Auteur’Loupe… Avec Primo Levi !

A peine lancée, voilà que ma nouvelle petite organisation se trouve déjà chamboulée ! C’est en effet Franck que vous auriez dû retrouver aujourd’hui pour son “JournaLivre” que je prends toujours beaucoup de plaisir à rédiger… Seulement Franck n’est pas encore tout à fait prêt, voyez-vous : Ne manquant décidément pas d’idées pour alimenter sa petite rubrique, il m’a demandé encore un peu de temps pour peaufiner son projet d’article afin de mieux vous gâter… Et comme l’idée me plaît énormément, qu’il en soit ainsi : Vous le retrouverez la semaine prochaine !
Aussi ai-je donc pris sa place au pied levé cette semaine, ravie de pouvoir vous parler de ces livres et leurs auteurs qui ont pu me passionner par le passé, sans pour autant que je ne puisse vous en parler, faute d’avoir un blog sur lequel partager… Une injustice que je tiens à réparer de temps en temps au travers de cette petite rubrique que j’apprécie tant !
J’ai choisi aujourd’hui de vous parler d’un auteur qui m’a profondément bouleversée lorsque j’étais au lycée : Primo Levi
 
Quelques mots de bio…
Né le 31 juillet 1919 à Turin dans une famille de confession juive, l’italien Primo Levi a d’abord été chimiste avant de devenir écrivain et conférencier.
Après une brillante scolarité malgré de nombreux soucis de santé, il est reçu à son examen de chimie en 1937, mais doit pourtant le repasser au regard du climat antisémite qui commence à l’entourer, avant de parvenir, tant bien que mal, à intégrer l’Université de Turin et obtenir son diplôme de chimie en 1941… Un diplôme comportant la mention “de race juive” avec lequel il aura dès lors de grandes difficultés à trouver un emploi, contraint à travailler sous une fausse identité. 
Alors que Benito Mussolini récupère le pouvoir en 1943, Primo Levi intègre la Résistance mais est arrêté en décembre de la même année, puis déporté en février 1944 avec 650 autres juifs italiens au camp de concentration d’Auschwitz. Il sera libéré avec les rares survivants en 1945 par l’armée Rouge, et ne retournera à Turin qu’en octobre 1945 au terme d’un long périple.
Il retrouve très vite un emploi de chimiste mais commence à retranscrire ses souvenirs de camp. Il rencontre aussi Lucia Morpurgo avec qui il aura deux enfants. Son métier de chimiste le conduira à beaucoup voyager, notamment en Allemagne. Il visitera en outre Buchenwald en 1954.
Ses écrits connaissent peu à peu un grand succès mais il connaît également des périodes de dépression, notamment en 1963. Il cesse son activité de chimiste en 1974 pour se consacrer pleinement à l’écriture, mais décède le 11 avril 1987 à Turin dans des circonstances troubles, sans qu’on ne puisse établir avec certitude s’il s’agit d’un accident ou d’un suicide…

Quelques mots de biblio…
Primo Levi est essentiellement connu pour son incontournable témoignage sur la Shoah, intitulé “Si c’est un homme“, qu’il achève en décembre 1946. D’abord publié de manière confidentielle en 1947 après avoir été refusé à maintes reprises, son oeuvre sera réédité en 1958 par le grand éditeur Einaudi, et connaîtra alors un véritable succès : Traduit en plusieurs langues, il sera également adapté au théâtre (1966), à la télévision et à la radio (1964).
En 1963 il publie “La Trêve“, récit de son périple de retour en Italie. S’il publie également sous le pseudonyme de Damiano Malabaila. Il publie toujours des oeuvres diverses sous son nom véritable, tels que des récits de science-fiction, des poèmes ou encore d’autres livres de souvenirs.
En 1984, il écrit “Maintenant ou jamais“, récit sur la Résistance au cours de la Seconde guerre mondiale, et participe à la construction du Foyer National Juif en Palestine. Il reviendra sur l’expérience concentrationnaire avec “Les Naufragés et les rescapés” en 1986.
 
Quelques mots d’amour…
Si j’ai toujours beaucoup aimé l’Histoire durant mon cursus scolaire, je n’ai jamais aimé étudier la Seconde Guerre Mondiale, lui préférant bien davantage des périodes plus anciennes comme l’Antiquité… Peut-être parce qu’il s’agit là d’une période encore trop proche de nous, d’un passé qui n’est pas encore révolu, dont nous gardons encore les stigmates à ce jour… Pour autant, on ne choisit pas lorsqu’on est en cours, et c’est ainsi que je fus amenée à lire “Si c’est un homme” de Primo Levi
Un bouquin qui m’a profondément et durablement bouleversée. Simple et accessible au plus grand nombre, son dramatique réalisme n’en reste pas moins douloureux à lire et vous bousculera jusqu’au plus profond de votre âme. En tout cas c’est ainsi que je l’ai senti et ressenti, que j’en ai vécu sa lecture durant mes jeunes années, que je l’ai trouvé nécessaire… Non pas pour comprendre, car on ne peut décidément pas comprendre l’incompréhensible folie des hommes, non… Non mais pour se souvenir, pour ne jamais oublier de quoi l’humanité est capable quand elle bascule dans l’ombre, quand les cœurs se remplissent de haine…
Je me suis beaucoup intéressée à l’auteur à la suite de cette lecture et les circonstances de son décès m’ont, elles aussi, très sincèrement émues. J’ai voulu poursuivre ma découverte de sa bibliographie à l’époque, notamment avec “Les naufragés et les rescapés” ou encore “La trêve” dont je connaissais l’existence. Malheureusement je n’en ai pas saisi l’occasion, ne les trouvant pas en librairie ni en bibliothèque à l’époque… Et puis le temps a passé, les idées lecture ont défilé… Pour autant je n’ai jamais oublié cette idée…

Quelques mots d’actu…
Je ne parlerai pas d’actualité au sens propre du terme, mais il faut tout de même souligner le succès encore actuel de cette œuvre, qu’il me semble nécessaire d’avoir lu au cours de sa vie. Si j’ai pensé à vous parler de cet auteur aujourd’hui, c’est aussi parce que je tiens à saluer la magnifique œuvre que nous a offert Jean-Claude Grumberg avec “La plus précieuse des marchandises“, un conte récemment paru chez Seuil et qui rejoint tout à fait l’œuvre de Primo Levi… Un conte qui m’a également chamboulée et que je vous invite à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait !
 
Quelques mots de conclusion…
Cette lecture remonte à bien des années, pour autant  elle reste profondément gravée dans mon âme, mon coeur et ma mémoire. C’est à mon sens un livre qui fait partie des rares lectures indispensables et nécessaires au cours d’une existence : Pour ne jamais oublier ce dont les hommes ont pu être capables par le passé… Un passé pas si lointain qu’il n’y paraît et dont les fantômes rôdent encore aujourd’hui dans notre actualité…
N’ayant finalement lu qu’un seul livre de cet auteur, je serais bien mal avisée de vous conseiller un autre livre que “Si c’est un homme“… Aussi je vous invite à le lire ou à le relire, mais aussi à le faire découvrir : C’est important…

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