Livres et vous ? Livrez-vous… Avec Nicolas Beuglet !

Mes petits Bookinautes chéris, je ne suis pas peu fière de l’interview que je vous propose aujourd’hui ! Voilà déjà deux ans qu’on attendait son retour en librairie, lui qui est déjà si rare alors que c’est toujours un plaisir de papoter avec lui. J’avais déjà eu la chance de pouvoir animer un BiblioLive en sa compagnie, cette année c’est avec bonheur que je l’ai vu accepter de répondre à mes petites questions indiscrètes, et ce en dépit d’un emploi du temps bigrement chargé. Ainsi Nicolas Beuglet vous présente “L’ultime avertissement“, son dernier roman récemment paru aux éditions XO… Belle rencontre et bonne lecture !

Quel auteur es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Nicolas Beuglet, j’ai écrit sept romans, tous des thrillers publiés aux éditions XO, dont le premier s’appelle « Le Cri ». J’ai pour marque de fabrique de baser mes histoires sur des faits réels, scientifiques ou historiques.

Après deux ans d’absence, te voici enfin de retour pour « L’ultime avertissement », une aventure palpitante en compagnie de nouveaux personnages. Serait-ce parce qu’il t’a été particulièrement difficile de quitter Sarah Geringën et Grace Campbell que nous t’avons attendu si longtemps ?
Non, parce que j’avais pris la décision, à la fin de l’écriture du troisième tome de Grace et Sarah, de faire une pause avec elles. Ce temps, c’est celui qu’il m’a fallu pour chercher des idées qui m’intéressaient, des sujets qui me semblaient suffisamment importants pour être l’objet d’une histoire et ça, oui, ça me prend beaucoup de temps, parfois plus d’un an. On peut avoir une bonne idée assez vite mais, plus on avance, plus il faut creuser, aller loin pour se renouveler. Il n’y a pas pléthores de bons sujets finalement, en tout cas pas à mes yeux.

Avant d’abord le fond de ce roman, force est de constater que tu restes fidèle à tes bonnes habitudes en nous baladant une fois encore aux quatre coins du monde : Comment expliques-tu cette nécessaire bougeotte littéraire ?
En toute honnêteté, si les intrigues de mes livres vous baladent aux quatre coins du monde, c’est parce qu’elles suivent les éléments historiques ou scientifiques que j’ai découverts lors de mes recherches pour écrire et que les personnages se rendent sur les lieux de ces découvertes ou de ces évènements, et souvent ce n’est pas au même endroit. Voilà pourquoi on voyage beaucoup dans mes romans, parce que je me nourris de tout ce qui peut se passer d’intéressant à travers le monde.
Pour autant, je ne me déplace jamais sur les lieux de mon écriture, sur les lieux de mes romans, parce que j’ai toujours la crainte qu’en y allant, j’aie l’envie à mon retour de rendre un document exhaustif de tout ce que j’ai vu, et d’oublier mon objectif principal qui est de raconter une bonne histoire, certes en vous faisant voyager, mais par petites touches impressionnistes plus que par un documentaire.

Si le postulat de départ paraît simple, ce serait mal te connaître que de penser que l’intrigue l’est tout autant. Bien au contraire, tu y abordes des thématiques tout à fait singulières et inédites voire incroyables et pourtant toujours fondées sur des bases tout à fait authentiques et véritables. D’où t’es venue cette idée ? Pourquoi avoir voulu travailler ces sujets et comment l’as-tu fait ?
Je dirais que l’idée première, celle qui m’a donné l’envie d’écrire « L’ultime avertissement », c’est la découverte du concept de capsule temporelle. Pour résumer, ce sont des containers dans lesquels on met des objets de notre époque, on les enterre et, sur le trou qu’on a creusé, on met une plaque indiquant qu’elle pourra être ouverte dans 50, 100, 200, 300 ans… C’est une manière de transmettre un témoignage de notre époque aux générations futures. Je trouvais cela intéressant mais, là où c’est devenu fascinant, c’est quand j’ai découvert qu’il existait une capsule temporelle qui s’appelle « La crypte de la civilisation » et qui se trouve à l’Université d’Atlanta. C’est une pièce de 20m2 qui a été remplie en 1940 puis scellée et elle doit être ouverte, non pas dans 100, 200 ou 500 ans, non. Elle doit être ouverte dans 6000 ans. Alors forcément, quand on se projette aussi loin, en tant qu’auteur, il y a une espèce de vertige, et quand il y a vertige, il y a généralement matière à imaginaire, parce que tout n’a pas été dit, parce que tout reste à raconter. C’est ainsi qu’est venue l’inspiration de « L’ultime avertissement ».

