Une charge émotionnelle d’une intensité rare pour un roman bouleversant : “Quand on n’a que l’humour…” d’Amélie Antoine, aux éditions Michel Lafon.
Le pitch : Si Edouard Bresson est l’humoriste préféré des Français, il a le coeur déchiré de n’avoir su conquérir celui de son fils qui brille par son absence à ses côtés. Parce qu’il est trop tard pour changer ceci ou cela d’un passé regretté, Edouard n’a plus que l’humour, faute d’avoir été un père présent… Est-il seulement possible de rattraper le temps et ses erreurs pour se retrouver…?
J’ai la chance inouïe de rencontrer des auteurs d’une incroyable bienveillance envers leurs “collègues”. C’est en effet Carène Ponte qui m’a fait découvrir Amélie Antoine… C’était en mars dernier, lors du Salon du Livre de Paris à l’occasion duquel cette dernière dédicaçait son tout premier roman “Fidèle au Poste“… Et aujourd’hui je suis ravie d’avoir enfin pu me plonger dans la lecture de ce second roman, que je me suis procuré au format numérique dès le jour de sa sortie…
Ne vous fiez pas aux apparences et voyez plus loin que ce titre pourtant évocateur mais aussi trompeur dans le même temps… Quiconque n’a pas lu le résumé pourrait s’attendre à lire un livre drôle et rafraichissant… Quiconque s’attarde sur ce titre criant de vérité en appréhende pourtant tout ce qu’il veut signifier… C’est un livre bouleversant en réalité…
A peine le lecteur se plonge-t-il dans cette histoire qu’il se voit harponné en plein coeur dès les premières pages… Le constat est sans appel : Son petit coeur va saigner d’émotions. On rencontre ici un humoriste adulé par la France entière… Et pourtant le bonheur est aux abonnés absents, tout comme son fils, trop en colère d’avoir été privé de son paternel durant son enfance…
C’est ici de la relation père-fils dont il est question… Une relation troublée par la célébrité et son redoutable revers… Alors Edouard se rappelle… “Quand les souvenirs s’en mêlent… Les larmes me viennent… Et le chant des sirènes me replonge en hiver… Ô mélancolie cruelle… Harmonie fluette… Euphorie solitaire…” Car les larmes viennent en même temps que les regrets… Et l’auteure retranscrit les émotions avec une telle justesse, une telle aisance, que le lecteur les ressent lui-même comme si elles étaient les siennes… Alors on se laisse emporter par le flot, sans se débattre ni rechigner, prêt à tout vivre avec intensité. C’est aussi beau que puissant, c’est aussi prenant que bouleversant, à tel point que le lecteur reste captivé d’un bout à l’autre du roman…
Si notre personnage principal a commis des erreurs, il n’en reste pas moins inoubliable et attachant de par sa complexité et les émotions qu’il véhicule… Il fallait sans doute réagir avant et les regrets sont désormais bien présent… Pour autant, est-il déjà trop tard pour se retrouver, le passé peut-il avoir condamné ces deux êtres à rester éloignés ? Le lecteur veut savoir, alors il lit, non pas avec ses yeux mais avec son coeur, avec ses tripes, ressentant chaque page qui défile par toutes les fibres de son corps.
Parce que la plume sert à merveille cette histoire aussi, elle est belle et touchante, le style est fluide et soigné, et le tout compose un récit d’une incroyable authenticité, d’une incroyable beauté.
En bref, “Un seul être vous manque et tout est dépeuplé” disait Lamartine… Qu’il est dur de vivre quand il nous manque l’essentiel… Ce roman est une petite merveille, un véritable concentré d’émotions particulièrement poignant, que je vous invite à découvrir sans délai…