Une belle découverte pour un très bon thriller : “L’Abbaye blanche” de Laurent Malot, paru aux éditions Bragelonne.
Le pitch : Si la ville de Nantua est habituellement calme au cœur des montagnes Jurassiennes, elle devient le théâtre de trois meurtres en quelques jours à peine. Tandis qu’il élève seul sa fille de six ans suite au départ aussi soudain qu’inexpliqué de sa femme, le lieutenant Mathieu Gange se voit chargé d’élucider ces crimes et se retrouve ainsi entraîné au cœur d’une enquête bien plus complexe et délicate qu’il n’y paraît…
Bien décidée à ne pas voir ma PAL s’alourdir de mes nouveaux bébés littéraires adoptés à Mennecy alors qu’il m’en reste déjà une petite flopée d’Osny et Nemours à lire, c’est avec autant de plaisir que de détermination que j’enchaine mes lectures… Noires et bien serrées de préférence, le but étant la nuit… Blanche comme l’Abbaye si possible… Et je peux vous dire que c’est plutôt réussi !
Bâti comme un polar classique en respectant la plupart de ses codes, ce bouquin ne l’est pourtant pas et embarque son lecteur dans une intrigue bien plus atypique, ardue et périlleuse qu’il n’y paraît. Tout n’est pas parfait, mais le lecteur se laisse volontiers convaincre de mener l’enquête aux côtés de nos protagonistes tandis que les cadavres s’empilent, les politiques s’en mêlent et les sectes rappliquent. Dépassé par les évènements mais ne perdant pas le fil pour autant, le lecteur comprend bien vite que l’ennemi vient plutôt de l’intérieur et voit l’enquête virer en affaire d’Etat.
Entre mensonges et manipulations, le lecteur ne sait bientôt plus à qui se fier et n’accorde plus sa confiance qu’à ce lieutenant, particulièrement attachant pour être bien dépeint mais aussi campé de manière réaliste, entouré de quelques personnages tout aussi intéressants, parmi lesquels un brigadier, une journaliste et une juge d’instruction que l’on apprend à connaître et apprécier tandis que défilent les chapitres. Courageusement ceux-là ne lâchent rien malgré les menaces, pressions et autres intimidations pouvant s’abattre sur eux de toutes parts, et s’attachent à mener cette enquête quoi qu’il en coûte, pour le plus grand bonheur d’un lecteur effaré par tant de corruption et d’impunité.
Servi par une plume directe et efficace, un style fluide et travaillé, rythmé par des chapitres courts, ce roman transpire la noirceur mais respire de quelques touches d’humour bienvenues pour alléger l’atmosphère et ne pas étouffer son lecteur, convaincu et heureux d’avoir passé un bon moment de lecture.
En bref, un thriller particulièrement sombre qui brouille bien son jeu…