Si mon emploi du temps ne me permet plus de vous proposer des lives et/ou podcasts depuis presque un an désormais, je continue de partir à la rencontre des auteurs au gré des salons… Et des interviews que j’ai le plaisir de réaliser chaque mois pour la Gazette du Lecteur, un projet fou qui affiche tout de même 33 numéros à son compteur, foi de lectrice passionnée ! Connaissez-vous “Le seul coupable” ? Vous le découvrirez en vous plongeant dans le dernier roman de Jacques Saussey qui s’est très gentiment prêté au jeu de mes petites questions indiscrètes pour vous en parler ! Je l’en remercie très chaleureusement et vous laisse à présent découvrir ses réponses : Belle rencontre et bonne lecture !
Au diable les présentations, tout le monde te connaît ! Dis-nous plutôt : Si tu devais te présenter…
– En un roman ? « Le mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux. C’est le tout premier livre qui m’a embarqué dans le crime et l’imaginaire à l’époque où j’étais encore loin d’avoir de la barbe.
– En un héros de papier ? Lord Greystoke. Sauvage et civilisé à la fois, déchiré entre deux mondes.
– En un écrivain fétiche ? Boileau-Narcejac. Ils sont deux mais ne font qu’un.
– En un moment et/ou un lieu pour lire ? Partout, comme pour écrire.
Te voici de retour en librairie… En compagnie de Paul Kessler dont nous avions fait la connaissance à la Réunion dans « L’Aigle Noir » paru deux ans plus tôt : Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Dès mon arrivée chez Fleuve en 2022, j’ai voulu mettre en scène un nouveau personnage récurrent dans « L’Aigle Noir ». Après huit enquêtes, le couple Magne/Heslin était arrivé à la fin de son parcours. Je leur en ai fait subir, à ces deux-là… Et même si je les aimais beaucoup, j’ai préféré les faire disparaître en catimini plutôt que leur faire encore du mal afin que Paul puisse exister.
Ex-commandant de police, Paul Kessler se retrouve confronté à ce qui doit être le cauchemar de tout enquêteur : Une erreur judiciaire qui pourrait avoir été commise dix ans plus tôt. D’où t’est venue cette idée ?
À chaque roman, je cherche non seulement un sujet que je n’ai jamais traité, mais également un angle neuf. Je n’avais pas travaillé cela avec mes deux flics précédents, et j’ai trouvé intéressant le fait de coller un flic qui ne l’est plus face au pire de ses cauchemars : avoir remis à la justice un mec qui n’était pas le bon, et que celui-ci ait perdu la vie entre-temps de façon horrible. Et bien sûr, Paul Kessler n’a plus accès à toutes les données policières. ADN, bornage téléphonique, dossiers divers, relations avec les magistrats, etc. Un flic aveugle, en somme, mais absolument têtu. Je me demande de qui il tient ça…
Si tu places Paul Kessler dans une situation délicate, c’est toute une équipe qui se retrouve en proie au doute tandis qu’ils continuent d’investiguer sur leurs dossiers en cours. Comment ceux-là se sont-ils invités dans ton imaginaire et pourquoi avoir choisi de les entraîner dans une telle tourmente ?
Les personnages secondaires de ce thriller n’en sont pas vraiment. Chacun est mis en valeur dans l’intrigue parce qu’il ou elle peut passer brusquement au premier plan à tout moment. Le lecteur devait conserver un gros point d’interrogation au-dessus de la tête jusqu’au mot « fin ». Le meilleur moyen pour le faire entrer en empathie avec les membres de l’ancienne équipe de Paul était de développer leurs caractères et leurs vies privées. Ils devaient, le plus possible, ressembler à des gens comme monsieur/madame-tout-le-monde. On devait sentir leurs peurs, leurs choix, leurs amours et leurs dégoûts. Tous autant qu’ils étaient.
Parmi ces policiers : Zoé, une nouvelle recrue pleine de perspicacité qui apporte un regard neuf sur cette affaire qu’elle n’a pas traitée, véritable trait d’union entre hier et aujourd’hui, entre Paul Kessler et son ancienne unité. En quoi était-ce essentiel à tes yeux de lui accorder une place si particulière ?
