Une belle découverte que cette auteure à la plume plus sombre et redoutable qu’il n’y paraît : “Un jour tu paieras” de Pétronille Rostagnat, paru aux éditions Marabout dans la collection BlackLab.
Le pitch : Tandis que la police multiplie les investigations pour déterminer ce qui a bien pu arriver à la jeune Océane Hallard avant qu’elle ne soit retrouvée inconsciente dans un fossé aux abords d’une forêt, Maître Pauline Carel est quant à elle chargée au titre de la commission d’office de défendre les intérêts de Mathieu Murlot, brillant étudiant en médecine et principal suspect dans une affaire portant sur un double homicide… Mais il est difficile d’avancer dans ces deux enquêtes dès lors que la victime comme le mis en cause se murent dans un silence inexpliqué…
Si elle signe déjà son quatrième roman cette année, j’ignorais pourtant tout de cette auteure jusqu’à la parution de ce dernier. Dès lors il était temps pour moi de la découvrir et de la rencontrer, ce que j’ai eu la chance de faire aux AcadéNîmes du Polar, formidable festival qui se tenait à Nîmes les 14 et 15 février derniers. C’est à cette occasion que je me suis finalement procurée ce titre, dans lequel je n’ai pas tardé à plonger, ma curiosité piquée au vif et mon intérêt aux aguets…
Je dois pourtant vous avouer qu’au démarrage les choses étaient mal engagées. Si je trouve l’auteure fort charmante et très sympathique, il en était tout autrement de son héroïne de papier que j’avais tout bonnement envie de claquer quand j’ai l’ai rencontrée, tant je la trouvais exagérément carriériste et ambitieuse, hautaine et imbue de sa personne du haut de ses petits talons de cinq centimètres… Le terme de “connasse” m’a même effleuré l’esprit à un moment donné… Alors si on ajoute à cela l’apparente volonté de l’auteure à vouloir coller au plus près de la réalité pour dérouler son intrigue selon les règles édictées par le Code de procédure pénale… Quand on connaît mon métier, on comprendra aisément que je me suis dit “Ma petite Pétronille, toi et moi nous n’allons peut-être pas être copines…”
Et bien force est de constater que je me suis trompée ! Parce que l’auteure a finalement su m’embarquer dès les premiers chapitres dans une intrigue de très belle qualité, particulièrement bien pensée et bien ficelée, qu’on ne peut même pas lâcher sitôt qu’on l’a commencée. Une intrigue qui démarre sur les chapeaux de roue et nous entraîne effectivement dans les arcanes du système policier, pénitentiaire et judiciaire dont les règles et principes sont globalement respectés et les failles et travers judicieusement soulevés. Une intrigue qui ne cesse de se ramifier au fur et à mesure des chapitres, nous baladant de révélations en fausses pistes tandis que l’auteure distille ça et là quelques indices avec beaucoup de subtilité, maintenant dès lors son suspense avec brio et nous tenant en haleine jusqu’aux dernières lignes, avides que nous sommes de connaître la vérité.
Si j’ai un temps mésestimé notre principale protagoniste comme j’ai déjà pu vous l’indiquer, c’est parce qu’il me fallait d’abord apprendre à la connaître pour mieux la cerner, déceler ses failles, remonter son passé, découvrir ses secrets… Pour finalement quitter une héroïne atypique, une femme de caractère très investie, que je serais ravie de retrouver dans un prochain opus. Autrement dit l’auteure a su doter ses personnages – Pauline comme les autres – d’une véritable personnalité, avec beaucoup de qualités mais aussi une part d’ombre pour plus de crédibilité et un attachement qu’on ne peut dès lors empêcher.
Dès lors on prend beaucoup de plaisir à lire cette histoire servie par une plume fluide, simple et agréable, un style efficace et soigné, rythmée par des chapitres courts qui nous poussent ainsi à les enchaîner sans voir le temps passer.
En bref, c’est finalement un page-turner prenant à souhait que l’auteure a su nous livrer : Ma chère Pétronille, pardon d’avoir douté : c’est donc avec plaisir que je vous retrouverai, toi et Pauline, pour une prochaine aventure !