Un premier voyage pour un dernier voyage : “Sous le soleil de Soledad” de Laurence Peyrin, paru en avril 2023 aux éditions Calmann Levy.
Le pitch : La Floride, de nos jours. Depuis qu’elle est toute petite, tout le monde appelle Cassie par son surnom, Mama Cass, comme la chanteuse pop. Elle a cinquante ans, elle est complexée par ses kilos, solitaire, désenchantée. Sa vie tourne autour du safari-alligators hérité de ses parents, qui embarque les touristes en aéroglisseur pour observer les merveilles de la nature dans les Everglades. Elle n’a qu’un ami, Oleg, qui la fait rire et supporte son caractère. Quand elle retrouve sa grande maison vide, le ménage est fait, par Soledad, une Mexicaine âgée qui travaillait déjà pour ses parents.
Un soir, Mama Cass découvre Soledad étendue sur le tapis du salon. Morte. Crise cardiaque. Qui prévenir ? Un peu honteuse, elle se rend compte qu’elle n’en sait rien. En furetant, elle trouve dans un tiroir un mot de Soledad : « Mademoiselle Cassie, quand je serai morte, ramenez-moi chez moi. »
Mama Cass n’est jamais sortie de Floride. Mais elle se sent tenue de respecter ces dernières volontés. Pour la première fois de sa vie, elle va prendre l’avion, et partir pour le Yucatan, à la recherche des origines de Soledad, la Mexicaine aux yeux clairs. Au cours de son voyage, elle découvrira l’amitié, incongrue, et l’humanité des autres…Et le goût de la vie.
Plus qu’une lecture, chaque roman de Laurence Peyrin constitue une aventure. Une aventure multiple, de celles qui marquent, qui restent, de celles qui enrichissent autant qu’elles divertissent. Une aventure à différents endroits, différentes époques mais toujours aux côtés de femmes inspirantes, à l’image de leur autrice. La mienne a commencé à Montaigu il y a quelques années, je découvrais alors Zelda Zonk mais je digresse. Il faut qu’on parle de Soledad. Et de Cassie.
Mama Cass n’est pas un personnage facile à apprivoiser. Elle ne s’aime guère donc se fait volontairement distante et ne laisse aucune place aux sentiments. Il n’y a que son ami Oleg qui parvienne à la supporter et réciproquement. Elle ne sait même rien de Soledad, femme de ménage au service de sa famille depuis des temps immémoriaux… Mais c’est à son décès qu’elle en prend conscience, lorsqu’elle doit honorer ses dernières volontés.
Alors Mama Cass arme son cœur et son âme de courage et, pour la première fois de sa vie, elle quitte la Floride en direction du Mexique. Sur les traces de Soledad. Et sur les siennes, sans le savoir. Pour la retrouver, et se retrouver, elle aussi. Alors Mama Cass se rappelle de Cassie, celle qu’elle a toujours été mais qu’elle a enfoui sous des tonnes de reproches, complexes et autres déconsidérations. Alors Mama Cass s’ouvre au monde, s’ouvre aux autres, s’ouvre à nous. Elle se transforme… Non : Elle se métamorphose, telle une chenille s’extirpant de sa chrysalide pour devenir le papillon qui s’envole. Sous le soleil de Soledad. Sous le soleil de l’improbable amitié qu’elle va nouer avec Viva. Sous le soleil d’une lecture qui fait du bien.
Rarement j’ai pu dire avec autant d’exactitude qu’un livre m’avait fait du bien. Rarement je me suis laissée emporter et émouvoir par une plume aussi belle et attrayante, un style aussi vif et pétillant. Rarement je me suis attachée avec autant de force à des personnages. Rarement j’ai appris auprès d’eux autant qu’ils ont appris les un(e)s des autres. Rarement je les ai quittés avec autant de regret.
En bref, je persiste et signe : plus qu’une lecture, chaque roman de Laurence Peyrin constitue une aventure. Encore et toujours. Chaque aventure est différente. Mais l’ADN de Laurence Peyrin est unique. Sincère et généreux. Vivant.