Un peu d’amour pour si tu en manquais : “Tout ce qui manque” de Florent Oiseau, paru ce jour – 17 août – chez Allary Editions.
Le pitch : “Le projet m’apparaissait évident, j’utiliserais le village pour tisser un décor, raconter une histoire en apparence inoffensive mais avec, cette fois, un but bien précis : dire entre les lignes tout ce que j’avais cru malin de taire. Ana, tu n’es pas juste une infirmière ; Ana, tu n’es pas une colocataire ; Ana, tu n’es pas une habitude, t’aimer est ma première certitude, l’avoir mal fait est la deuxième, vouloir écrire un livre pour inverser le cours de notre histoire est la dernière.”
Roman de la rupture amoureuse, cahier du pays natal, Tout ce qui manque fait le point sur tout ce qui compte. À la manière d’un John Fante d’Intercités, Florent Oiseau ajoute à sa plume une pointe de mélancolie dont le sarcasme flegmatique émeut autant qu’il réjouit.
Depuis que je l’ai découvert avec “Paris-Venise” alors qu’il était finaliste pour le Prix Orange des Lecteurs, Florent Oiseau fait partie de ces auteurs que j’affectionne tout particulièrement et dont je guette chaque nouvelle parution en librairie. Parce que tout et n’importe quoi devient beau et poétique à travers ses mots. Connaissez-vous “Stomp“, cette merveilleuse troupe d’artistes musiciens qui fait de la musique en utilisant des objets de tous les jours ? Et bien voilà : Florent Oiseau, c’est mon “Stomp” littéraire à moi.
“Tout ce qui manque fait le point sur tout ce qui compte.” dixit la quatrième de couverture et c’est tout à fait ça. A travers ce roman, Florent Oiseau nous raconte une histoire d’amour en plein naufrage, celle d’un auteur à la dérive qui quitte alors son Paris journalier pour rejoindre la maison natale, héritée de ses défunts parents et paumée en pleine campagne : Un retour aux sources pour un cri du cœur, à travers un roman donc. En découle une improbable histoire d’amitié avec le prénommé Xavier que je vous laisse apprivoiser parmi tant d’autres personnages un brin lunaires sans oublier quelques souvenirs, quelques remords, quelques regrets. Un départ pour un nouveau départ et une tentative de reconquête.
Voilà donc un récit qui pourrait vous paraître banal et qui l’est d’une certaine façon… Mais prend une toute autre dimension parce que c’est Florent Oiseau qui l’écrit. Entre amour et humour, mélancolie et loufoquerie, l’ordinaire devient extraordinaire et l’intrigue nous happe sans en avoir l’air, se lit comme une parenthèse.
S’il s’agit bel et bien d’une fiction, l’ouvrage revêt ce je ne sais quoi qui le rend plus intime et personnel. Notre auteur de papier se révèle bien différent de celui qui nous l’a narré, pourtant chaque ligne reflète Florent Oiseau, son âme transparaît à chaque page, incontestablement. Sans doute parce que son écriture est unique et qu’elle saurait se reconnaître entre mille, tant sa plume s’avère fluide, libre, hors de contrôle et dotée d’un insolent lyrisme, son style parfois cru, souvent désabusé, tout à la fois drôle et touchant.
Et tandis que le monde du livre et ses petits salons en prennent pour leur grade, on se plaît à suivre le quotidien pas si quotidien de notre écrivain confidentiel (et de Xavier !), on se surprend à vibrer de suspense pour savoir s’il parviendra à reconquérir sa belle.
En bref et comme à son habitude, Florent Oiseau transcende le commun et nous offre un titre qui “émeut autant qu’il réjouit”. Oui, c’est tout à fait ça.