûment. Au réel, elle mêle le songe et la méditation. C’est un texte à la fois sombre, bouleversant et glacé comme la neige qui est omniprésent tout au long du récit. La grande force du roman est de superposer, dès les premières pages, réel et fiction, remettant en cause l’espace et le temps. Ce texte est à la fois romanesque et un récit intime qui joue sur les discontinuités de la mémoire historique et familiale, sur les rapports mère/fille, et s’interroge sur les pouvoirs de la littérature (retrouver une mémoire collective enfouie à travers elle).
Les frontières entre le réel et le rêve sont brouillées. On ne sait pas si ce que vit la narratrice, Gyeongha, est un cauchemar ou une réalité parallèle, car des éléments fantastiques s’invitent dans la narration. Les séquences oniriques donnent à voir l’univers mental de Gyeongha. Le texte laisse ainsi planer un doute sur l’origine de ses visions : proviennent-elles de l’écriture d’un ouvrage historique évoqué dès les premières pages, d’un traumatisme collectif plus ancien (le soulèvement de Jeju) ou sont-elles nées de son imagination fertile d’écrivaine ? Ce n’est finalement pas très important, car on se laisse porter par ce récit d’une grande virtuosité narrative. On est happé dans le merveilleux et le fantastique sans perdre de vue le côté réaliste et historique du livre.
Au fond, Han Kang laisse le soin au lecteur de construire ses propres interprétations. La narratrice est à la fois un personnage fort et fragile, qui fait face à des dilemmes, et choisit l’amitié et la vie, aussi fragile soit-elle. Elle va sortir de son isolement, mais pour affronter un monde aux contours flous.
On ignore si c’est une manière de représenter une autre perception de la réalité, un indice de la folie de la narratrice ou un marqueur du genre fantastique. C’est toute l’originalité et la force de ce récit. L’itinéraire onirique et mémoriel de la narratrice est une formidable récréation émotionnelle, un monde éblouissant de perception, ce qu’a très justement su souligner la presse et l’Académie Nobel.
L’idée lecture de Béatrice :
Le rêve du jaguar – Miguel Bonnefoy (Rivages)
Grand Prix de l’Académie Française 2024 – Prix Femina 2024
Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays.
Une compagne d’exception l’inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance à une fille qu’ils baptiseront du nom de leur propre nation : Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l’Amérique du Sud, elle n’a d’yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens.
C’est dans le carnet de Cristobal, dernier maillon de la descendance, que les mille histoires de cette étonnante lignée pourront, enfin, s’ancrer.
Dans cette saga vibrante aux personnages inoubliables, Miguel Bonnefoy campe dans un style flamboyant le tableau, inspiré de ses ancêtres, d’une extraordinaire famille dont la destinée s’entrelace à celle du Venezuela.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Dans le courant du mois d’octobre, j’ai écouté une émission avec Miguel Bonnefoy. Je ne le connaissais pas mais cette émission m’a tout de suite donné envie de découvrir ses livres. Et lorsque le thème du mois est tombé (Les prix littéraires), je me suis dit que c’était un signe puisque Le rêve du jaguar en a reçu deux à ce jour (Grand prix du roman de l’Académie française, Prix Femina). Et quel heureux signe !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? J’ai adoré ce livre. Bien plus qu’une saga familiale, il est la saga d’un pays, dont l’auteur retrace l’histoire sur près d’un siècle. A travers le destin extraordinaire d’Antonio, trouvé sur les marches d’un église alors qu’il n’avait que trois jours, l’auteur nous embarque dans l’histoire de son pays, le Venezuela.
Et quelle plume que celle de cet écrivain ! Franco-vénézuélien, Miguel Bonnefoy écrit en français. Mais dans chaque page, dans chaque mot sa double culture transparait. Ce livre est le mariage harmonieux des auteurs réalistes français et du réalisme magique sud-américain. Les dictatures, les lutes pour le droits des femmes, celles pour l’ascension sociale côtoient les augures, les signes et les rêves prémonitoires.
J’ai eu la chance de lire ce livre, donc la malchance, maintenant, de l’avoir déjà lu. Parce que Le rêve du jaguar est un de ces livres dans lequel on plonge sans réserve, qui nous emmène très loin, et dont chaque page tournée nous fait redouter un peu plus l’approche de la dernière.
Novembre étant désormais terminé… Nous voici maintenant prêts pour un dernier bilan avant la fin… De l’année ! Et parce qu’il nous faut le plein d’idées pour des cadeaux livresques de toute beauté, le thème de ce mois-ci est quelque peu différent des précédents :
Dites-moi, mes Bookinautes adorés… Quel est LE livre à glisser sous le sapin cette année ?
A Club différent, modalités différentes… Voici donc les quelques règles à respecter :
– On s’inscrit par mail à l’adresse suivante : aurelie.deslivresetmoi7@gmail.com
– On choisit un livre qu’on a lu au cours de l’année 2024
– On indique quand le livre a été lu, ce qu’on en a pensé… Et pourquoi c’est LE Livre à offrir !
Le tout en un maximum de dix lignes, transmises par mail à la même adresse au plus tard le 15 décembre 2024 !
Vous savez tout désormais… Ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’au 18 décembre pour connaître les livres que vous avez adorés afin que vous et moi les glissions au pied du sapin cette année : Parce qu’il n’y pas meilleur cadeau qu’un bouquin, vous en conviendrez ! Comme toujours, le bilan vous attendra d’abord dans la Gazette du Lecteur puis directement ici, sur le blog. Le jour J arrivera vite… En attendant : Lisez bien !