L’amour au temps du Net ? Des relations toujours aussi dangereuses : “Comme elle l’imagine” de Stéphanie Dupays, paru en 2019 aux éditions Mercure de France.
Le pitch : Trentenaire un brin solitaire depuis sa rupture avec Olivier, Laure est une universitaire passionnée qui a pourtant succombé aux charmes de Facebook… Et plus précisément à l’un de ses internautes, Vincent. Depuis des mois ces deux-là s’envoient quotidiennement des messages sans s’être jamais rencontrés. Une rencontre dont Laure commence à se languir tout en craignant la fin de ses illusions lorsque la réalité se pointera au rendez-vous…
C’est dans le cadre du Festival Amorissimo, une quinzaine dédiée à la littérature de l’amour organisée à Beauvais, que j’ai finalement croisé la plume de Stéphanie Dupays… Une plume dont j’aurais dû vous parler bien plus tôt puisque la table ronde – que j’ai pris grand plaisir à animer samedi dernier à la médiathèque du Beauvaisis en sa compagnie et celle d’Olivier Liron et Clément Bénech – est prévue depuis près de trois années… Mais si la crise sanitaire a sans cesse reporté ce projet, rien ne saurait entamer l’enthousiasme et la détermination de Nathalie, bibliothécaire à l’origine de cette belle idée : Qu’elle en soit chaleureusement remerciée !
Et c’est ainsi que je me suis plongée dans cette lecture dont je ne suis pas coutumière mais que j’ai grandement appréciée. A travers ce récit, l’autrice nous propose une intrigue particulièrement prenante, lucide et touchante doublée d’une analyse subtile et pertinente des relations amoureuses à notre époque, celle d’Internet et des réseaux sociaux, du tout numérique et de l’ultra connecté. Et si l’amour conserve les mêmes codes, il ne connaît plus la même force ni la même temporalité, et sa virtualité ne permet plus d’en interpréter les signes pour s’assurer de sa fiabilité.
C’est dans ce contexte extraordinairement ordinaire qu’on rencontre Laure, une héroïne de son temps particulièrement brillante, insérée et intelligente… Tellement crédible qu’on a tôt fait de s’attacher à cette jeune femme qui va pourtant tomber à son tour dans les travers de notre société digitale.
L’intrigue est d’autant plus fine et perspicace qu’elle est servie par une plume fluide et agréable, d’une grande élégance, un style soigné qui n’en demeure pas moins incisif, idéal pour transcender toute la réalité de la virtualité dont il faut savoir se méfier.
En bref, un portrait tout en finesse, clairvoyance et sensibilité de l’amour 2.0.