Quand les plus noirs desseins s’invitent sur la banquise : “Nuuk” de Mo Malo, paru en mai 2020 aux éditions de la Martinière.
Le pitch : Après plusieurs mois de convalescence, le Commandant Qaanaaq Adriensen est autorisé à reprendre du service à la tête du Politigarden… Sous condition d’un suivi psychologique et d’une tournée des postes de police sous sa responsabilité tout en restant à l’écart de toute enquête criminelle… Autant de contraintes difficiles à respecter lorsqu’il se retrouve confronté à une étrange vague de suicides parmi la jeune génération et reçoit dans le même temps de macabres colis au fil de son périple…
Si je me suis ruée sur ce titre dès sa sortie en librairie, la situation sanitaire et mon planning de folie m’ont contrainte à repousser mon escapade chez les Inuits en compagnie du plus Groenlandais des auteurs français… Un auteur que j’ai eu la chance de retrouver à l’occasion du Festival Sans Nom organisé à Mulhouse les 17 et 18 octobre derniers, m’offrant ainsi l’occasion de savourer enfin ce voyage littéraire, véritable bouffée d’air frais salutaire avant… Avant vous savez quoi, acte 2… Imaqa.
Revenons-en à nos phoques, nos fjords et nos glaçons, et rejoignons plutôt “Nuuk“… La Capitale du Groenland où nous attend le Commandant Qaanaaq Adriensen et son équipe pour une troisième aventure entre tradition et modernité. En effet l’auteur nous propose ici une intrigue particulièrement sombre voire sordide et redoutablement bien ficelée en plus d’être incroyablement documentée, dans laquelle les us et coutumes locales se mêlent à des thématiques tout à fait d’actualité dans ce pays qui connaît malheureusement le taux de suicide le plus élevé au monde. Un pays qu’il décrit si bien qu’on s’y croirait, nous offrant dès lors plus qu’une lecture au profit d’une immersion totale et complète pour une expérience littéraire tout à la fois captivante et enrichissante au cours de laquelle on ressent le froid jusque dans notre âme : Et pourtant ce n’est pas forcément à cause du froid qu’on frissonne au fil des pages…
Des pages dans lesquelles on côtoie un grand nombre de personnages tous plus humains les uns que les autres tant l’auteur a pris soin de les camper avec profondeur et psychologie pour une intrigue pleine de suspense… Et pleine d’émotions aussi. Parmi eux Qaanaaq évidemment qui, à coup sûr, marquera pour longtemps notre esprit mais les protagonistes gravitant autour de lui ne sont pas en reste, et c’est avec beaucoup de plaisir qu’on retrouvera notamment Appu.
Servi par une plume fluide, étonnamment visuelle et immersive, un style vif et addictif, le récit n’en est que plus prenant, plus envoûtant… Pour 400 pages qu’on ne voit pas défiler, qu’on referme à regret, déçu qu’on est de rentrer alors qu’on n’a même pas quitté son canapé…
En bref, un polar aussi glacial que glaçant… Servi glacé bien évidemment et que je vous recommande chaudement !