Un fascinant jeu de miroirs entre passé et présent au service de l’imagination : “Carnaval noir” de Metin Arditi, paru le 16 août aux éditions Grasset.
Le pitch : Tandis qu’une jeune étudiante est retrouvée noyée à Venise dans le grand canal après avoir fait l’objet d’un petit article sur la thèse qu’elle consacrait à une série de crimes ayant frappé une grande confrérie durant le Carnaval de 1575, Bénédict Hugues, professeur de Latin médiéval à l’Université de Genève, fait une curieuse découverte dans un livre ancien tout juste acquis. Pendant ce temps, à Rome, le Pape lui-même n’est plus en odeur de Sainteté parmi les siens et se retrouve la cible d’un sinistre attentat…
Si la rentrée littéraire est toujours l’occasion pour moi de découvrir de nouvelles plumes et autant de belles pépites, la fervente adepte de littérature noire que je suis ne pouvait décidément pas passer à côté de ce titre, lequel a su m’envoûter à la simple vue de cette couverture magnifique… Et ce sombre voyage ne fait pourtant que commencer…
De Venise à Genève en passant par Rome, l’auteur se fait le brillant et captivant conteur d’une intrigue particulièrement riche et bien construite, dense et rondement menée, foncièrement bien documentée et fascinante d’emblée. Conjuguant judicieusement le passé au présent, l’auteur allie son histoire à l’Histoire pour aborder des thèmes particulièrement sensibles et tout à fait d’actualité sans pour autant faire la morale ni apporter le moindre jugement, laissant toute liberté au lecteur de forger sa propre opinion et apporter les réponses aux questions qu’il pourrait bien se poser.
Si l’on regrette peut-être le manque de charisme de notre personnage principal, il n’en demeure pas moins particulièrement intéressant, à l’instar de l’ensemble des protagonistes fort bien campés et étoffés, qu’on se plaît à suivre d’un bout à l’autre de ce récit regorgeant de suspense au gré des rebondissements.
Servi par une plume particulièrement fluide et élégante, un style aussi soigné qu’envoûtant, le roman n’en est que plus prenant, plus captivant, plus haletant en plus d’être érudit, si bien qu’on ne peut finalement pas lâcher ce roman une fois qu’on s’est plongé dedans.
En bref, un roman riche et passionnant, une belle découverte de cet auteur qui me donne l’envie de me pencher sur ses autres romans… A commencer par “Le Turquetto” bien évidemment…