Chroniques 2020 Rivage de la colère de Caroline Laurent

Un roman poignant doublé d’un bel hommage à ces populations sacrifiées qui luttent encore aujourd’hui pour faire valoir leurs droits : “Rivage de la colère” de Caroline Laurent, paru aux éditions Les Escales et Lauréat 2020 du Prix Maison de la Presse.
 
Le pitch : Mars 1967. L’archipel des Chagos est un petit coin de paradis perdu au beau milieu de l’Océan Indien et rattaché à l’île Maurice, colonie sous pavillon britannique. C’est ici que Marie-Pierre mène une vie paisible avec sa fille Suzanne lorsqu’elle rencontre Gabriel, Mauricien venu en renfort à l’administrateur colonial. De leur amour aussi évident que fulgurant naît Joséphin. Mais bientôt l’île Maurice gagne son indépendance… Au prix des Chagos, qui sont vendus au Royaume-Uni pour devenir une base militaire et entraîne dès lors l’expulsion pur et simple de ses habitants, dépossédés de leurs biens, chassés de leurs terres, blessés dans leur cœur et meurtris dans leur âme… Face à cet exil brutal et douloureux, c’est l’incompréhension puis la colère qui gagnent la population, prémices d’une révolte qui ne fait que commencera et transcendera les générations…
 
Si je connaissais Caroline Laurent pour l’avoir découverte avec “Et soudain la liberté“, son premier roman coécrit avec Evelyne Pisier que j’avais eu la chance de pouvoir me procurer après l’avoir rencontré à l’occasion d’un salon, je dois tout de même vous avouer que ce nouveau titre m’aurait sans doute complètement échappé si elle n’avait pas succédé à mon auteur Chouchou en étant récompensée du Prix Maison de la Presse cette année. J’avais prévu de me plonger bien plus tôt dans ce roman seulement le temps m’a manqué… Fort heureusement la lecture ne connaît pas de date de péremption, c’est donc avec retard mais toujours avec autant de plaisir et de curiosité que j’ai fini par me laisser embarquer dans ce bouquin… Pour un voyage littéraire bien plus enrichissant, bouleversant et inattendu que je ne l’avais pensé…
 
En effet, à partir de sa propre histoire familiale mais également sur la base d’un travail de recherche et de documentation sans aucun doute minutieux et approfondi, l’auteure franco-mauricienne nous fait remonter le temps pour mettre en lumière un fait historique aux répercussions dramatiques et effarantes, qui m’était totalement inconnu alors même qu’aujourd’hui encore le combat continue.
Pour sublimer son récit dans lequel elle mêle fiction et réalité avec une étonnante et majestueuse facilité, l’auteure nous entraîne au cœur même de la lutte aux côtés de Marie, un personnage d’autant plus marquant et attachant qu’elle est dotée d’une profonde humanité et n’aura de cesse de défendre ses compagnons d’infortune et faire entendre la voix de l’archipel sacrifié avant de voir son fils prendre la relève pour porter toujours plus loin la révolte.
Mais si ce bouquin est aussi prenant et émouvant, c’est aussi parce qu’il est soutenu par une plume d’une remarquable qualité, particulièrement fluide, élégante et soignée, un style attrayant et presque envoûtant pour nous transmettre ce pan de l’Histoire à travers son histoire et ainsi contribuer avec brio au devoir de mémoire.
 
En bref, un beau roman, à la fois instructif et touchant, auquel mes mots peinent malheureusement à faire honneur à travers cette chronique. En tout cas je promets de faire plus attention aux prochaines publications de Caroline Laurent : elle le mérite assurément !

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