Je tiens, à chaque roman, à ce qu’un personnage féminin partage le haut de l’affiche avec le ou les caractères masculins principaux. L’idée de confronter une jeune flic fraîchement émoulue de l’école de police à un vieux briscard s’est imposée d’elle-même, et d’autant plus facilement que ça la situait en dehors de l’affaire criminelle qui s’était déroulée dix ans plus tôt. Là, la difficulté a été de bien la différencier d’Alice Pernelle, qui ne fait pas partie de ce roman mais qu’on va retrouver plus tard.
Sans divulgâcher, cette enquête se révèle machiavélique et nous entraîne sur des thématiques bien plus sombres qu’on aurait pu l’imaginer. Que peux-tu nous en dire ? Comment as-tu eu connaissance de ces sujets et pourquoi as-tu souhaité les aborder ?
Le thème premier de ce roman, c’est la mort et la fascination qu’elle inspire aux jeunes esprits, mais aussi aux moins jeunes. Cette danse intime avec la Camarde, qui a notamment existé au XIXème siècle face aux objectifs de photographes spécialisés, nous glace le sang aujourd’hui. Pourtant, à l’époque, on allait visiter les morts à la morgue le dimanche. Je me suis demandé ce que ça donnerait si des jeunes du XXIème siècle cédaient aux sirènes qui peut-être ont amené certains de leurs ancêtres devant des cadavres alignés face aux curieux.
Avec déjà deux romans à son actif, il semblerait que Paul Kessler ait de belles pages devant lui sous ta plume : Est-ce bien le cas ? Serait-il le seul ?
Paul est un personnage récurrent, je l’ai dit. Il n’est pas le seul, on le verra bientôt…
Petit aparté littéraire : Que devient Alice Pernelle que nous avions rencontré dans « Ce qu’il faut de haine » ?
Elle vous donne rendez-vous en octobre 2025 ! 😊
Petite question pêle-mêle : Saurais-tu te raconter en…
– Un souvenir de lecture ? À cette question, je mentionne très souvent « Gataca » de Franck Thilliez. Il y a dans ce livre l’un des twists les plus effrayants et intelligents que j’aie lus. Un modèle du genre, tout en douceur et en violence mélangées.
– Un souvenir d’écriture ? « Enfermé.e », le roman qui m’a le plus marqué en cours d’écriture. Le plus personnel, sans aucun doute.
– Un souvenir de salon ? Ma table vidée du dernier livre à Quais du polar 2024 sous les applaudissements de tous les copains et du public. Un vrai bonheur de partager ça avec ceux qui y étaient.
– Un souvenir d’inspiration ? Un souvenir très récent. « Le seul coupable », mon dernier thriller, dont la toute première idée est née en découvrant une photo de blogueuse sur le fil d’un réseau, un matin pas comme les autres. Je n’en dirai pas plus, mais c’est elle qui a été l’étincelle initiale. J’ai tout de suite senti le potentiel du personnage, il m’a pour ainsi dire sauté au clavier. Le reste est venu tout seul. Enfin, presque tout seul… 😊
Un petit mot pour la fin ? Ton roman vient tout juste de paraître mais sais-tu déjà dans quelles aventures littéraires tu vas maintenant nous embarquer… Et avec qui ? Quels sont désormais tes projets littéraires ?
Mon prochain thriller est achevé depuis août 2024. Il reste du travail dessus, comme chaque année, mais le premier jet est solide et a été validé par Fleuve Editions. Je travaille actuellement sur mon premier roman jeunesse, je pense l’avoir terminé avant l’hiver. Aucune idée d’où il sera publié, ni s’il le sera effectivement. Je découvre cet univers et j’adore l’écriture différente qu’il induit. Et l’écriture du thriller de 2026 débutera courant janvier prochain.
Autant de projets pour les mois et années à venir : Voilà qui fait rêver tout lecteur passionné ! En attendant de découvrir ces nouvelles aventures littéraires et si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à démasquer “Le seul coupable“, publié aux éditions Fleuve Noir et en librairie depuis le 10 octobre 2024 !