Chroniques 2018 Ta vie ou la mienne de Guillaume Para

Un premier roman aussi vif que touchant : “Ta vie ou la mienne” de Guillaume Para, aux éditions Anne Carrière.
Le pitch : Né à Sevran, dans le 93, Hamed Boutaleb n’a pas connu sa mère. Il a connu la violence, la souffrance, la colère. Orphelin très jeune, il atterrit avec méfiance à Saint Cloud, dans le 92. Une nouvelle vie commence alors chez son oncle et sa tante, deux être bienveillants qui lui offrent un environnement stable et apaisé. Il découvre alors peu à peu ce que c’est qu’être heureux tandis qu’il s’épanouit dans le foot, se lie d’une profonde amitié avec François, rencontre le grand amour en la personne de Léa. Seulement le vernis s’écaille et d’effroyables révélations font remonter toute cette violence refoulée au plus profond d’Hamed, qui explose tel un volcan par une nuit trop noire, provoquant un drame emportant tout le monde dans cette coulée de rage…
Libre à vous de préférer le résumé figurant en quatrième de couverture, je l’estime pour ma part bien trop bavard et préfère ici m’arrêter là plutôt que de vous en dévoiler davantage et risquer ainsi de gâcher votre lecture… Une lecture sur laquelle je ne me serais sans doute pas penché si l’auteur ne m’avait pas contactée pour me permettre d’y plonger… Une erreur ainsi évitée m’offrant dès lors une bien jolie découverte dont je me dois de faire l’écho afin de vous la partager…
Ce récit est l’histoire d’Hamed… Un petit gars des cités meurtri par son enfance et son passé qui transcende les clivages et les quartiers pour s’ouvrir à un monde de paillette, seulement le temps d’y goûter que tout est déjà terminé… Des quartiers chauds aux quartiers huppés… Du luxueux monde footballistique à l’enfer de l’univers carcéral… De l’un à l’autre il n’y a qu’un poing à abattre… Mais s’il n’y avait que ça, l’histoire serait bien trop simple et on n’en parlerait pas…
Aussi l’auteur nous offre une intrigue particulièrement sombre mais aussi foncièrement dense, tant les thèmes abordés sont lourds et difficiles à exploiter. Pour autant l’auteur ne s’en laisse pas conter et conduit son récit de main de maître à un rythme soutenu, tandis que les courts chapitres défilent à vitesse grand V jusqu’à un dénouement aussi brutal que poignant.
Vraie force du récit, ce sont les personnages qui construisent toute l’histoire au premier rang desquels Hamed. Un jeune homme promis à un bel avenir si ce n’est qu’il reste tourmenté par les fantômes de son passé auxquels s’ajoutent les démons qui rôdent autour de lui, enfouis ou refoulés, qui n’attendent que le mauvais moment pour s’exprimer. Si ça ne loupe pas, on le subit de plein fouet à l’instar des autres protagonistes gravitant autour de lui. Peut-on seulement l’en blâmer… Sans doute, et pourtant on ne peut que s’attacher à ce personnage, torturé, entier et authentique.
Si quelques erreurs procédurales ont pu me faire tiquer et m’agacer, cela relève du point de détail et n’enlève en rien le plaisir de cette lecture, servie par une plume fluide, agréable et soignée, un style efficace et nerveux. On se laisse happer par cette histoire, gagner par l’émotion, emporter par ce maelström de sentiments qui ravage tout sur son passage pour nous nouer la gorge une fois notre lecture terminée…
En bref, un roman évoquant la vie, ses choix bon ou mauvais, ses conséquences et ses sacrifices… Un premier roman qui n’est pas parfait mais n’en reste pas moins touchant et prenant, un roman sur lequel il y a sans doute trop à dire pour ici tout exprimer, le plus simple étant de le lire…

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