Que ma lecture soit mortelle : “Roches de sang” d’Olivier Bal, paru le 20 avril 2023 aux éditions XO.
Le pitch : Et si les victimes étaient en réalité les coupables ?
Un milliardaire serbe égorgé à Londres. Sur la baie vitrée, ces lettres de sang : Chè la mia ferita sia murtale. Que ma blessure soit mortelle…
Pour Marie Jansen, l’inspectrice d’Europol, la sentence sonne comme l’écho lointain d’un passé et d’une terre qu’elle pensait définitivement oubliés.
Son enquête la plonge soudain deux décennies plus tôt. En Corse. Au temps des braquages en mer.
Ce jour-là, Ange et Théo, les frères du gang des Roches rouges, fouillent les cales du yacht qu’ils ont pris d’assaut. Et découvrent, sidérés, ce qu’ils n’auraient jamais dû voir…
Des hauts plateaux corses aux rues sombres de Belgrade, des montagnes suisses à l’île de Lesbos, l’histoire d’un face à face terrifiant à travers l’Europe. Et d’un incroyable chemin de rédemption.
Il est des livres que l’on attend avec fébrilité sans qu’on ait besoin d’en connaître le résumé. Et “Roches de sang” en fait incontestablement partie. Olivier Bal en avait parlé à l’occasion d’une interview qu’il m’a récemment accordée, il avait déjà su me convaincre et m’embarquer par sa passion et sa sincérité… Il lui suffisait alors de transformer l’essai. Il l’a carrément transcendé.
Fidèle à ses bonnes habitudes qui nous happent et nous attrapent en moins de lignes qu’il ne m’en faut pour vous l’écrire, Olivier Bal démarre sur les chapeaux de roue et nous offre une intrigue d’une rare intensité et débordant d’émotions pour être portée par une plume ciselée et soutenue par des personnages qu’on n’oubliera jamais. Mais je vais trop vite en besogne : Excusez mon enthousiasme et reprenons dans l’ordre.
Cette fois-ci l’auteur donne congés à Paul Green et quitte les Etats-Unis pour revenir en Europe afin de se renouveler. Encore. Et mieux nous surprendre. Toujours. Exercice périlleux s’il en est mais qu’Olivier Bal remplit avec une insolente facilité. S’ensuit une histoire haletante à double temporalité qui nous entraîne aux quatre coins de l’Europe pour un voyage dans le temps comme dans l’espace sans bouger d’un poil sur notre canapé. Si vengeance et rédemption semblent être les maîtres mots de ce récit, Olivier Bal en profite pour aborder des thématiques fortes et délicates à travers celui-ci, démontrant par ailleurs une exceptionnelle maîtrise de sa construction narrative tandis que la tension monte et que les évènements s’emballent à une cadence infernale pour nous tenir en haleine et maintenir son suspense comme jamais.
Mais l’atout majeur de cet ouvrage réside immanquablement dans la puissance et la profondeur de ses protagonistes. Qu’ils soient bons ou mauvais, chacun est doté d’un véritable supplément d’âme. Certains se doivent d’être rencontrés au fil des chapitres, aussi je me contenterai d’évoquer Marie Jansen, enquêtrice de papier particulièrement complexe, qu’on a tant de mal à apprivoiser. J’évoquerai également Ange Biasini dont on croise la route 26 ans plus tôt et pour lequel on ne cesse de vibrer sitôt qu’on l’a rencontré.
Me reste encore à vous parler de la Corse. Si ce titre nous fait voyager, notre cœur et notre âme se passionnent et s’installent durablement sur l’île de Beauté à laquelle Olivier Bal rend un éloquent hommage. Car l’auteur ne se limite pas à décrire des paysages à couper le souffle pour une immersion déjà parfaite, il en révèle aussi les aspects plus confidentiels, obscurs et hostiles, qu’il s’agisse de son relief comme de sa nature, de ses habitants comme de sa culture. Olivier Bal personnifie la Corse et la rend ainsi dangereusement belle et plus vivante que jamais pour qu’elle résonne en chaque mot de son roman.
Retenons enfin l’écriture qui sert le texte à merveille, cette plume impressionnante de réalisme, terriblement captivante et soignée, ce style bigrement vif et efficace pour une intrigue passionnante et des sentiments en masse.
En bref, plus qu’un thriller aussi prenant que fascinant, c’est une part de lui-même que l’auteur vient de nous livrer à travers ses pages pour un bouquin palpitant, profondément sincère et bouleversant d’humanité.