Plus qu’un roman noir, une gifle monumentale au cœur du lecteur : “Un sac“, de Solène Bakowski, publié aux éditions Milady.
Le pitch : Une jeune femme se tient devant le Panthéon. En pleurs, comme égarée au fond d’elle-même, elle se cramponne à un sac comme si ça vie en dépendait. Anna-Marie Caravelle se rappelle. Et nous relate sans égard et sans complexe le chaotique parcours que fut ses 24 années d’existence…
J’avais pourtant déjà croisé la route de cette auteure sur les réseaux sociaux, et m’étais d’ailleurs fait la réflexion que ce livre n’avait pas encore rejoint ma PAL, pour des raisons qui m’ont toujours échappées. Aussi est-ce sans doute un appel du destin, qui a décidé de s’en mêler en me glissant sous les yeux ce petit livre alors que je me trouvais au fin fond d’une petite librairie de province, appel auquel j’ai immédiatement répondu en m’en emparant sans la moindre hésitation pour me diriger manu militari vers la caisse. Il faut dire aussi qu’il savait se rendre intéressant le bougre, avec son petit autocollant “Best-Seller – Le phénomène de l’autoédition”… Et comme le seul moyen de se débarrasser d’une tentation est d’y céder, dixit Oscar Wilde… Ma foi, je ne me suis pas fait prier. J’ai tellement bien fait…
D’emblée l’auteure sait susciter notre curiosité presque malsaine au travers d’un cours prologue, semant insidieusement le malaise au plus profond de notre âme qui se retrouve prise au piège d’une lecture qu’il ne saura lâcher avant de l’avoir terminée. Notre attention s’éveille, le doute s’installe, le silence se fait autour de nous lorsqu’on franchit les portes de ce récit, le rideau se lève…
Et puis l’on rencontre Anna-Marie Caravelle qui, sans même nous connaître, a tellement besoin de vider son sac (Oui, je sais, elle était facile celle-là !) qu’elle ne prend aucun gant pour nous retracer sa vie… Une vie douloureuse à souhait et triste à pleurer, tant l’absence d’amour qui l’entoure y est désespérément flagrante et fatale… Car c’est finalement tout ce qu’elle demandait, notre Anna-Marie… Rien qu’un peu d’amour de quiconque voudra bien lui en donner… Et c’est finalement ce véritable désert affectif qui brisera ce qu’il y a de plus précieux en elle, qui la conduira à se mettre en danger pour exister face au monde qui l’entoure… Qui la poussera à commettre bien des actes inqualifiables pour attirer l’attention, susciter une once de sentiments à son égard…
Alors l’auteure nous déroule cette vie en nous bernant de faux espoirs, en nous assommant de déconvenues… En jouant finalement avec nos nerfs au gré des chapitres et au fil des rebondissements pour nous achever avec un dénouement par K.O…
Même si on ne peut pas parler d’attachement ou de réelle affection à l’égard de notre héroïne, l’auteure réussit malgré tout la prouesse de susciter notre empathie pour cette demoiselle qu’on apprend à connaître, à reconnaître, qui se laisse partir en vrille face aux impuissants témoins que nous sommes, victime de l’amour qui lui a posé un lapin, du destin qui ne l’a pas épargnée, de la folie qui la guette et l’attrape au détour d’un miroir… Il y a bien sûr d’autres personnages dans ce récit, pour autant Anna-Marie nous hypnotise et accapare la majeure partie de notre attention tant elle rayonne de cette noire aura qui est la sienne…
Et cette plume, aussi dure qu’elle est élégante, ce style aussi efficace qu’il est incisif, finit de conquérir un lecteur sous emprise d’une lecture dangereusement addictive…
En bref, une lecture prenante, qui ne laissera personne indifférent, et hantera longtemps l’esprit du lecteur…