Libre… Et lis ! La nuit, j’écrirai des soleils de Boris Cyrulnik

A chaque rubrique sa reprise… Le but étant toujours de parler bouquins et lecture de 1001 façons possible… Et qui mieux qu’une DreamBookTeam pour exaucer ce souhait certes un peu déjanté ? Car chaque membre de ma fine équipe a ses préférences et ses propres occupations pour conjuguer sa façon de lire à la mienne : Plus on est fous, plus on lit, cela reste à jamais mon credo suprême !
Si Franck se penche sur la presse culturelle pendant que Laura s’intéresse aux adaptations visuelles et ma chère Maman Roseline se (re)plonge dans quelques-uns des plus grands classiques de notre littérature, Françoise élargit quant à elle ses horizons livresques en se lançant dans la lecture d’essais et autres genres littéraires auxquels je m’avoue quelque peu hermétique : C’est ça la richesse des livres !
Je n’en dis pas davantage et lui laisse donc la place afin qu’elle vous parle d’un auteur qui ne vous sera pas inconnu par ici puisqu’elle a déjà pris plaisir à vous le présenter pour un précédent titre en début d’année : Les amis, Françoise a retrouvé la plume de Boris Cyrulnik avec le livre “La nuit, j’écrirai des soleils” paru en avril dernier aux éditions Odile Jacob
 
La quatrième de couv’ en préambule…
“« Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu’il est toujours possible d’écrire des soleils.
Combien, parmi les écrivains, d’enfants orphelins, d’enfants négligés, rejetés, qui, tous, ont combattu la perte avec des mots écrits ?
Pour eux, le simple fait d’écrire changea le goût du monde.
Le manque invite à la créativité. La perte invite à l’art, l’orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, sans rencontres et sans chagrins ne serait qu’une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre de glace.
Crier son désespoir n’est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l’expression de son malheur.
L’écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d’écrire pour retrouver le bonheur.
En écrivant, en raturant, en gribouillant des flèches dans tous les sens, l’écrivain raccommode son moi déchiré. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. » B. C.
Un livre bouleversant, de témoignage et d’émotion, où Boris Cyrulnik convoque les déchirures d’écrivains célèbres, les conjugue à l’aune de ses propres souffrances pour mieux convaincre chacun de nous des bienfaits de l’imaginaire, de la puissance du rêve, des pouvoirs de guérison que recèle l’écriture.”

 

Le bouquin sous l’œil aiguisé de Françoise…
D’après Françoise, Boris Cyrulnik nous invite ici à penser l’écriture, à nous l’approprier pour nous retrouver, combler le manque, la perte ou toute autre notion de distance, que ce soit envers nous-même ou envers les autres comme l’être aimé. En posant des mots sur les émotions ou les désirs, nous nous approprions le monde et sa réalité… Précisément cette réalité que peut revêtir la souffrance ou la joie, comme celle d’une séparation ou même la mort.


“Le simple fait d’écrire changea le gout du monde” dixit l’auteur : Car l’écriture, et plus largement toute création artistique, permet de poser des mots pour accéder à l’altérité, pour communiquer, partager… Pour “être”, tout compte fait…

Selon Françoise, la distance est ici posée dans le même temps qu’elle est abolie, car écrire c’est sortir de soi le sens de sa vie et de sa relation au monde… Ce que permet finalement toute forme d’art, autrement dit l’écriture mais aussi la musique, le chant ou encore la danse : C’est ce qui nous donne à vivre, comble l’absence, transforme le désir et nous délivre de nos démons…
Françoise soulignera qu’il n’y a sans doute rien de nouveau pour ceux qui ont déjà lu les œuvres psychanalytiques : Le rêve est le propre de l’homme et, lorsque nous exprimons nos rêves, ces derniers nous révèlent à nous-mêmes comme aux autres sans lesquels nous ne sommes qu’une coquille vide.
Au final Boris Cyrulnik explique ici que notre présence au monde se construit dans et dès les tous premiers temps de notre existence, dans les stimulations sensorielles mais aussi affectives… Car si nous n’avons pas été aimés et sécurisés par un échange affectif, aussi primitif soit-il, nous aurons toujours cette béance, ce vide qui nous empêchera toute notre vie durant de transmettre, de partager le goût de la vie.
Ainsi l’auteur s’attarde sur quelques destins tourmentés d’écrivains pour nous inviter à cette réflexion selon laquelle certains parviennent à réparer peu ou prou cette blessure intime par la création artistique, comme ce fut le cas notamment pour Genet, Sade ou encore Rimbaud. L’écriture permet donc de réparer, au moins un peu ou même imparfaitement, le moi déchiré : l’écriture métabolise la souffrance et la transforme en résilience.

 

Le mot pour conclure…

En conclusion, Françoise a pu m’indiquer qu’elle avait beaucoup aimé ce livre qui est, selon elle, une convocation au partage et à l’amour. Il nous donne à penser l’écriture comme un pas hors de soi et vers les autres, leurs regards, leurs rêves et leurs désirs, qui peuvent aussi être les nôtres. C’est un livre bien plus simple qu’il n’y paraît, facile d’accès, et pour lequel il n’est pas besoin d’être spécialiste ou initié : Son sens est accessible à tous, aussi Françoise vous recommande-t-elle chaudement la lecture de ce livre qu’elle range parmi les livres précieux de sa bibliothèque !

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