Un roman tout à la fois troublant et fascinant : “Omero, le fils caché” de Christos Markogiannakis, paru en septembre 2023 aux éditions Plon.
Le pitch : Omero est mort deux fois. Une première fois à sa naissance – un certificat de décès l’atteste –, une seconde fois ses soixante ans passés. Quel est ce mystère ?
Le 30 mars 1960, une femme met au monde un enfant prématuré. Il s’agit de Maria Callas. Le père est Aristote Onassis. Le nouveau-né est déclaré mort dans les heures qui suivent. Et s’il avait survécu ?
Commence ici l’incroyable histoire d’Omero Lengrini, leur fils caché. Sur les traces de ses illustres parents, d’Athènes à Rome, de Paris à New York, Omero va tirer au clair une saga familiale tissée de mensonges, de manipulations et de tromperies. Une histoire jusqu’ici inconnue.
Un roman à couper le souffle sur la légende du fils caché de ce couple iconique. Christos Markogiannakis signe un texte troublant où se conjuguent la fiction et l’histoire, la rencontre du polar moderne et de la tragédie grecque.
Qu’il nous emmène sur une scène de crime au musée, au Louvre ou à Orsay, ou bien en Grèce pour enquêter aux côtés du Capitaine Markou, c’est toujours un immense plaisir de retrouver Christos Markogiannakis en librairie. Mais l’auteur a plus d’une plume dans son encrier et quitte cette fois-ci la littérature noire au profit de la blanche le temps d’un roman, bien plus sombre et déroutant qu’il n’y paraît… Car s‘il s’agit bel et bien d’une fiction, l’auteur s’est considérablement documenté pour y intégrer un certain nombre d’éléments tout à fait avérés et ainsi s’ancrer dans la réalité afin de semer le doute dans notre esprit, et ce dès le prologue, astucieusement bien tourné.
Mais qu’importe si l’histoire est vraie ou non, l’essentiel est surtout qu’elle nous passionne. Car oui, on se passionne pour Omero et son incroyable destin qu’il prend soin de retracer depuis sa plus tendre enfance dans un cocon doré mais isolé. Plus que caché, cet enfant secret n’aura de cesse de se réapproprier son passé, son identité, sa vérité. Toute sa vie durant, il se mettra en quête de ses parents si célèbres dont il est resté à l’écart, pour apprendre à les connaître, quelles que soient les destinations, les déceptions, les épreuves et les difficultés. Jamais un nom ne sera lâché, pourtant nous n’aurons aucun mal à identifier chaque protagoniste de cette saga familiale qui a tout d’une tragédie grecque… Et les absents n’auront jamais été aussi présents au fil des pages comme des années.
“Cette histoire est totalement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre”, disait Boris Vian, alors on y croit à cette histoire. On y croit et on s’en émeut au gré des chapitres, suffisamment courts pour donner du rythme au récit, servi par une plume fluide, agréable et soignée, un style plein d’élégance. On y croit et on la quitte à regret, cette histoire. Car elle est belle… Digne d’un roman, à n’en point douter.
En bref, je ne savais pas trop où j’allais et, une fois encore, Christos Markogiannakis nous emporte avec cette “biofictive” passionnément romanesque. Je suis ravie d’avoir pu animer une table ronde au Festival du Livre de Créteil en sa compagnie afin de pouvoir l’évoquer avec lui !