Chroniques 2019 Un escalier de sable de Benjamin Legrand

Un brillant roman noir d’une incroyable densité : “Un escalier de sable” de Benjamin Legrand, paru chez Seuil en 2012.

Désert Est-Africain, demain. Un contingent de l’OTAN composé de militaires français, italiens et allemands est envoyé dans la ville d’Al-Jannah, en ruines et presque abandonnée suite aux ravages de la sécheresse et des nombreux conflits armés, avec pour mission de sécuriser le chantier d’un pont sans intérêt. Malgré des conditions de vie particulièrement difficiles, l’opération s’annonce plutôt calme et le Colonel Rivelain, en charge du commandement, s’interroge sérieusement sur les réelles raisons de leur présence sur le terrain… Mais très vite la mission vire au cauchemar lorsque les militaires sont pris pour cible par un sniper aussi mystérieux que redoutable…

En toute sincérité, je ne connaissais absolument pas cet auteur et c’est au talentueux Tony Cavanaugh que j’en dois la découverte : J’en profite au passage pour le remercier ! 
Si je déplore les quelques difficultés rencontrées pour me procurer ce titre qu’il me conseillait, je ne me suis pas fait prier pour me plonger dans cette lecture une fois réceptionnée ! 

Mêlant les genres avec une impressionnante facilité, l’auteur nous plonge ici au cœur d’un roman d’anticipation conjuguant drames et aventures, action et suspense, beaucoup d’humanité et même un soupçon de fantastique… Mais surtout une profonde réflexion sur notre société et ses enjeux géopolitiques, économiques et financiers, sans toutefois prétendre apporter ces réponses que tous aimeraient posséder.
Très vite les choses s’accélèrent, péripéties et révélations s’enchaînent, la tension monte, l’angoisse aussi, les problèmes se multiplient et les questions fusent chez un lecteur à la fois sidéré et emporté par cette intrigue complexe mais particulièrement bien ficelée.

Outre la complexité de l’intrigue, c’est aussi la complexité de l’être humain que l’auteur met ici en lumière, et ce d’une brillante manière qu’il convient d’ailleurs de saluer. En effet ce huis clos à ciel ouvert s’avère être le théâtre d’un véritable roman choral, l’auteur offrant la parole à chacun de ses protagonistes dont il a pris soin de dresser le portrait et d’étoffer la personnalité, ce qui apporte incontestablement substance et épaisseur au récit.

Mais si le lecteur se laisse si aisément captiver par l’intrigue, fasciner par les personnages, c’est aussi parce que le roman est soutenu par une écriture d’une incontestable qualité. La plume est fluide, nerveuse et soignée, le style est vif, efficace et apporte du rythme à l’histoire sans aller trop vite ni nous ennuyer : juste ce qu’il faut pour tenir son lecteur en haleine de la première page au point final. 

En bref, un roman riche et profond nous rappelant la vulnérabilité de l’homme face à lui-même malgré toutes les technologies et stratégies qu’il peut et pourra développer…

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