Coup de maîtreS que ce thriller aussi diabolique qu’imprévisible : “Nos âmes au diable” de Jérôme Camut et Nathalie Hug, paru chez Fleuve Noir en mars 2022, avant une seconde vie aux éditions Pocket.
Le pitch : Il vaut parfois mieux ignorer la vérité…
Mi-juillet, Sixtine, dix ans, disparaît sur une plage de l’île d’Oléron. Pour Jeanne, sa mère, c’est tout son monde qui s’écroule. Elle s’en veut d’avoir été trop accaparée par son métier. Elle en veut à son mari, qui aurait dû surveiller leur petite brune aux yeux bleus, mais qui a failli, trop occupé à donner un énième coup de canif dans leur contrat de mariage.
Lorsque les recherches conduisent finalement à un multirécidiviste connu par la justice pour le viol de quatre fillettes, Jeanne comprend que rien ne sera jamais plus comme avant. Et son travail de résilience s’annonce d’autant plus long que le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé.
Une absence qui laisse planer comme une incertitude… Et si la vérité s’avérait plus sordide et glaciale encore que la mort d’un enfant ?
Curieuse de découvrir ce roman dès sa sortie, j’ai pourtant tardé à le bouquiner. Inconsciemment je crois que la thématique, maintes fois exploitée à travers la littérature noire, ne m’attirait pas particulièrement… Inconsciemment je pense que les nombreux retours, tous très positifs, m’ont fait craindre d’être déçue… Finalement je ne me suis plongée dans cette lecture que dans l’avion me conduisant aux Maldives… Pour une virée en Enfer avant d’atterrir au Paradis !
Si les premières pages nous laissent à penser qu’il s’agit effectivement d’une histoire assez classique et m’ont dès lors – et d’abord – laissée dubitative, vous n’êtes décidément pas prêts à ce qui s’ensuit. Pas plus que je ne l’étais. Car personne ne l’est. Personne ne peut l’être tant ce puzzle littéraire nous sidère une fois tous ses chapitres assemblés !
En effet les auteurs ont eu une idée du diable (j’écris ce que je veux, c’est ma chronique !) en abordant la disparition d’un enfant sous un angle inédit, pour le moins… Singulier et inattendu. Inutile d’insister, vous n’en saurez pas davantage quant à l’intrigue elle-même, au risque de divulgâcher et ainsi commettre un crime livresque : Faites-moi confiance et, plus encore, faites-leur confiance, laissez-vous porter par la vague puis submerger par le flot d’émotions qui vous attend : Vous n’en sortirez pas indemne mais c’est tout ce qu’on aime !
Un roman essentiellement porté par Jeanne, une mère mais aussi une épouse, une fille et surtout une femme… Autant de rôles que les auteurs ont choisi de ne pas dissocier, ce qui en fait un personnage étonnamment vrai, sincère et authentique, crédible et entier, fort, touchant et captivant. Nombre d’autres personnages servent aussi brillamment cette intrigue – tous ne nous sont d’ailleurs pas inconnus ! – et rendent ce récit d’autant plus prenant, d’autant plus émouvant, d’autant plus percutant.
Un roman à quatre mains pour une seule plume qui se veut fluide et dynamique, porté par un style vif et efficace, qui sait très bien où il nous emmène alors que nous n’en avons pas la moindre idée tant que les auteurs n’ont pas choisi de nous le révéler… Et je vous le répète : Vous n’êtes pas prêts.
En bref, avec son intrigue si saisissante, si dérangeante, si bouleversante, “Nos âmes au diable” n’est pas un roman qui se raconte mais un roman qui se lit, qui se vit. Si vous ne l’avez pas encore : Foncez en librairie !