Une intrigue sombre et haletante pour un premier roman noir au rythme effréné : “Les routes oubliées” de S.A. Cosby, initialement paru aux éditions Sonatine et désormais disponible aux éditions Pocket, en lice pour le Prix des Nouvelles Voix du Polar dans la catégorie littérature étrangère.
Le pitch : Beauregard Montage a décidé de se ranger. Père et mari aimant, il veut mettre derrière lui ses années de prison, son passé de chauffeur pour les petites frappes locales, et offrir aux siens la stabilité qu’il n’a jamais connue. Mais à Red Hill, petite ville rurale de Virginie, la vie d’un Afro-Américain ressemble encore souvent à un couteau planté sous la gorge. Et quand la pression financière se fait trop forte, Beau sait qu’il n’a plus le choix : il doit reprendre du service. Le coup semble gagné d’avance : un braquage dans une petite bijouterie, une fuite sur les chapeaux de roue, une piste intraçable. Mais le casse tourne mal. Pour Beau, le compte à rebours est lancé.
Ce livre m’avait complètement échappé avant qu’il ne démarre sa seconde vie aux éditions Pocket et de le découvrir dans la sélection finale du Prix des Nouvelles Voix du Polar pour lequel j’ai la chance et le plaisir de faire partie du jury cette année encore : j’en profite d’ailleurs pour remercier une nouvelle fois Emmanuelle et l’ensemble de la Team Pocket pour sa confiance renouvelée.
Plume au plancher, l’auteur nous emmène en Virginie, au cœur d’une Amérique profonde remarquablement retranscrite, et aborde des thématiques particulièrement fortes et plus actuelles que jamais pour un roman noir prenant, mené tambour battant de la première à la dernière ligne.
Les éditions Sonatine présentent ce titre comme un “Roman d’asphalte, de bruit et de fureur”, ce qui est terriblement juste. Nous y croisons ainsi Beauregard Montage, garagiste rangé des voitures qui n’aspire qu’à subvenir aux besoins de sa famille et mener enfin une vie stable et paisible. Un voeu pieu que ses dettes ne lui permettent pas d’exaucer et le voilà en route pour un dernier coup, celui de trop… Si le postulat semble déjà éculé en littérature noire, l’auteur parvient à se l’approprier à travers un récit empreint de violence et teinté d’une vraie réflexion sociétale, en compagnie d’un anti-héros complexe et ambigu parmi toute une galerie de protagonistes pas forcément fréquentables.
En résulte une intrigue classique mais efficace, servie par une plume que la traduction reflète comme brutale et très visuelle, un style vif et nerveux, qui se lit à vitesse grand V.
En bref, belle découverte que ce roman noir très contemporain, conduit plein gaz par un auteur prometteur.