Chroniques 2016 Grossir le Ciel de Franck Bouysse

 
Un roman noir authentique et bouleversant: “Grossir le Ciel” de Franck Bouysse, chez Livre de Poche et la Manufacture de Livres.
 
Le pitch: Quelques centaines de mètres séparent les deux fermes du lieudit des Doges, dans les Cévennes. Y vivent deux paysans taiseux, sévèrement égratignés par la vie, au tempérament rustre et solitaire, Gus Targot, un vieux garçon de 50 ans qui a toujours vécu dans la ferme familiale, en compagnie de son chien adoré Mars, et Abel Dupuy, veuf de 70 ans. Ces deux voisins mènent une existence paisible à défaut d’être heureuse, s’occupant de leurs bêtes et de leurs terres, se rendant de petits services et invitant l’un chez l’autre boire un verre à l’occasion. Mais Gus voit son quotidien basculer le jour du décès de l’Abbé Pierre. Outre le fait que cette disparition l’émeut inexplicablement, lui qui est protestant, il entend des coups de fusil puis des cris provenant de chez son voisin, dont le comportement devient dès lors très étrange…
 
Reçu à l’occasion de la sélection du Prix des Lecteurs Polar du Livre de Poche, je ne pensais pas être aussi touchée et marquée par ce formidable roman.
 
Avec précision et minutie, l’auteur nous plonge dans un impressionnant huis clos enneigé en plein cœur de la région cévenole où le lecteur se retrouve coupé du monde, coupé du temps. La tension monte subtilement mais indéniablement tout au long de l’intrigue, l’atmosphère y devenant plus lourde et inquiétante au fil des pages, le suspense y étant brillamment maintenu jusqu’à un dénouement inattendu mais qui donne tout son sens au titre du livre.
Avec finesse et subtilité, l’auteur nous dévoile peu à peu la vie de ces deux hommes au lourd passé, brisés par leurs souvenirs. Leurs dialogues, peu nombreux tant ils sont silencieux, y sont mémorables et savoureux. Plus qu’une consistance, l’auteur a su insuffler avec talent une véritable âme à ses personnages.
La plume est belle, élégante, poétique même, et ne fait qu’ajouter à la beauté de ce récit.
 
En bref, ce roman est un petit diamant brut dont vous sortirez forcément ébranlé.

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