La littérature noire aussi a ses snipers qui, d’un roman, vous frappent en plein cœur : “Les Monstres” de Maud Mayeras, paru ce 02 octobre 2020 aux éditions Anne Carrière.
Le pitch : Tapis dans l’ombre d’un terrier dont ils n’ont pas la clé, une mère et ses deux petits craignent les humains comme la lumière du jour et vivent ainsi sous le joug d’Aleph qui les éduque et pourvoit à leurs besoins primaires. Et puis un jour Aleph ne revient pas…
En ville, un homme se réveille dans une chambre d’hôpital. Son état est critique mais la météo l’est encore davantage puisque le déluge qui s’abat alors sur la région menace de faire céder le barrage…
La fin est proche… Mais la fin de quoi ?
Elle est suffisamment rare pour se faire remarquer dès lors qu’on voit son nom se glisser parmi les parutions de la rentrée : Maud Mayeras revient enfin en librairie pour le meilleur et pour le pire avec un quatrième titre aussi clair qu’obscur, “Les Monstres“…. Moi qui ne la connais qu’avec “Hématome” et “Reflex” tandis que “Lux” patiente encore dans ma PAL, je me suis dit que la lumière pourrait encore attendre, préférant m’inviter dans la pénombre de cette couverture ne laissant rien présager de bon…
Sachez mes Bookinautes chéris que vous n’allez pas simplement plonger dans un livre, c’eut été trop facile. Non, en franchissant ces pages, vous vous apprêtez à vivre une véritable expérience littéraire dont vous ne ressortirez pas indemne. Dont vous ne pourrez pas ressortir indemne. Parce qu’avec ses mots, Maud Mayeras révèle les maux, ceux-là même que recèlent les abysses de l’âme humaine. Parce que ses lignes se font plus redoutables et incisives que toutes les armes auxquelles vous pourriez vous exposer, pour une lecture douloureusement prenante et dangereusement immersive. Parce que chaque chapitre se vit plus qu’il ne se lit, et ce presque en apnée à travers un véritable maelström d’émotions. Des émotions qui vous happent et vous attrapent, très vite vous submergent et vous font chavirer pour vous broyer des tripes jusqu’au creux de l’âme.
Parce que vous n’allez pas subir cette expérience littéraire seul, non. Vous allez en sentir et ressentir chaque instant, chaque fragment, chaque blessure, chaque fêlure en compagnie d’une poignée de personnages incroyablement complexes et ambivalents… Réalistes à s’en damner, il faut le voir pour le croire, il faut le lire pour le constater.
Parce que c’est précisément là qu’est l’effroi : Dans le réalisme, la justesse et la crédibilité de l’intrigue que cette autrice est alors en train de nous conter de sa plume terriblement sincère et authentique, qui dérange autant qu’elle fascine, qui choque sans même avoir besoin de trop en faire en abordant des thématiques particulièrement difficiles sous un angle différent pour ne pas dire inédit, le tout dans une atmosphère déroutante et oppressante, malsaine et anxiogène.
En bref, n’oubliez jamais qu’il n’est de pire monstre que celui qui vous ressemble… Maud Mayeras le sait, et c’est pour ça qu’elle vous chamboule autant qu’elle fait flipper à travers ce petit bijou de littérature… Pour laquelle le noir ne suffit décidément pas…