
Quand un auteur se fait romenquêteur pour rappeler un crime passé un inaperçu : « La trahison de Sunset Park : L’histoire vraie du mort en trop du 11 septembre » de Victor Guilbert, paru le 14 mai 2025 aux éditions Flammarion dans la collection Samuraï.
Le pitch : Intrigué par une rumeur sur des Français qui auraient caché un cadavre dans les décombres des attentats du 11 septembre 2001, Victor Guilbert part en quête de l’histoire derrière la légende. Une histoire qui va se révéler aussi vraie que tragique, celle d’un meurtre au sein d’une colocation franco-italienne de Brooklyn. De New York à Paris, l’auteur mène l’enquête sur ce fiasco judiciaire. Fiasco qui permettra à l’un des complices de poursuivre sereinement, aujourd’hui encore, une carrière impressionnante…
Bien qu’impatiente de replonger dans l’univers de Victor Guilbert, que j’avais découvert en compagnie de l’intrigant Hugo Boloren, personnage récurrent qu’on rencontre à « Douve », qu’on retrouve en « Terra Nullius » et qu’on rejoint dans les « Brouillards » de New York, je pensais patienter jusqu’à Créteil pour le revoir et me procurer un exemplaire dédicacé de son nouvel ouvrage. Sa participation au Polartifice les 13 et 14 juillet prochains aura finalement précipité ma lecture… Pour mon plus grand régal et ma plus grande surprise !
En effet, je ne m’attendais pas à repartir Outre Atlantique avec l’auteur, pour enquêter sur une histoire vraie qui plus est. Et pourtant…
Installé à New York depuis maintenant quelques temps, Victor Guilbert s’est vu confier la délicate mission de faire toute la lumière sur cet odieux crime commis en 2001, enfoui dans les décombres d’une actualité tragique qui a changé à jamais la face du monde. Un dramatique fait divers qui a pâti du temps qu’il a fallu pour mener à bien les investigations mais aussi des mentalités, et a conduit à un sinistre fiasco judiciaire. Une affaire complètement ahurissante qu’on n’aurait sans doute pas crue s’il s’agissait d’un roman. Et pourtant…
Tout est vrai ou presque dans ce bouquin. A la manière d’un Philippe Jaenada 2.0, plus concis mais tout aussi investi, Victor Guilbert n’a pas ménagé ses efforts et s’est ainsi pris la réalité de plein fouet, tout comme son lecteur d’ailleurs. Entre Ze FOB et Philippe Delerm, il interroge, questionne, sillonne, arpente la ville entière et au-delà pour comprendre ce qu’il s’est passé dans ce petit appartement de Brooklyn en sous-location franco-italienne. Il a changé les noms, fictionné quelques anecdotes mais nous livre tout ce qu’il sait, tel qu’il l’a appris, avec les émotions qu’il a ressenties et un peu d’humour de temps à autre pour alléger la noirceur du propos. C’est effarant. Et pourtant…
L’histoire nous attrape autant que son auteur. C’est intéressant, presque fascinant, c’est touchant aussi, et le titre prend tout son sens sitôt la dernière page tournée. On en ressort un peu groggy, ahuri par les cafouillages dont nous sommes témoins par page interposée. Et on réfléchit.
En bref, j’ai beaucoup aimé cette littérature du réel dans laquelle s’est lancé l’auteur à travers cet ouvrage, nous livrant ainsi une autre facette de sa plume qui n’a sans doute pas fini de nous étonner !