Mes petits Bookinautes adorés, je ne suis pas peu fière de vous proposer aujourd’hui l’interview d’une formidable autrice dont je ne vous parle pas assez… Une autrice qui varie les genres, mais toujours avec la même passion, toujours avec le même plaisir. Passion et plaisir qu’elle parvient à nous transmettre avec une incroyable facilité. J’avais eu la chance de la recevoir en décembre 2023 à l’occasion d’un BiblioLive pour évoquer « Un cœur pour Noël » et c’est avec bonheur que je l’ai récemment vue se soumettre à mon petit interrogatoire littéraire, afin de vous présenter « Et viva la vida ! » mais pas seulement… Mes Bookinautes adorés, je vous laisse donc en tête à tête avec Sophie Jomain : Belle rencontre et bonne lecture !
Quelle autrice es-tu ? Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Il paraît que je suis une autrice caméléon, parce que j’écris du fantastique pour adultes et jeunes adultes, des comédies, des romans feel-good, des romans de société, des romances… Je n’écris que ce que j’aime ! D’ailleurs, ma mère a toujours dit de moi que j’étais une amoureuse professionnelle. Et elle a raison : je fonctionne au coup de cœur, même en écriture ! 😊
Pourquoi écris-tu ? Que dirais-tu pour décrire ta bibliographie ? Comment expliques-tu un tel éclectisme ?
J’écris pour libérer ma tête de toutes ces idées que j’ai depuis que je suis enfant. J’ai un esprit créatif, j’aime manipuler les matières, dessiner, peindre, coudre, tricoter… J’ai besoin de créer. L’écriture est donc venue comme une évidence, sans pour autant avoir été habituée à elle.
Mon premier roman date de 2010 mais, avant lui, je n’avais jamais raconté d’histoire à l’écrit, jamais écrit de poème ni même un journal intime, alors que mon esprit regorgeait d’imagination et de choses à dire, de fées, de magie, d’histoires romantiques.
J’ai toujours été une grande rêveuse. Je le suis encore ! Je crois même que je suis devenue archéologue pour cette raison : le passé me faisait rêver, j’avais besoin de le concrétiser, de le toucher du doigt pour y croire plus fort. Et je pense que c’est aussi la raison pour laquelle j’écris dans autant de genres différents. J’ai un besoin vital de me laisser porter par mes envies et mes désirs.
Après une délicieuse romance de l’Avent, tu reviens donc en librairie avec « Et viva la vida ! », un fabuleux road trip dans lequel on s’embarque en compagnie de Fran et Marnie : Comment t’est venue cette idée ? Qui de l’intrigue ou de tes héroïnes s’est invité en premier dans ton imaginaire ? A qui t’identifi(e/ai)s-tu le plus ?
Marnie, c’est la femme que je suis : pas très bien dans son corps, alors qu’on la trouve jolie et que tout lui réussit. Comme Marnie, je m’interdis tout ce qui me semble ne pas me mettre en valeur : trop grosse pour aller à la piscine, sauter en parachute, porter une jupe, monter à cheval… Mes pensées sont souvent très limitantes et m’empêchent de vivre pleinement.
Un jour, j’en ai eu marre. J’ai eu envie de sortir de ce carcan insupportable et j’ai écrit « Et viva la vida ! ». J’ai créé Marnie (moi) et Fran (l’amie qu’on devrait toutes avoir un jour), et ces deux femmes ont changé ma vie comme ma façon de me voir. Je suis bien plus libre depuis.
Bien plus qu’un roman qui fait du bien, tu nous offres un véritable hymne sur l’acceptation de soi sans pour autant faire la morale à qui que ce soit. En quoi cette thématique te tenait-elle particulièrement à cœur ? Avais-tu seulement conscience que ce roman nous parlerait autant, tant on s’y reconnaît à travers tes personnages, peu importe nos failles ?
J’ai écrit ce roman alors que j’étais à un point de non-retour dans ma vie, prête à plaquer l’écriture et à pleurer pour le restant de mes jours. Vraiment. Je ne savais plus où j’en étais, ce que j’avais, comment obtenir ce que je voulais : être mieux dans ma peau, dans ma vie, dans ma tête.
Je n’ai pas tout de suite vu que Marnie, c’était moi… Mais quand je l’ai compris, je me suis lâchée et, pour la première fois, un de mes romans m’est devenu thérapeutique. Je me suis mise à nu assez égoïstement en l’écrivant, mais une fois que je l’ai fait, cette histoire m’a fait sortir de ma prison d’angoisse. Quand elle a été publiée, j’ai espéré de tout mon cœur qu’elle parle à d’autres femmes autant qu’elle m’avait parlé, qu’elle puisse les aider autant qu’elle m’avait aidée.
