The place to read… Avec Yvan Fauth et Caroline Vallat !

Mes petits Bookinautes adorés : Pour cette dernière DreamBookGazette avant l’été, il me tenait à coeur de faire la part belle à la nouvelle tout en mettant en lumière leurs auteurs et les lecteurs passionnés qui ont permis leur réunion autour de thèmes tout à fait particuliers. J’ai donc sollicité le blogueur Yvan Fauth et la libraire Caroline Vallat afin qu’ils puissent vous présenter les recueils de nouvelles nés sous leur direction, et notamment « Déguster le noir » récemment paru aux éditions Belfond et « L’amour maternel » récemment publié aux éditions Plon. Je les remercie vivement d’avoir accepté ma petite proposition et vous laisse à présent découvrir leurs réponses : Belle découverte et bonne lecture ! 

Que dirais-tu pour te présenter en quelques mots ?
Je suis un blogueur littéraire depuis plus de dix ans (blog EmOtionS), également modérateur de rencontres en salons du livre à mes heures perdues. Et avant tout un lecteur passionné ! De littérature noire (mais pas que), de toute la littérature qui fait la part belle à la créativité et à l’imagination.

Que dirais-tu pour te présenter en quelques mots ?
Je suis une libraire passionnée depuis 23 ans, plus exactement une passeuse de mots. Et je suis un peu touche-à-tout. J’ai monté mon auto-entreprise il y a presque un an en parallèle de mon métier. Je suis apporteur d’affaires (c’est-à-dire que je mets en relation auteurs et maisons d’édition), je suis directrice de collection pour « L’amour maternel », directrice d’ouvrage pour la série « L’amour c’est », « L’enfance c’est » et « La terre c’est », magnifiquement illustrée par Jack Koch. J’ai créé un salon du polar et une chaîne Youtube « L’apéro des Caro » avec des interviews d’auteurs pendant le confinement, avec ma partenaire Carobookine. Je foisonne d’idées, je n’aime pas m’ennuyer.

Les auteurs sont de retour en librairie à travers un recueil de nouvelles « sous ta direction » : En quoi cela consiste-t-il ?
« Déguster le noir » vient de sortir le 08 juin 2023 aux formidables éditions Belfond. C’est le cinquième tome autour des cinq sens, collection lancée en 2019 avec « Écouter le noir ». S’en est suivi un recueil chaque année, avec « Regarder le noir », « Toucher le noir », « Respirer le noir », et le dernier autour du goût.
Je me vois un peu comme le chef d’orchestre, à composer avec les talents individuels des auteurs invités, à les faire jouer en soliste tout en veillant à ce que l’ensemble sonne en harmonie. Pour résumer les différentes étapes, j’ai eu une liberté totale pour inviter les auteurs de mon choix (merci aux éditions Belfond pour leur confiance !), je leur ai parlé de la thématique, donné quelques conseils d’ami pour éviter qu’ils ne se marchent sur les pieds, j’étais présent pour parler de leur idée d’histoire ou durant la phase d’écriture s’ils le souhaitaient (certain aiment garder le secret jusqu’à la fin), j’ai relu les nouvelles en leur faisant mes éventuelles remarques. Et puis être le relais entre les auteurs et l’éditeur, jusqu’à la gestion administrative des contrats, etc… Avant de choisir l’ordre des nouvelles, en réfléchissant bien à trouver le bon équilibre pour la meilleure expérience de lecture. Et puis échanger ensuite avec l’éditeur sur la couverture et le lancement du recueil (jusqu’à participer au choix des blogueurs pour l’envoi des services de presse), et terminer en intervenant pour la promotion, avec la presse ou les collègues blogueurs comme toi. 😊

Les auteurs sont de retour en librairie à travers un recueil de nouvelles « sous ta direction » : En quoi cela consiste-t-il ?
J’ai proposé mon projet de décliner les différentes formes d’amour à travers une série de recueils de nouvelles à Céline Thoulouze, alors directrice générale chez Plon. Elle a été emballée par l’idée et m’a laissée toute liberté pour mener à bien le premier tome « L’amour maternel ». Et comme tu parles de retour en librairie, je suis très fière d’avoir contribué à celui tant attendu de Maud Mayeras avec sa nouvelle choc « La gorge ».

