Un roman bouleversant, aussi beau que douloureux, d’une résonnance rare… Sans aucun doute le plus intime et poignant de l’auteur : “L’Oiseau bleu d’Erzeroum” de Ian Manook, paru en avril aux éditions Albin Michel.
Le pitch : “Ceci est l’histoire romancée de mes grands-parents, à partir du récit que ma grand-mère n’a jamais pu achever, tant l’horreur de ce qu’elle avait vécu finissait par l’étrangler de sanglots. Pour sa mémoire, et celle de toutes les autres victimes, je n’ai pas voulu occulter la violence du génocide dans le temps. La déportation d’Araxie a duré plus de six mois, et je lui ai accordé le nombre de pages qui me semblait juste pour en témoigner.”
1915, aux environs d’Erzéroum. A seulement dix et six ans, Araxie et sa sœur Haïganouch vont connaître l’horreur du génocide arménien, perpétré par les Turcs sous les œillères du monde entier. A seulement dix et six ans, Araxie, Haïganouch mais aussi tous les autres vont apprendre, bon gré mal gré, à survivre à l’inhumanité des hommes…
Profitant de mes congés pour rattraper mon retard blogulaire et bouquiner comme jamais, je me suis enfin plongée dans ce roman que je m’étais procurée dès sa sortie. Parce qu’il est écrit par un auteur que j’apprécie énormément, peu importe le pseudo sous lequel il publie. Parce qu’il évoque un événement tragique et pourtant méconnu de l’Histoire. Parce qu’il est écrit à l’encre de ses veines, l’auteur y ayant assurément mis tout son cœur et ses tripes pour y faire refléter son âme.
A travers ce roman, Patrick Manoukian nous propose donc une fresque historique et familiale enrichissante à plus d’un titre et émouvante comme on a rarement lu. La fiction rendant supportable la plus atroce réalité, l’auteur nous conte d’abord l’indicible et nous amène ainsi au plus près de l’horreur qu’ont connu ces pauvres gens. Alors on pleure et on souffre… Mais on tient et on soutient : C’est une question de survie, un devoir de mémoire, une lecture hommage aussi.
Dès lors on découvre l’Arménie, son peuple et sa culture, son histoire et ses racines, ses merveilles et ses supplices. On découvre l’Arménie à travers ces deux jeunes sœurs ainsi qu’une galerie de personnages tous plus inoubliables les uns que les autres, auxquels on s’attache immanquablement, qu’on lit pour mieux les accompagner au gré des nombreuses épreuves qui les attendent. Parce que c’est finalement la moindre des choses qu’on puisse faire pour eux.
Miroir littéraire d’une terrible tragédie, ce roman respire pourtant l’humanité, servi qu’il est par une plume d’une cruelle beauté, par un style d’une saisissante poésie pour un moment de lecture absolument mémoriel et mémorable.
En bref, un roman difficile à présenter tant il porte et emporte, tant il sidère et émeut, tant il frappe et touche parce qu’il nous ouvre les yeux sur une insupportable vérité : Il n’y aura jamais plus inhumains que les hommes entre eux. Un roman essentiel pour ne jamais oublier.