
Un beau livre à plus d’un titre : “Les yeux de Mona” de Thomas Schlesser, paru le 31 janvier 2024 aux éditions Albin Michel et désormais disponible au Livre de Poche.
Le pitch : Cinquante-deux semaines : c’est le temps qu’il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde. C’est le temps que s’est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l’initier, chaque mercredi après l’école, à une oeuvre d’art, avant qu’elle ne perde, peut-être pour toujours, l’usage de ses yeux.
Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Ensemble, ils vont s’émerveiller, s’émouvoir, s’interroger, happés par le spectacle d’un tableau ou d’une sculpture. Empruntant les regards de Botticelli, Vermeer, Goya, Courbet, Claudel, Kahlo ou Basquiat, Mona découvre le pouvoir de l’art et apprend le don, le doute, la mélancolie ou la révolte, un précieux trésor que son grand-père souhaite inscrire en elle à jamais.
Une fois n’est pas coutume, si j’ai tardé à bouquiner ce roman, ce n’est pas par manque de temps, non. C’est par crainte d’une déception au regard des nombreux éloges dont il faisait l’objet. A l’instar de la saga “Blackwater“, j’ai donc préféré patienter. Et j’ai bien fait. Car depuis, j’ai rencontré son auteur au Festival du Livre de Paris, pour un échange… De toute beauté, dans la bonne humeur et la simplicité. Et après l’avoir lu tranquillement, dans la plus grande sérénité, j’ai pu me forger ma propre idée, et je m’inscris dans les moult louanges qui lui ont déjà été livrées.
Je dirais en préambule que la lecture de ce bouquin a confirmé ce que je pensais : Cette aventure dans les allées de l’art n’est pas sans rappeler celle que nous a proposé Jostein Gaarder sur les chemins de la philosophie dans “Le Monde de Sophie“, un ouvrage que j’avais également adoré.
En formidable expert qu’il est, Thomas Schlesser se fait pédagogue sans être assommant, didactique sans être barbant, et nous offre ainsi une intrigue tout à la fois prenante et passionnante, enrichissante et fascinante. Redoutant que sa petite fille ne perde la vue avant d’avoir profité des merveilles du monde, un grand-père érudit l’entraîne en secret dans les couloirs des plus grands musées parisiens pour l’initier à l’art… Comme à la vie. Cinquante-deux semaines pour s’intéresser à autant d’œuvres et leurs artistes, pour les admirer, s’en émouvoir et ou s’en révolter, pour y réfléchir et s’en inspirer afin d’appréhender sa propre existence autrement.
L’occasion nous est offerte de nous immiscer dans cette famille, et plus particulièrement dans la magnifique relation qu’entretient Mona avec son grand-père. C’est profondément touchant, émouvant, tant c’est sincère et authentique, empreint de finesse et de sensibilité.
Soutenue par une plume fluide, élégante et soignée, un style aussi attrayant que distrayant, l’histoire n’en est que plus enivrante, envoûtante, nous procure d’autant plus d’émotions qu’on en ressort comblé sur bien des plans.
En bref et sans grande originalité, j’ai beaucoup aimé ce roman tout à la fois initiatique et introspectif, véritable rampe d’accès à l’art, à la vie et à soi aussi.