Chroniques 2017 Le festin du lézard de Florence Herrlemann

Un roman aussi poignant que déroutant : “Le festin du lézard“, de Florence Herrlemann, publié aux éditions Antigone 14.
 
Le pitch : A 26 ans, Isabelle vit toujours chez ses parents, recluse dans une grande maison, cossue mais toujours close. Avec un père absent, un frère fuyant, Isabelle vit pour ainsi dire seule avec sa mère asphyxiante… Avec pour seul confident son discret ami Léo, Isabelle se livre sur le quotidien de cette sinistre maisonnée, de ceux qui y vivent, de ceux qui ne font que passer…
 
Qu’il m’est difficile de vous résumer ce livre en retranscrivant avec fidélité son propos… Peut-être ne me serais-je d’ailleurs pas penchée dessus si je ne l’avais pas gagné grâce au site My Library Online, que je tiens dès lors à remercier ! S’il y a eu quelques cafouillages au niveau de la réception, le plaisir de recevoir un roman dédicacé par son auteure n’en reste pas moins grand, aussi est-ce avec bonheur et curiosité que je me suis plongée dans cette lecture…
 
Force est de constater en préambule que ce livre n’est sans doute pas à la portée de tous, tant il s’avère sombre, complexe et suffocant, traitant d’un sujet particulièrement délicat, celui de l’oppression maternelle, de l’emprise matriarcale sur une enfant. Dès lors s’ensuit une sorte de monologue chaotique d’Isabelle qui se confie le plus souvent à son fidèle mais étrange compagnon Léo, toujours “présent” mais muet d’un bout à l’autre du roman, lui offrant sans cesse une oreille bienveillante sans jamais lui répondre pour autant.
De ce fait les personnages ne sont en rien attachants, mais bien au contraire distants et inquiétants. La maison elle-même peut être considérée comme l’un d’entre eux, de par sa froide et persistante présence, à l’origine de l’atmosphère dérangeante et malsaine qui se dégage tout au long du roman. Toutes ces portes verrouillées questionnent et emprisonnent, à l’instar de notre héroïne. Dès lors jamais le lecteur ne sentira à l’aise entre ses murs, inquiet d’y rester coincé et d’y étouffer.
La plume est incontestablement magnifique, élégante et soignée, travaillée avec une précision sans égale, empreint d’une douloureuse et hypnotisante poésie qui retranscrit à merveille cet appel à l’aide lancée par cette jeune fille désespérée.
 
En bref, un roman atypique dont il est difficile de sortir indemne.

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