Ton roman est d’autant plus humain et touchant qu’il nous montre de façon éloquente la puissance que les regards comme les mots ont sur nous, qu’ils soient inconnus ou proches de nous, parfois même bien malgré eux. Penses-tu que ton récit puisse faire évoluer cela ? Penses-tu que la littérature puisse conduire à davantage de tolérance ?
Je crois en la puissance de l’honnêteté et du témoignage. Bien sûr, la littérature peut aider en ce sens, mais je crois que ce qui fait le plus faire bouger les choses, c’est de parler. Oser dire les choses à ceux qu’on aime et qui ne comprennent pas toujours combien on est écorché à l’intérieur, dire pourquoi, être transparents à leur égard, ne pas leur mentir et, surtout, ne pas se mentir à soi-même.
La première étape vers l’estime de soi est l’honnêteté. On a le droit de ne pas aimer ce qu’on voit dans le miroir, on a le droit de se trouver nul, on a le droit de ne pas faire semblant, et le jour où on a compris ça, on est prêt à avancer, pas à pas, vers le mieux. Parler à nos proches en fait partie.
Ton livre fait également la part belle à l’amitié, véritable armure morale et psychique contre le monde entier et plus encore contre soi car il semblerait bien qu’on soit notre pire ennemi quand il s’agit de se considérer. Était-ce là ce que tu souhaitais démontrer ? Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
J’ai dit plus haut que j’aurais adoré rencontrer quelqu’un comme Fran mais, en vérité, c’est déjà arrivé. Carène Ponte est ma Fran. Lumineuse, positive, enthousiaste, et les pieds résolument ancrés dans la vérité, l’acceptation et la non-acceptation. Zéro mensonge, zéro filtre, juste elle, tout le temps. Elle m’a infiniment aidée à me tolérer et à tolérer que je me sente mal parfois. Son amitié m’est précieuse, car oui, on a besoin des autres pour grandir et apprendre à être soi.
Bien que chacun ait son rythme, ton roman nous rappelle très justement que « la vie vaut d’être vécue, ni plus, ni moins » et qu’il est essentiel de se libérer des chaînes dont on s’entrave soi-même afin d’éviter de passer à côté et avoir des regrets. Il nous donne envie de vivre, plus vrai, plus grand, plus fort. Pleinement, tout simplement. Pensais-tu que cette lecture aurait un tel effet ? D’ailleurs l’écriture de ce livre a-t-elle eu le même impact sur toi ?
Je ne pensais pas qu’il aurait cet effet… Mais je l’espérais. Parce qu’à moi, il a fait un bien fou. Je porte désormais des manches courtes et j’arrive à manger un énorme dessert au restaurant en me fichant des autres. J’arrive à essayer des vêtements devant des amis et à reconnaître que, si je suis parfois essoufflée en pratiquant une activité sportive, c’est parce que je suis lourde, et je n’ai pas à en avoir honte.
Mais surtout : j’ai compris que j’avais le droit de tout faire, et que mes complexes ne me définissaient pas. Je suis qui je suis, avec mes failles et mes forces, grosse ou pas. 😉
Ton récit ressemble aussi à une déclaration d’amour pour les Hauts de France, puisque l’action se déroule entre Amiens et la Côte d’Opale (avec une petite escale au Mont Saint Michel tout de même ^^) : Était-ce l’un de tes objectifs ? Saurais-tu nous expliquer ton engouement pour cette région ?
Oh là là ! C’est plus qu’un engouement, c’est un amour, à la vie à la mort !
Je suis lyonnaise, et les Hauts-de-France ont changé ma vie, il y a 12 ans. Que je les aime… Le « Nord » et ses gens, ses plages, ses paysages, ses terrils, sa cuisine, son climat, ses traditions, tout. D’un bout à l’autre de cette région, j’aime tout de ce nord de la France très incompris par le reste du territoire. Je suis la plus lyonnaise des nordistes et ne perds jamais une occasion de vendre et survendre les Hauts-de-France. Et vive le RC Lens !
Ton roman vient de paraître… Mais as-tu déjà une idée pour tes prochaines pages ? Quels sont désormais tes projets littéraires ?
Un second roman de l’Avent pour cette fin d’année, et dont l’histoire se passera à Lille (encore !) et un roman aux éditions Charleston en 2025, où je vous emmènerai en Bourgogne cette fois-ci, au cœur de mes années chéries d’archéologue !
Un petit mot pour la fin ?
Quelle magnifique interview et quel plaisir d’y avoir répondu ! Merci pour cette chouette opportunité ! 😊
Et à toutes les Fran et Marnie qui l’ont lue, n’oubliez pas : Viva la vida !
C’est moi qui te remercie, chère Sophie, pour cette passionnante interview mais aussi pour tout ce que tu as pu nous apporter sous ta plume en compagnie de Fran et Marnie… Un immense merci à toutes les trois, « Et viva la vida ! » A présent mes Bookinautes adorés, c’est à vous de bouquiner : Le dernier roman de Sophie Jomain est fabuleux et n’attend plus que vous en librairie !