Belle découverte que ce roman noir d’où jaillit pourtant un peu de lumière : “Maintenant que l’hiver” d’Olivier Sebban, paru le 03 janvier 2024 aux éditions Rivages.
Le pitch : Un hiver sans précédent règne sur la France en raison du changement climatique. Un État néototalitaire s’y installe. Son idéologie faussement bienveillante interdit les moteurs thermiques et la consommation de viande. Thomas, ancien mécanicien moto, tente de chercher sa voie dans cet univers. Trahi par les siens, il est impliqué malgré lui dans un trafic de viande clandestin, en pleine expansion depuis la Grande Prohibition.
Avec son ami Sofiane, il survit dans une ville partagée entre quartiers aisés et délabrés. Dans un territoire morcelé où plus personne ne circule librement, tous deux vont à la rencontre d’une humanité migrante dont les filières se confondent avec celles du trafic carné.
L’histoire d’amour entre Thomas et Sandra, fille d’une députée influente, va changer sa vie ainsi que celle de Sofiane, précipitant les deux amis dans une machination politique, et le pays dans des émeutes et le chaos.
Entre tableau dystopique et récit réaliste, Maintenant que l’hiver nous livre le portrait d’un jeune homme désœuvré dans un monde à la dérive.
Je ne connaissais pas cet auteur ni sa bibliographie avant d’apprendre que j’animerais une table ronde au Salon “Livres en fête” de Saint-Raphaël en sa compagnie et celle de Sophie Loubière pour évoquer “Le monde à la dérive”. Je remercie donc Georgia pour cette formidable rencontre, mais également les éditions Rivages qui m’ont très gentiment envoyé cet ouvrage fraichement débarqué en librairie.
Pour mon incursion dans l’univers d’Olivier Sebbban, je me suis retrouvée au cœur d’une dystopie. Le monde, demain, plongé dans un rude hiver qui semble ne connaître aucune fin, la faute au réchauffement climatique. Un pays ravagé, plus clivé que jamais dans lequel on survit plus qu’on ne vit sous la Grande Prohibition, maintenant que la consommation de viande comme les moteurs thermiques sont interdits. Une intrigue crépusculaire dans la maîtrise des émotions pour mieux nous en submerger d’une page à l’autre. Une histoire d’amour en plein chaos, sur fond d’émeutes et machinations politiques.
Et dans tout cela ? Thomas, Sofiane, Sandra. Trois protagonistes que l’on va rencontrer, côtoyer, apprivoiser. Trois être désœuvrés, chacun à leur façon. Trois âmes que la vie n’entend pas épargner, peu importe les différences qui les caractérisent. Sous couvert de fiction et à travers eux, l’auteur souligne les failles de notre société, ce vers quoi elle se laisse entraîner pour le meilleur qu’on oubliera bien vite au profit du pire, comme pour mieux éveiller nos consciences et nous alerter. Il en profite aussi pour aborder des thématiques fortes telles que la famille – ses figures, ses liens – dans tout ce qu’elle peut avoir de bon ou mauvais, bancal, toxique… A l’ombre d’une cathédrale comme un personnage à part entière, comme un phare en pleine tempête dans ce tumulte littéraire.
Un texte qui ne serait pas aussi marquant sans la plume de l’auteur, tout à la fois déroutante et déconcertante mais aussi unique, qui nous offre presque un film en noir et blanc, qui participe et contribue elle-même au récit.
En bref, “Maintenant que l’hiver” se révèle une dystopie différente tout en étant crédible… Me reste maintenant à découvrir les précédents titres de la bibliographie d’Olivier Sebban !