Chroniques 2016 Le Cimetière de Prague de Umberto Eco

 
Petit hommage à un monstre de la littérature: “Le Cimetière de Prague” de Umberto Eco, chez Grasset et Livre de Poche.
Le pitch: A l’aube de sa vie, Simon Simonini est un homme qui déteste beaucoup de monde, notamment les femmes et les francs maçons, mais surtout les juifs. Pour retrouver la mémoire et percer à jour l’événement qui l’a tant troublé en mars 1897, ce notaire raté, passé maître dans l’art de l’espionnage, de la contrefaçon et du mensonge, va ainsi retracer sa vie au fil des pages d’un journal intime, depuis sa naissance dans le Piémont italien auprès de son grand père antisémite, jusqu’à sa vie actuelle dans le Paris de la IIIème République où il espionne pour de nombreux services. Il se remémore ainsi “l’œuvre” profondément antisémite de toute sa vie: un récit qu’il a imaginé  de toutes pièces, sur la réunion secrète de rabbins au Cimetière de Prague pour poser les bases de leur domination du monde, plus tristement connu sous le nom du Protocole des Anciens Sages de Sion…
C’est avec une grande tristesse que j’apprenais la disparition du grand Umberto Eco il y a une semaine, immense écrivain qui n’avait pas son pareil pour produire des romans d’une impressionnante érudition. L’ayant découvert, comme beaucoup de lecteurs, avec Le Nom de la Rose, j’ai finalement décidé de me replonger dans son œuvre, en optant pour ce roman qui figurait depuis trop longtemps dans ma PAL.
Avec un talent incontestable, l’auteur nous livrait cette fois ci un roman d’une rare intensité et complexité, traitant de la naissance et de la montée de l’antisémitisme, ayant eu les dramatiques conséquences que l’on connaît. Car c’est là que réside la véritable leçon du Maître Eco pour son lecteur: tous les personnages de ce roman, à l’exception de notre antihéros particulièrement détestable, ont réellement existé au cours de cette période de l’histoire.
En plus d’être érudit, ce roman est brillamment construit autour d’une structure à trois voix savamment orchestrée: celles du personnage principal et de son double, l’Abbé Dalla Piccola, mais aussi un Narrateur qui tente de mettre de l’ordre là où le héros schizophrène s’égare.
L’écriture est belle, et le style soutenu, comme toujours.
 
En bref, voici un grand roman, qu’il ne faut cependant pas lire au premier degré, mais c’était là tout le génie de M. Eco, qui va beaucoup nous manquer. Ciao Il Professore…

Laisser un commentaire