Direction Rouen pour un twist émouvant : “Mon cœur a déménagé” de Michel Bussi, paru ce 11 janvier 2024 aux Presses de la Cité.
Le pitch : La mort d’une mère
La quête d’une fille
Une vengeance implacable
“Papa a tué maman.”
Rouen, avril 1983. Ophélie a – presque – tout vu, du haut de ses sept ans. Mais son père n’est pas le seul coupable. Un autre homme aurait pu sauver sa mère.
Dès lors, Ophélie n’aura plus qu’un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu’à la vérité. Et, patiemment, accomplir sa vengeance…
Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de la vie d’Ophélie sera marquée par sa quête obsessionnelle et bouleversante.
Dans une intrigue qui mêle roman d’amour et d’amitiés, récit initiatique et manipulations, Michel Bussi dessine aussi une fresque sociale inédite des années 1990.
Michel Bussi fait partie de ces auteurs dont j’attends chaque roman comme un rendez-vous. De ces romans qu’on se procure sans même consulter la quatrième de couverture. De ces romans dont on sait que la vérité est toujours plus complexe qu’il n’y paraît… De ces romans qui n’ont jamais fini de nous captiver… Et tandis que France Gall s’incrustait immanquablement dans ma lecture, ce nouveau titre de Michel Bussi ne fait décidément pas exception à la règle…
Passé Maître dans l’art de l’entourloupe littéraire, Michel Bussi parvient à renouveler ses intrigues comme ses idées sans oublier de twister d’une façon ou d’une autre, inimitable marqueur génétique de son écriture. Cette fois-ci, l’auteur nous ramène en Normandie, à Rouen et ses environs, pour nous y présenter Folette. Folette (Ophélie) qu’on rencontre en plein drame alors qu’elle n’a que sept ans. Sa mère est décédée, son père est condamné, la voici bientôt placée auprès de l’Aide sociale à l’enfance où ses repères sont bouleversés… Mais pas sa soif de vengeance ni son besoin de vérité.
Et c’est ainsi qu’on embrasse cette double quête – astucieusement orchestrée – sans hésiter, trop ému, trop touché par la situation de cette jeune fille à fleur de peau à laquelle on a tôt fait de s’attacher. Au fil des pages, des chapitres, des parties, on la voit évoluer, bon gré, mal gré, entrer dans les affres de l’adolescence puis ceux de la vie estudiantine, mais sans jamais perdre de vue son enquête, sa propre enquête, avec ses pistes et ses suspects, ses témoins et ses coupables.
Mais si un roman de Michel Bussi ne saurait exister sans ses rebondissements, revirements, retournements qui font qu’on ne peut assembler toutes les pièces du puzzle qu’une fois la dernière page tournée, l’auteur en profite également pour explorer des thématiques fortes telles que l’amour – au sens le plus large et sous tous ses aspects -, la résilience ou le pardon, tout en dressant une intéressante fresque sociale de notre société dans les années 1980/1990, dont les failles sont sans doute toujours d’actualité.
Et nos certitudes vacillent sous une plume fluide, sensible et éloquente, un style agréable et soigné, fort distrayant… Pour une lecture toujours aussi prenante, qui nous tient en haleine de bout en bout.
En bref, encore une formidable intrigue placée sous le signe de la Grande Ourse et sous le regard de Bolduc en compagnie d’une jeune femme qu’on ne quitte qu’à regret.