“Vivre, c’est choisir ce qu’on va faire dans la journée, et avec qui. Si on oublie ça, on ne fait qu’exister” : “Monsieur Antoine” de Laurent Malot, paru ce 18 janvier aux éditions XO.
Le pitch : Une bouffée d’oxygène… pour rallumer les feux qui s’éteignent.
À 70 ans, sans prévenir, Antoine Lagadec vend son imprimerie à Orsay, en région parisienne, et s’installe à Saint-Ambroise, zone pavillonnaire d’une petite ville du Jura. Avec ses costumes de gentleman et son vieux pick-up américain, il détonne. Son énergie et sa fantaisie touchent vite le cœur des habitants qui, pour la plupart, n’ont qu’un rêve : quitter ce lieu endormi où seule la brasserie Chez Suzie apporte vie et chaleur.
À Saint-Ambroise, Antoine croise la route de Faustine, veuve et retraitée qui ne croit plus guère en l’amour, et celle de Louise, ado passionnée de photo, en révolte contre ses parents. L’une et l’autre comprennent que Monsieur Antoine, comme tous l’appellent, cache des douleurs qui affleurent peu à peu. Il n’a pas déménagé d’Orsay, il a fui. Contre toute attente, ce sont elles qui pourraient bien lui venir en aide…
Avec sensibilité et justesse, Laurent Malot nous parle de regrets mais aussi de rédemption, d’amitié et d’espérance.
En lice pour le Prix RTL / Lire magazine 2024.
Lorsque Laurent Malot m’a contacté afin de me faire découvrir son nouveau roman, j’ai dit oui sans réfléchir ni hésiter. J’ai dit oui sans même connaître le titre ni le résumé. J’ai dit oui car, peu importe le sujet, j’ai une confiance absolue dans ce qu’il s’apprête à me raconter. J’ai dit oui car chaque roman est différent, mais chaque roman sait m’émouvoir et m’emporter… J’en ai lu neuf, il en a écrit dix : Parole de lectrice passionnée… Et avisée !
Cette fois-ci, Laurent Malot nous emmène à Saint-Ambroise, zone pavillonnaire de Jarlieu, petite bourgade au fin fond du Jura. C’est dans ce quartier vieillissant pour ne pas dire fané que s’installe Antoine Lagadec, 70 ans printemps au compteur à l’arrivée de l’automne. Un bonhomme aussi mystérieux que détonnant avec son costume en tweed, son pick-up et son jeune toutou qui débarque là où tout le monde cherche à fuir… A moins que lui-même ne soit justement en train de fuir…
Laurent Malot parvient encore à transcender l’ordinaire en évoquant des valeurs essentielles à travers une intrigue authentique et prenante, bienveillante et attrayante, en compagnie de personnages fort touchants. L’amour et l’amitié, évidemment, mais aussi l’espoir et la passion, le pardon et la rédemption, la renaissance et la reconstruction. Très vite Monsieur Antoine – Clint Eastwood pour les intimes – va s’intégrer au Clan tout en le bousculant, tout en insufflant une nouvelle énergie à ses voisins endormis dans leur âge, tout en les extirpant bien malgré eux de leur apathie sans même réaliser que lui aussi a droit à une seconde chance tandis qu’on découvre peu à peu sa propre vie.
Très vite on se laisse embarquer par ce récit, dont on devine certains éléments mais qui se lit d’une traite sans crier gare tant on enchaîne les chapitres avec envie. Très vite on s’attache aux protagonistes, Antoine bien sûr mais aussi aux habitants du quartier, avec Faustine, Louise et Suzie en première ligne et jusqu’au plus fermés, renfermés, jusqu’à Léa qu’on finit par amadouer… Sans oublier Woopie qu’on aura tôt fait d’adopter. Des personnages terriblement justes et profondément humains qu’on quitte peut-être un peu trop vite, qu’on quitte surtout à regret.
Mais ce roman ne serait pas si empathique et émouvant s’il n’était pas servi par une plume fluide, sensible et stimulante, un style vif, teinté d’humour et de tendresse… Une écriture vivante !
En bref, rencontrer “Monsieur Antoine“, c’est effectivement s’offrir une bouffée d’oxygène mais pas seulement, c’est profiter d’un roman résolument optimiste et lumineux, partager des émotions en pagailles, savourer un instant de bonheur, s’accorder une cure de dynamisme !