Bouquinist Park Du côté de chez Françoise : Au revoir là-haut de Pierre Lemaître

A l’heure où je vous rédige ces quelques lignes, je suis supposée vous annoncer une période de vacances sur mon blog… Les premières, en bientôt trois années d’existence… Seulement je n’en ai pas la moindre envie et je me sens presque coupable de m’autoriser pareille coupure durant deux mois… Malheureusement je dois pourtant l’admettre : je suis un peu fatiguée et débordée ces derniers temps… Et surtout j’ai besoin de lire, lire tout mon soûl, lire et lire encore, parce que je ne lis plus assez en ce moment, et ça me manque énormément… J’ai envie de me jeter à corps perdu dans cette monstrueuse PAL que j’ai constituée au fil des salons sillonnés ces six derniers mois… J’ai envie d’y piocher un bouquin au hasard pour le dévorer puis m’en mettre un suivant sous la dent, jamais rassasiée parce qu’il y aura toujours des livres pour combler cette insatiable faim d’histoires sans fin… Alors oui j’ai besoin de lire et de me reposer aussi, aussi vais-je prendre quelques vacances…
Rassurez-vous cependant, je ne vais pas là vous abandonner ! Parce qu’un tel acte me paraît même inconcevable, j’entends seulement donner congés à mes petites rubriques que j’affectionne tant, lesquelles sont les suivantes : “Livres et vous ? Livrez-vous !” ; “Bouquinist Park” ; “JournaLivre” ; “LivrEcran” ; “Classique-moi… Si tu peux !” ; “Auteur’Loupe” ; “Potins Bouquins” ; “J’irai bloguer chez vous“…
Vous l’aurez donc compris, ces grandes vacances ne verront sur mon blog que mes habituelles chroniques, lesquelles seront sans doute plus nombreuses en conséquence… Avec une PAL qui ne devrait pas trop grandir puisque je n’entends pas non plus me rendre sur les salons cet été, ce petit moment de repos valant aussi pour mon banquier (ou pas…!)
Cela étant j’ai une double surprise pour vous… Si le seconde ne vous sera dévoilée que samedi en lieu et place de mon habituelle interview, la première vous attend dès aujourd’hui ci-dessous ! Parce qu’il me plait en effet de jouer les porte-plumes pour vous présenter les dernières lectures et ultimes coups de coeur de mes plus proches mordus de lecture, j’ai l’immense plaisir d’accueillir une nouvelle recrue au sein du Bouquinist Park en la personne de Françoise pour un dernier tour de piste avant les vacances ! Si vous connaissez bien sûr Franck, Roseline et Laura, sachez mes petits amis que Françoise ne vous est pas totalement inconnue… Elle s’est ainsi prêtée au jeu de mes petites questions indiscrètes il y a de cela quelques mois pour une interview fort sympathique que vous pourrez retrouver ICI. Alors même que je rencontrais cette grande mordue parmi les mordus sur mon lieu de travail à la rentrée 2017, c’est une solide amitié qui se tissait entre elle, mon compagnon et moi au fil des mois qui s’écoulent depuis lors… D’une fidélité sans faille à mon blog qui connaît pourtant un léger ralentissement depuis quelques temps, celle-ci rêvait d’intégrer l’équipe sans jamais oser me le demander… Voilà qui est maintenant officiel, et c’est sans délai que je vais partager avec vous son avis, le tout premier avant des vacances qui s’annoncent studieuses, pour une reprise sur les chapeaux de roues dès septembre avec une nouvelle rubrique ! Voyez que je ne vous abandonne pas mes chers petits !  
A la veille des vacances, Françoise a donc choisi le roman “Au revoir là-haut” de Pierre Lemaître, chez Albin Michel et Livre de Poche !
Ce que dit la 4ème de couverture…
“Ils ont miraculeusement survécu au carnage de la Grande Guerre, aux horreurs des tranchées. Albert, un employé modeste qui a tout perdu, et Edouard, un artiste flamboyant devenu une « gueule cassée », comprennent vite pourtant que leur pays ne veut plus d’eux. Désarmés, condamnés à l’exclusion, mais refusant de céder au découragement et à l’amertume, les deux hommes que le destin a réunis imaginent alors une escroquerie d’une audace inouïe… Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants. Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose avec talent la grande tragédie de cette génération perdue.”
