
Un thriller bouleversant, d’une noirceur lumineuse : “Everglades” de R.J. Ellory, paru le 10 avril 2025 aux éditions Sonatine.
Le pitch : Août 1976. Garrett Nelson est shérif adjoint en Floride. Lors d’une arrestation qui tourne mal, il est grièvement blessé. C’en est fini pour lui du service actif. Suivant les conseils de sa thérapeute, Hannah Montgomery, il rejoint le père et le frère de celle-ci à Southern State, en tant que gardien au pénitencier d’État. Édifiée sur l’emplacement d’une ancienne mission espagnole située au beau milieu des Everglades, la prison est censée être d’une sécurité absolue. Et pourtant… Entre un étrange suicide et une curieuse évasion, l’instinct d’enquêteur de Nelson reprend vite le dessus. Dans ce milieu clos, cerné par une nature hostile, il va bientôt se rendre compte que les murs renferment des secrets aussi dangereux que bien gardés.
Plonger dans un roman de R.J. Ellory, c’est toujours s’offrir un moment de lecture d’une rare intensité. De “Seul le silence” à “Papillon de nuit” en passant par “Mauvaise étoile“, “Au nord de la frontière” ou “Le carnaval des ombres“, chaque ouvrage se révèle un remarquable combo de tout ce que la littérature noire recèle de meilleur. Et ce nouvel opus ne fera décidément pas exception, tant je n’en suis pas sortie indemne…
Avec “Everglades“, R.J. Ellory ne se contente pas de nous raconter une simple histoire. Il nous propose une véritable expérience littéraire doublée d’une bouleversante aventure humaine. L’auteur nous entraîne en effet dans l’enfer d’un pénitencier américain et jusque dans son couloir de la mort, au cœur des années 1970. Les descriptions sont telles que le terme “immersif” ne suffit pas pour caractériser ce récit. Non, il est vivant, il vibre, il nous éprouve jusqu’au plus profond de notre cœur et de notre esprit, notamment lors de l’exécution d’un personnage sur la sinistre chaise électrique installée dans le beffroi…
J’ai évidemment pensé à “La Ligne verte” du grand Stephen King, mais également à un épisode de la série “Esprits criminels“, qui s’appelle “Requiem” il me semble… Ces pages sont un véritable maëlstrom d’émotions, aussi ai-je également pensé aux ouvrages de Karine Giebel… “Everglades“, c’est une intrigue remarquablement bien ficelée, particulièrement sombre mais d’où jaillit pourtant la lumière, une profonde réflexion tant sur la peine capitale que sur la nature humaine, une véritable introspection doublée d’une quête de vérité, sans jamais qu’il nous soit asséné la moindre leçon, on n’est pas là pour ça.
Si l’auteur plante son décor comme personne, il sait aussi ménager son suspense et installer une ambiance de circonstance, tout à la fois glaçante et étouffante. Mais plus encore, R.J. Ellory nous présente des protagonistes croqués avec beaucoup de justesse et une incroyable sensibilité. Je vous parlerai évidemment de Garrett Nelson et de Hannah Montgomery, j’évoquerai également la famille de cette dernière… Je pense encore à certains détenus, à un en particulier… Autant de personnages dotés d’un vrai supplément d’âme, profondément touchants pour certains, qui ne laissent pas indifférents dans tous les cas.
J’en terminerai avec la plume de l’auteur, tout à la fois sobre et élégante, brute et ciselée, fine et percutante. En résulte un roman noir puissant, émouvant, captivant… Terriblement humain et impossible à oublier.
En bref, il est difficile de quitter la Floride, les Everglades, Southern State, Garrett Nelson et R.J. Ellory, même après la dernière page tournée…