Bouquinist Park Du côté de chez Franck : Chanson Douce de Leïla Slimani !

Nous y voilà les amis, la date symbolique du 14 juillet vient d’être célébrée et dépassée… Ce qui signifie que l’été bat son plein et les vacances aussi jusqu’au 15 août, autre date clé de notre emploi du temps estival ! Pour ma part je viens tout juste de rentrer de quinze jours de congés distillés entre Montmorillon, Berlin et le Futuroscope… Pensez-vous cependant que je n’ai plus l’énergie pour harceler mes mordus préférés que sont Laura, Franck et Roseline, sans conteste les personnes qui me sont le plus proches (avec mon Papounet bien sûr !) puisqu’il s’agit respectivement de ma meilleure amie, mon compagnon et ma maman ? Que nenni mes amis, me voilà fin prête à leur quémander leurs coups de coeur littéraires tout au long de l’été, ceci afin de me faire leur porte-parole, dans le but de vous offrir de nouvelles lectures, de nouveaux auteurs, de nouveaux bouquins qui n’ont pas encore franchi le seuil de ma PAL pour une raison ou pour une autre… Car il serait bien déraisonnable de ne pas alimenter votre PAL estivale plus que de raison, n’en convenez-vous pas ?
Allez hop ! Comme le temps, c’est de la lecture, ne perdons plus un seul instant et partons ensemble rejoindre Franck qui est à l’office cette semaine ! Celui-ci a pu profiter de ses congés (Oui parce que, si vous avez bien suivi, j’étais en vacances… Donc lui aussi, c’est logique !) pour se consacrer à la lecture et nous proposer son dernier coup de coeur que voici : “Chanson douce” de Leïla Slimani !

Ce que dit la 4ème de couverture…
“Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.”
Franck a aimé… Oui, mais pourquoi ?
Alors même que je voyais mon compagnon lorgner sur ce livre à l’occasion de la rentrée littéraire 2016, le voir récompensé du Prix Goncourt décuplait mon irrépressible envie de le lire, souhait qui se réalisait finalement lorsqu’une personne de notre entourage nous le prêtait bien volontiers… Je voyais donc Franck s’y plonger sans retenue et découvrir cette lecture…
Et s’il y a bien une chose à retenir ici, c’est qu’il ne faut définitivement pas se fier aux apparences… Sous son titre faussement bienveillant, ce livre n’a finalement rien d’une berceuse réconfortante, non. C’est même tout le contraire…
D’entrée de jeu la première phrase donne le ton et raisonne à l’esprit du lecteur comme un coup de tonnerre, un coup de revolver… Quatre mots qui fouettent l’air et la tranquillité littéraire, perturbée à jamais : “Le bébé est mort“.
Et c’est donc à partir de cette fin tragique, constituée de rien de moins qu’un double infanticide, que l’auteure prend un malin plaisir à remonter le temps pour raconter le quotidien de ce couple bourgeois sans histoires puis l’arrivée de Louise dans leur vie, qui va vite devenir aussi invisible qu’indispensable avant de basculer dans une douce folie meurtrière…  
Et par ce flash-back, l’auteure explore avec une froide et dangereuse subtilité les fêlures de Louise et ce qui a pu la conduire à commettre un tel acte. Parce qu’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, le couple va ignorer ces signes avant coureurs, pourtant discrets mais hurlant à qui veut bien l’entendre que la situation va déraper…
Mais peu à peu le lien hiérarchique s’inverse, les liens et sentiments unissant le couple à leur baby-sitter s’estompent, deviennent flous… Et la tension déjà présente au début du roman ne cesse de croître et peser sur les épaules d’un lecteur qui ne pourra détacher les yeux de ce texte d’une douce et amère violence. Sans jamais expliquer le déroulement du drame ni justifier son affreux geste, l’auteure glisse avec subtilité quelques éléments, non pas pour justifier ou excuser son acte, mais à tout le moins essayer de le comprendre… Sans doute ce roman permet-il aussi de passer au crible ce mode de vie qui est le nôtre et les travers que notre société a pris de son plein gré, ses difficultés et contradictions à pouvoir et vouloir conjuguer son emploi avec sa vie de famille, sa bonne conscience et l’inévitable lien hiérarchique qui s’établit entre un employeur parent et son employé nounou… Vaste sujet que celui-ci, cruel débat que celui-là…
Résumons-nous pour terminer…

Pour Franck, cette “Chanson douce” est un livre magistral mais accessible, d’une remarquable construction et d’une redoutable efficacité, dont l’écriture sèche et concise parvient à livrer une histoire aussi effroyable que prenante. Un livre impossible à lâcher malgré le drame qui l’habite, un livre qui, tout en se lisant avec une facilité déconcertante, ne saura vous laisser indifférent…

A votre tour à présent ! Procurez-vous donc ce roman, publié aux éditions Gallimard et couronné du Prix Goncourt 2016, dans toutes les bonnes librairies ! Dans l’attente, je vous souhaite de belles lectures !

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