Une bien belle découverte, aussi sombre que prenante : “La mémoire dans le sang” de Marie Compagne, paru en juin 2020 aux éditions Amanite et en lice pour le Prix des Auteurs Inconnus dans le catégorie littérature noire.
Le pitch : C’est un macabre tableau qui attend la Capitaine Sybille Lievič en ce froid matin de novembre 2018. Le corps d’une femme vient en effet d’être retrouvé derrière le rideau du confessionnal d’une église lilloise avec une croix autour du cou dans laquelle a été glissé un étrange quintil. Entièrement vidée de son sang, la victime présente en outre deux petites incisions au niveau du cou… Se pourrait-il qu’un vampire ait fait le coup ?
De mémoire de lectrice passionnée, c’est à l’occasion d’une rencontre littéraire organisée à la bibliothèque de Raimbeaucourt que j’aurais dû rencontrer Marie Compagne… Prévue l’an dernier, celle-ci a – malheureusement mais évidemment – été annulée pour les raisons que vous connaissez, et c’est finalement de manière virtuelle dans le cadre du Prix des Auteurs Inconnus que j’ai plongé dans cette lecture au résumé si alléchant : En effet j’ai la chance de faire partie du jury de cette formidable aventure littéraire et j’en profite ici pour chaleureusement remercier les organisatrices de leur confiance renouvelée mais aussi leur travail acharné !
Mais revenons-en à nos canines : c’est une intrigue originale et bien construite que l’autrice nous propose ici. Alternant judicieusement les chapitres, Marie Compagne nous fait d’abord remonter dans le passé à la rencontre de la petite Elvire, jeune fille particulièrement fascinante souffrant d’une maladie rare, pour ensuite nous ramener dans le présent et nous entraîner sans délai ni détour sur la scène de crime, le premier d’une série sur laquelle on pourrait bien se casser les dents aux côtés du Capitaine Lievič et son équipe. Si l’on peut peut-être déplorer quelques longueurs et un léger manque de suspense, c’est parce l’intérêt de l’intrigue ne porte pas tant sur la révélation du coupable que ses motivations et c’est assez réussi.
A travers ces pages, l’autrice revisite habilement la thématique du vampire, avec de belles références littéraires et cinématographiques qui sauront ravir les amateurs du genre dont j’avoue bien volontiers faire partie, mais la richesse de l’intrigue tient surtout à la complexité de ses personnages, fort bien croqués jusque dans leurs moindres failles pour leur apporter un véritable supplément d’âme. Je regrette d’ailleurs d’avoir découvert Marie Compagne et sa Capitaine à travers cet opus au lieu de leur précédent (et premier) forfait, non pas que cela nuise à la compréhension du roman mais justement pour ces personnages fort intéressants qui auraient sans doute mérité plus d’attention encore.
Servie par une plume fluide et agréable, un style soigné et élégant, l’histoire se lit avec plaisir et curiosité de la première à la dernière ligne.
En bref, un second opus fort plaisant qui ne manque pas de mordant : Il me faut “La nuit avalera le mal” afin de retrouver Sybille et Emma, pour ainsi rattraper mon retard !