Chroniques 2018 Duel en enfer de Bob Garcia

Quand la réalité rencontre la fiction pour une enquête au sommet : “Duel en enfer” de Bob Garcia, paru aux éditions J’ai Lu.
 
Le pitch : “« C’est de loin l’affaire la plus terrible à laquelle j’ai
participé. Je vous laisse seul juge
 ». (…) Je déchirai fébrilement l’emballage et découvris un petit carnet. Je lus « Journal du docteur Watson (1888) ». Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. (…) Dans ma précipitation, je décrochai un feuillet qui tomba à mes pieds.  Je le ramassai et lus : « Duel en enfer ».”
Contre toute attente, l’éditorialiste George Newnes parvient à convaincre le docteur Watson de lui confier son journal relatant sans doute la plus sinistre des enquêtes menée par le célèbre Sherlock Holmes, moyennant finances lui permettant de sauver sa fondation… Seulement est-il vraiment raisonnable et prudent de réveiller le souvenir de Jack l’Eventreur…?
 
Curieux parallèle que vient de faire ma petite cervelle : Si les réseaux sociaux sont à la fiction ce que les salons littéraires sont à la réalité, ce livre m’était décidément tout prédestiné ! Non je ne divague pas mes chers amis (quoique…), seulement c’est parce que j’ai croisé la route de la très charmante Amandine, gérante du blog “Les Lectures d’Amandine” et compagne de Bob Garcia, que je me suis lancée sur la piste de ce dernier… Et la première édition du salon “Polar’Osny” m’a permis de faire d’une pierre deux coups : Rencontrer enfin ces deux-là en chair et en os tout en me procurant l’un des livres de cet auteur dont j’ignorais tout jusque-là… Et quand on sait que mon dernier séjour à Londres fut ponctué d’une petite visite guidée sur les traces de Jack L’Eventreur après un passage au 221b Baker Street… Il y avait fort à parier que je jette mon dévolu sur celui-là !
 
Fort satisfaite de mon choix conforté par les avis unanimes que je reçus durant ce salon, c’est sans tarder que je me plongeais dans sa lecture : Le soir même, à l’occasion de la nuit des livres… Décidément tout était calculé… Sauf la nuit blanche que je m’apprêtais à passer, tant mon immersion fut totale et immédiate : Je ne vous remercie pas M. Garcia, je me suis couchée au petit matin avec votre sombre histoire…!  
 
Nul doute que l’auteur maîtrise tant l’histoire que l’Histoire comme personne ! Aussi relève-t-il l’audacieux défi de mêler fiction et réalité avec une insolente efficacité pour nous livrer une intrigue particulièrement bien construite et maîtrisée, pleine d’un suspense tenant son lecteur en haleine d’un bout à l’autre du récit jusqu’à un dénouement… Somme toute assez déconcertant.
Coiffant sa casquette de détective, pipe au bec et loupe à la main, le lecteur se joint à ce célèbre duo pour en faire un trio et transformer l’essai sans la moindre difficulté. Les pistes à suivre ne manquent pas, les rebondissements non plus : Impossible de s’ennuyer en si fascinante compagnie sur les traces du plus célèbre des tueurs en série. Si l’on retrouve un Sherlock Holmes plutôt fidèle au portrait qu’a pu en faire Sir Arthur Conan Doyle – Autrement dit bigrement intelligent mais franchement hautain et prétentieux -, c’est une bien belle surprise que de voir l’accent mis sur ce bon vieux docteur Watson, qui nous apparaît plus présent, plus vivant, doté d’une personnalité propre qui n’est pas sans faille ni blessure… Un personnage à part entière qui tend à s’extirper de l’ombre de son célèbre partenaire pour prendre la place qui lui revient comme une évidence finalement.
Mais au-delà de cette intrigue captivante et de ces personnages fort intéressants, force est de constater que l’auteur réalise aussi l’exploit de nous faire voyager dans le temps pour nous ramener dans les bas fond de Londres au XIXème siècle. Pour sombres et violentes qu’elles puissent paraître, les descriptions sont en effet d’une telle précision, d’un tel réalisme que l’auteur parvient même à mettre tous nos sens en alerte pour nous faire vivre l’histoire de l’intérieur… Et pourtant, malgré l’horreur qu’elle tend à dévoiler, l’histoire n’est pas exempte des traits d’humour qu’a su y distiller l’auteur au détour d’une phrase au fur et à mesure que l’année 1888 a défilé.
Faisant honneur à l’histoire, la plume est belle, fluide, soignée, le style efficace et élégant, ce qui ne fait qu’ajouter à la qualité du récit comme au plaisir de lecture.
 
En bref, une lecture sur laquelle George Newnes s’est précipité… Tout comme nous en somme : Bienvenue à Whitechapel mes amis…

Laisser un commentaire