Chroniques 2025 \ Et brûlent les enfances de Virginie Noar

L’origine de la violence : “Et brûlent les enfances” de Virginie Noar, paru le 22 août 2025 aux éditions Les Pérégrines.

Le pitch : « Avant Marie, la vie ressemblait à une errance infinie sur terrain vague, grands espaces et pâle caillasse. Certaine de trouver quelque chose de valable au bout du chemin rocailleux, je ne rêvais qu’à cette petite sœur qui viendrait un jour ou l’autre embellir les hivers, embellir les ennuis. Au fond, il s’agissait sûrement du désir de conserver l’enfance, paradis perdu et tout le tintouin, acte désespéré contre le temps déployant à toute vitesse ses emmerdes et ses rides. »
Quand Annick leur présente Adama, Alice et ses frères se réjouissent de l’arrivée de ce beau-père au rire flamboyant, bientôt suivie de la naissance de la petite Marie. Mais le bonheur ne dure pas et chacun va devoir composer à sa manière face au délitement familial. Un roman brûlant de poésie sur les enfances volées et les origines de la violence, porté par une langue incandescente et une narration sur le fil.

A l’heure où je partagerai cette chronique, je serai très probablement sur la route – plus précisément sur les rails – du salon des Livres dans la Boucle qui se tient à Besançon dès aujourd’hui jusqu’à dimanche. C’est dans le cadre de cet évènement que j’ai eu le plaisir de découvrir la plume de Virginie Noar, en vue d’une table ronde en sa compagnie, avec Lise Charles et Jacques Expert… Et voici un roman qui porte judicieusement son titre, tant sa lecture se révèle incandescente.

C’est avec Alice qu’on intègre cette famille. Le regard est double pour appréhender la situation dans toute sa dimension… On apprend alors à connaître cette grande sœur parentifiée, ses deux frères et leur mère célibataire qui semble rencontrer celui qui incarnera ENFIN la figure paternelle de la famille, qui s’agrandit avec l’arrivée de la petite Marie. Seulement voilà, alors que le ciel semble enfin se dégager pour laisser le soleil briller, l’horizon s’assombrit sans crier gare pour devenir orageux et déclencher l’incendie qui ravagera ces existences déjà meurtries.
C’est une histoire d’amours cabossées et de destins brisés, d’enfances volées et d’espoirs consumés que l’autrice nous narre ici. A travers des personnages fort bien dépeints, profondément humains, on assiste à l’anéantissement d’un rêve familial et au naufrage de l’enfance. Chacun essaiera de garder la tête hors de l’eau… Et en aînée, Alice fera tout sauver, protéger, préserver sa fratrie, au risque de s’oublier, de sombrer, de se sacrifier.
Ainsi le récit s’avère bellement triste et tristement beau. On déplore notre impuissance face aux évènements et on referme cet ouvrage à regret. Regret d’abandonner tout ce petit monde à son sort, contraint et forcé de (se) reconstruire sur les décombres tandis que la structure narrative, très habile, révèle tout son intérêt au dénouement. Portée par une plume saisissante, tout à la fois fluide, juste et teintée de poésie, servie par un style vif, brut et percutant, la lecture n’en est que plus touchante, plus brûlante.

En bref, l’autrice évoque avec beaucoup d’éloquence les traumas de la violence à hauteur d’enfant, pour un roman qui nous reste à l’esprit durablement.

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