Un brillant thriller au titre aussi évocateur qu’ambigu pour un retour très attendu : “Avant de sombrer” de Cyril Carrère, paru le 08 mars 2023 aux éditions Denoël.
Le pitch : Et si on vous annonçait que vous avez tué ? Lorsque Jérôme Cazenave se réveille dans une chambre d’hôpital, tout lui revient à l’esprit. L’échange téléphonique houleux avec sa femme. L’urgence de la situation. Sa terrible sortie de route en rentrant de Nîmes. C’est en tout cas ce qu’il soutient au médecin qui le regarde avec circonspection. Mais quand un avocat qui prétend le connaître s’invite à son chevet pour lui présenter une autre version de l’histoire, la confusion s’installe. Non, il n’a pas eu d’accident de voiture. Il a été violemment agressé à Lannemezan, dans la prison où il purge une longue peine… pour le meurtre de son épouse. Afin de recouvrer sa liberté, Jérôme doit résoudre les mystères d’un passé qui lui est étranger. Au risque de faire ressurgir le monstre qui l’a englouti…
Trois ans. Voilà trois ans que j’attendais un nouveau roman de cet auteur que j’affectionne tout particulièrement. Après “Le Glas de l’Innocence” et “Grand Froid” puis “Le Quatrième Rassemblement” sans oublier “Erin, nouvelle parue en autoédition, ce jour est enfin arrivé et c’est avec les prestigieuses éditions Denoël qu’il se renouvelle une fois encore, à travers un sujet maintes fois exploité qu’il parvient pourtant à traiter de façon tout à fait singulière.
Au terme d’un prologue bigrement percutant, nous comprenons en effet qu’il sera question du syndrome du faux souvenir et autres troubles de la mémoire. L’auteur s’est incontestablement documenté sur le sujet à l’instar de l’algologie qu’il aborde aussi, il maitrise également les codes du thriller, aussi nous propose-t-il une intrigue prenante dès les premières pages, remarquablement bien ficelée et redoutablement maîtrisée, pleine de suspense et riche en rebondissements jusqu’à un dénouement auquel je ne m’attendais pas.
Mais si l’histoire est aussi addictive, c’est sans aucun doute parce qu’elle est menée tambour battant par une galerie de personnages façonnés avec beaucoup d’ambivalence et de densité pour mieux nous captiver. Parmi eux Jérôme, notre personnage principal dont on ne sait pas s’il est victime ou bourreau du fait de ses difficultés mnésiques résultant de son agression, ce qui place le lecteur dans la même ignorance que lui.
Nous baladant notamment de Nîmes à Strasbourg en passant par Toulouse, l’auteur ne manque pas non plus d’alterner les temporalités, un pari audacieux mais très réussi lui permettant de tout nous dévoiler de façon judicieuse.
Ajoutons à cela une écriture fluide, élégante mais aussi très visuelle, un style vif et efficace… Vous comprendrez dès lors que l’auteur ne nous laisse aucun répit et qu’il est difficile de lâcher ce bouquin rythmé par des chapitres courts qu’on enchaine pour notre plus grand plaisir.
En bref, Cyril Carrère se joue de nous comme de nos nerfs avec talent pour revenir avec ce thriller palpitant ! Le plus dur à présent : c’est d’attendre le suivant !