“C’est tout de même quelque chose, un dolmen” : “Sur la dalle” de Fred Vargas, paru en mai 2023 aux éditions Flammarion.
Le pitch : “— Le dolmen dont tu m’as parlé, Johan, il est bien sur la route du petit pont ?
— À deux kilomètres après le petit pont, ne te trompe pas. Sur ta gauche, tu ne peux pas le manquer. Il est splendide, toutes ses pierres sont encore debout.
— Ça date de quand, un dolmen ?
— Environ quatre mille ans.
— Donc des pierres pénétrées par les siècles. C’est parfait pour moi.
— Mais parfait pour quoi ?
— Et cela servait à quoi, ces dolmens ? demanda Adamsberg sans répondre.
— Ce sont des monuments funéraires. Des tombes, si tu préfères, faites de pierres dressées recouvertes par de grandes dalles. J’espère que cela ne te gêne pas.
— En rien. C’est là que je vais aller m’allonger, en hauteur sur la dalle, sous le soleil.
— Et qu’est-ce que tu vas foutre là-dessus ?
— Je ne sais pas, Johan.”
A vous je peux bien l’avouer mes Bookinautes adorés… Jusque-là, nous n’avons jamais eu d’atomes crochus, Fred Vargas et moi : ses histoires rocambolesques n’étaient décidément pas compatibles avec ma rigueur procédurale. Et puis j’ai rencontré Hugo Boloren, le fantasque héros de Victor Guilbert, et vous savez que j’affectionne tout particulièrement ceux deux-là pour avoir lu et aimé leurs trois romans… Trois romans qui ont su rappeler Jean-Baptiste Adamsberg à mon bon souvenir. En effet, Boloren et sa bille m’ont fait penser à Adamsberg et ses bulles… Puisque j’appréciais l’un, pourquoi ne laisserais-je pas une nouvelle chance à l’autre ? “Sur la dalle” est alors arrivé en librairie… L’heure des retrouvailles avaient sonné : Chouchen !
Pour l’occasion, Fred Vargas nous emmène en Bretagne, son décor et sa nature, ses habitants et ses superstitions, son vicomte et ses ombres… Adamsberg est ainsi envoyé à Louviec, où les meurtres se multiplient plus vite que les menhirs, afin d’y démontrer l’innocence de Josselin, descendant de Chateaubriand himself et sosie parfait de son illustre ancêtre : Pensez donc, un tel personnage en détention, voilà qui ferait défaut, porterait une grave atteinte au tourisme comme aux Mémoires d’Outre-Tombe !
C’est dans ce contexte qu’on retrouve le pelleteux de nuages et commissaire lunaire qu’est Adamsberg, lequel s’en va s’affaler “sur la dalle” afin d’y attiser son nébuleux flair entouré d’une garde rapprochée pour une enquête double au sommet (du dolmen, donc). Vous l’aurez compris, l’intrigue est toujours aussi tarabiscotée, son principal protagoniste toujours aussi perché (au sens propre comme au sens figuré)… Mais cette fois-ci j’ai lâché prise et me suis laissée porter par la plume excentrique de cette singulière autrice. Si j’ai rapidement deviné qui était le coupable, j’ai finalement accroché à cette écriture déroutante, à ce style original, à cette affaire alambiquée, à cet enquêteur improbable. Je me suis surprise à vouloir revoir Adamsberg – et plus encore ses acolytes – pour d’autres aventures abracadabrantesques, et pourquoi pas la précédente enquête sur les jeunes filles dont il a parfois été question dans cet ouvrage (si certains d’entre vous savent de quel livre il s’agit, je suis toute ouïe !).
En bref, entre deux gueuletons bretons et quelques piqûres de puces, l’envie m’est venue de renouer avec le Commissaire Adamsberg : A vos suggestions mes Bookinautes, c’est désormais sur vous que mes livresques investigations reposent car, moi, “Je ne sais pas”…