L’intrigue est menée tambour battant par un duo fort atypique que forme Félicia, experte en art et Armand, ancien flic devenu prêtre. Qui de l’intrigue elle-même ou de ces personnages s’est-il invité en premier dans ton imaginaire ? Que dirais-tu pour les présenter ?
Félicia est née d’un livre que j’ai lu, intitulé « L’histoire du monde en 100 objets », écrit par un conservateur du British Museum et qui prend des objets archéologiques, souvent des objets de la vie de tous les jours tels qu’un bol ou une lampe, et, juste en analysant l’objet dans ses détails, il va restituer tout un peuple, toute une civilisation ou toute une époque. J’ai trouvé cela vraiment enthousiasmant de voir cette capacité qu’ont certaines personnes à si bien connaître leur domaine que, juste en regardant les détails d’un objet devant lequel on passe, parfois même sans s’arrêter, eux parviennent à nous révéler un monde tout entier. J’avais donc envie de faire exister un personnage qui soit capable d’en faire autant, surtout que cela se rapproche du métier d’enquêteur dont l’une des missions est aussi de faire parler des indices sur une scène de crimes, des indices souvent inertes comme les objets. Félicia est donc née comme ça.
Quant à Armand, c’est parce que j’ai toujours aimé la culture religieuse, mais je n’avais encore jamais fait exister un personnage qui l’incarnait. Et puis j’avais envie de voir comment il allait se comporter en côtoyant une jeune femme pétillante et pleine d’entrain comme Félicia : est-ce qu’ils allaient devenir amis ou amants ? Est-ce qu’il allait renoncer à cela ? Et puis je trouvais aussi cela intéressant parce qu’un prêtre, c’est quelqu’un qui connait bien l’âme humaine, ne serait-ce que par les confessions qu’il reçoit. Un policier se doit aussi de bien connaître l’âme humaine pour percer à jour les gens qu’il interroge, donc je trouvais que ces compétences se mariaient bien pour une enquête.

Si ton roman est court, il redéfinit remarquablement ce qu’est le page turner, tant on semble emporté par l’urgence : Est-ce seulement conscient de ta part ? Pourquoi avoir procédé ainsi ?
Je pense que tous mes romans sont conçus pour être des pages turners, que chaque chapitre se termine de manière à vouloir enchaîner sur le suivant. Celui-ci a été conçu de la même façon mais l’histoire nécessitait moins de pages pour être racontée. Il est donc un peu plus court de ce fait, car je déteste le remplissage, je n’aime pas que les choses traînent en longueur pour ne rien dire. Donc cela fait le nombre de pages que cela doit faire pour que l’histoire soit racontée du mieux possible, sans trop en faire. Peut-être que le prochain sera plus épais car l’histoire que j’ai inventée sera plus conséquente, qu’elle me demandera plus de pages pour être racontée, je ne le sais pas encore.

Ton intrigue ne connaît aucun temps mort et ne nous laisse aucun répit tant on court de rebondissements en révélations jusqu’à une fin ahurissante… A tel point qu’on sort de cette lecture aussi abasourdi qu’essoufflé… Etat-ce là ton objectif ? L’écriture t’a-t-elle fait le même effet ?
Cela s’appelle « L’ultime avertissement », il y a déjà une urgence dans le titre qui, effectivement, a également été injectée dans la narration afin que le lecteur ait ce sentiment d’urgence permanente, de courir après ce message qui semble capital. Alors si le lecteur peut être contaminé par la pression que subissent les héros, c’est encore mieux.
J’ai quand même senti à l’écriture qu’il y avait quelque chose qui allait peut-être plus droit au but si l’on compare à mes précédents romans, et cela me convenait très bien. Toutefois, écrire ce roman m’a demandé autant de temps que mes précédents ouvrages car, l’air de rien, on se laisse quand même parfois aller au remplissage, puis on se dit que ce n’est pas bon, on l’efface… Mais il n’empêche qu’on a pris du temps pour l’écrire et cela ne se rattrape pas.

Ton roman vient tout juste de paraître… Mais sais-tu déjà dans quoi tu comptes nous embarquer pour tes prochaines aventures littéraires… Et avec qui ?
Oui je sais effectivement ce que je vais/veux raconter. J’aime bien trouver le sujet de mon prochain quand je suis en train d’écrire le précédent. On n’y retrouvera pas Félicia et Armand, mais je ne peux rien vous en dire de plus pour le moment, c’est trop tôt. Quant à « L’ultime avertissement », il a été pensé comme un unitaire… Mais il ne faut jamais dire jamais en écriture, donc ce n’est pas impossible qu’on retrouve un jour l’un, l’autre ou ces deux personnages…

Après exploration de ta bibliographie, peux-tu nous dire si ta bibliothèque se révèle du même acabit ? Quel lecteur es-tu ?
Je ne suis pas un grand lecteur de romans, j’en lis très peu. Ma bibliothèque est surtout constituée d’essais, de biographies, de documents, de témoignages, c’est finalement toute la matière qui va nourrir mes propres intrigues. On y trouve de la mythologie, de la religion, de l’histoire, de la science, voilà ce qu’on trouve surtout dans ma bibliothèque. Je suis assez peu lecteur de fiction, cela doit représenter à peine 20% de mes lectures, pas plus, car j’en lis quand même mais je ne lis jamais de thrillers. Quand j’étais plus jeune, je lisais plutôt de la littérature de l’imaginaire, maintenant c’est plutôt de la littérature blanche mais, en ce moment par exemple je suis en train de lire la saga des « Paradis perdus » d’Éric Emmanuel Schmitt, et je ne sais pas si on le classe en blanche ou en imaginaire, on est précisément entre les deux.

Un petit mot pour la fin ?
Quand je termine un roman, j’espère toujours que les lecteurs vont à la fois passer un moment de suspense et d’émotions en s’y plongeant, mais qu’ils vont aussi se poser plein de questions, qu’ils vont avoir envie d’approfondir, d’aller plus loin, de se documenter ou d’aller lire les livres dont je parle. C’est vraiment quelque chose d’intéressant et important à mes yeux.

Un immense merci à Nicolas Beuglet pour cette interview aussi passionnante et enrichissante que ses romans, et notamment “L’ultime avertissement“, son dernier titre paru en septembre aux éditions XO… Si vous ne l’avez pas encore lu, il n’y a plus une seconde à perdre : Précipitez-vous en librairie et lisez bien !

Laisser un commentaire