Une plume exceptionnelle et deux destins hors du commun pour raconter tout un pays : “Le rêve du jaguar” de Miguel Bonnefoy, paru le 21 août 2024 aux éditions Rivages.
Le pitch : Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays.
Une compagne d’exception l’inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance à une fille qu’ils baptiseront du nom de leur propre nation : Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l’Amérique du Sud, elle n’a d’yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens.
C’est dans le carnet de Cristobal, dernier maillon de la descendance, que les mille histoires de cette étonnante lignée pourront, enfin, s’ancrer.
Dans cette saga vibrante aux personnages inoubliables, Miguel Bonnefoy campe dans un style flamboyant le tableau, inspiré de ses ancêtres, d’une extraordinaire famille dont la destinée s’entrelace à celle du Venezuela.
Honte à moi qui ne connaissais Miguel Bonnefoy que de nom. Nombre de ses titres ont pourtant attiré mon attention – “Sucre noir“, “Héritage” ou “L’inventeur” – mais non, je n’ai finalement jamais franchi la moindre couverture… Et puis “Le rêve du jaguar” s’est installé parmi les nombreux ouvrages de la rentrée littéraire… Et puis son auteur est venu en parler sur le plateau de “La Grande Librairie” sous le feu nourri des questions d’Augustin Trapenard… Je découvrais alors un auteur aussi inspiré qu’inspirant, aussi passionné que passionnant… C’est donc par “Le rêve du jaguar” que j’allais me plonger dans l’œuvre de cet auteur, avec qui j’ai même eu la chance et le plaisir de discuter à Nancy puis Besançon sur les salons. Mais pour l’heure, nous avons rendez-vous au Venezuela avec des existences d’exception…
A travers ce roman inspiré de sa propre histoire familiale, Miguel Bonnefoy se révèle un conteur comme j’en ai rarement lu. Nous amenant d’abord sur les marches d’une église, nous faisons la connaissance d’un nouveau-né recueilli par une mendiante, qui deviendra chirurgien et même recteur d’université avec un peu de chance et beaucoup de volonté. Antonio Borjas Romero connaîtra mille vies pour construire la sienne, compulsera mille histoires d’amour pour écrire la sienne… Aux côtés d’Ana Maria Rodriguez dont le parcours s’avère tout aussi incroyable. Deux fabuleux destins qui se mêlent avec détermination et s’entremêlent à l’histoire du Venezuela pour dresser une captivante fresque romanesque dont chaque ligne nous emporte et nous captive pour un voyage absolument inoubliable.
Un voyage d’autant plus inoubliable qu’il regorge d’émotions et qu’on en suit chaque étape avec passion. Plus qu’une simple histoire, c’est une multitude d’histoires qui nous sont ici narrées pour n’en former qu’une seule au cœur de paysages merveilleusement décrits, en compagnie de personnages qui n’ont de cesse de nous faire vibrer, le tout grâce à une plume d’une remarquable élégance, pleine de couleurs vives et de sentiments exacerbés, soutenue par un style incandescent pour une lecture intense, enivrante et étourdissante.
En bref, je ressors de ce récit complètement éblouie, embarquée par ce réalisme magique dont seul Miguel Bonnefoy a le secret. Je ne sais pas si tous ses livres sont du même acabit mais nul doute que je vais m’y laisser entraîner !