Françoise a aimé… Oui, mais pourquoi ?
Parce qu’il s’agit là d’un roman qui transcende la violence, la cruauté, l’horreur d’une Grande Guerre dont on ne sait que faire des survivants, et ce au travers de deux destins brisés qui font d’abord preuve de résilience avant de refuser la fatalité et de combattre avec de nouvelles armes l’indifférence de ces grands qui ne veulent plus voir les dégâts de ces atroces combats…
Albert et Edouard… L’un parti de rien et l’autre renié par une riche famille qui n’entend rien à l’art auquel il souhaitait tant se consacrer… Deux destins qui se lient au cours d’un affrontement qui n’aurait jamais dû être, provoqué par la stupidité d’un homme qui n’entend rien à la paix… L’un s’en tire mieux que l’autre qui n’a désormais plus de visage sauf celui qu’il se choisit au gré de ses humeurs et de ses états d’âme… L’un vit toujours au grand jour, bon gré mal gré, tandis que l’autre assouvit son art et vit dans l’ombre… Tous deux victimes des hommes plus que de la guerre, qui s’entraînent et s’entraident dans leur détresse pour mieux remonter ou plonger… Parce que l’un parvient à prendre son envol tandis que l’autre choisit un singulier voyage, tout en extravagance et flamboyance tragique après un adieu soufflé à celui qui l’a toujours ignoré…
C’est un roman fascinant selon Françoise, un livre qu’il faut absolument lire, et même relire tant il fait sens de manière différente au fil des lectures… Il y a tout d’abord cette sauvagerie, mise en avant par de terribles descriptions qui explosent alors aux yeux d’un lecteur mortifié par la folie des hommes… Une folie qui ne connaît décidément point de limites quand on préfère oublier son humanité et délaisser ces hommes qui ont pourtant combattu avec force et conviction pour ces grands qui n’ont aucun scrupule à les ignorer pour les abandonner à leur triste sort de gueule cassée, de vie déchirée, de destin brisé… Et puis il y a cette réplique, cette révolte des anéantis qui se jouent des symboles pour mieux arnaquer ceux qui ont voulu les oublier, les supprimer, pour mieux les remettre à leur place et les confronter à la réalité, la vraie, la sale, la douloureuse, la peu glorieuse…
Françoise a donc aimé le croisement de ces deux destins détruits jusqu’à leur place au sein même de la société… Elle a aimé tout ce que ce texte suggérait sans jamais rien dire… Ces deux êtres qui se lancent dans une escroquerie d’envergure parce que… Parce que quoi, finalement ? Qu’avaient-ils à faire ? Qu’avaient-ils à perdre, si ce n’est une vie qu’ils n’avaient déjà plus parce que les hommes ont préféré louer les morts que s’occuper des survivants, consacrer des monuments à ceux qui ont disparu plutôt que d’aider ceux qui sont restés, ceux qui sont revenus de cette effroyable guerre… Et c’est finalement une réussite, une merveille, une prouesse qu’a réalisé Pierre Lemaitre en rédigeant un texte si beau et bouleversant à ce sujet…
Résumons-nous pour terminer…
Françoise a adoré ce roman aussi prenant que fascinant, particulièrement riche, particulièrement dense, véritable fresque historique magnifiquement dépeinte au travers d’une petite galerie de personnages dont chacun tient une place bien particulière, nous entraînant sans la moindre difficulté au coeur d’une intrigue pourtant douloureuse à souhait, un récit qui se veut à la fois cruel et poétique, abominable et merveilleux, aussi sombre et lourd qu’il se révèle lumineux et empreint de légèreté… Un roman qui n’a décidément pas volé son Prix Goncourt dont il fut récompensé en 2013 et qui fit l’objet d’une adaptation cinématographique tout aussi admirable, époustouflante et merveilleuse… Rejoignant ainsi ce triste Panthéon des histoires que l’Histoire a oubliées… Alors à votre tour désormais de vous plonger dans ce formidable roman historique de Pierre Lemaitre qu’est “Au revoir là-haut“…

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