Un recueil à la thématique tout à fait particulière : Peux-tu nous en parler ?
Le recueil, comme les quatre précédents, se focalise sur un de nos sens, le goût. Dans ses définitions les plus larges, de manière factuelle ou plus imagée. C’est la seule consigne, jouer avec ce sens-là de manière la plus créative possible. Et je peux t’assurer que le résultat est au rendez-vous !

Un recueil à la thématique tout à fait particulière : Peux-tu nous en parler ?
J’avais envie de traiter ce sujet : l’amour sous toutes ses formes. Il y a tellement à dire et à écrire, c’est un sujet universel. Et j’étais curieuse de voir les propositions qu’allaient me faire mes auteurs chouchous. Car je suis aussi leur première lectrice !

Une thématique avec une belle affiche d’auteurs pour lui faire honneur, certains bien connus, d’autres plus discrets : Comment se sont-ils retrouvés dans cette livresque aventure ?
Ce sont tous des auteurs que je lis et toutes des personnes que j’apprécie, autant pour leur talent que pour leur personnalité. Je ne me voyais pas travailler avec des personnes qui n’ont pas les mêmes valeurs que moi, parce que c’est avant tout une belle aventure humaine !
Pour une bonne partie des auteurs, c’était leur première expérience à écrire une histoire courte. Un vrai challenge à relever. On retrouve effectivement ce qu’on va appeler des têtes d’affiche, ceux qui font partie des plus gros vendeurs de livres. Mais aussi d’autres moins connus du grand public mais tout aussi talentueux. J’aime ce panachage.
Je visais des recueils de grande qualité, autant par le contenant que le contenu. D’où la volonté de les sortir en grand format, avec de magnifiques couvertures, pour porter des textes forts, puissants et marquants. Avec la crème de ce que le roman noir francophone (mais pas que) peut proposer. Une vraie ambition de qualité.

Une thématique avec une belle affiche d’auteurs pour lui faire honneur, certains bien connus, d’autres plus discrets : Comment se sont-ils retrouvés dans cette livresque aventure ?
J’ai contacté uniquement des auteurs que je lis et que j’aime et j’ai eu la chance qu’ils acceptent mon invitation. L’idée était de mixer des auteurs de blanche, de noir ou encore de littérature jeunesse/ado comme Antoine Dole, le créateur de « Mortelle Adèle ». Et je peux te dire une chose : ils m’ont tous cueillie là où je ne les attendais pas !

Une thématique et autant d’auteurs inspirés pour des textes aussi prenants que surprenants : De quelle manière ont-ils appréhendé le sujet ?
Avec toute la liberté possible ! Je voulais qu’on me surprenne, que les auteurs ne se sentent aucunement bridés par le thème. Un sens, un mot, mais de multiples définitions possibles, je leur ai donc demandé de s’amuser et de se faire plaisir ! Et ça se sent quand on lit ces textes formidables, que les auteurs ont appréhendés avec autant de sérieux et de passion que l’écriture de leurs romans.

Une thématique et autant d’auteurs inspirés pour des textes aussi prenants que surprenants : De quelle manière ont-ils appréhendé le sujet ?
Chacune de leurs nouvelles m’a bouleversée. Je leur avais donné carte blanche. L’idée était que chacun s’approprie le sujet et sorte éventuellement de sa « zone de confort ». Certains m’ont pitché leur idée, d’autres m’ont envoyé leur texte une fois terminé. Et j’ai été en lien très fort, quasiment quotidiennement pendant des semaines, avec l’une des autrices qui a accouché de sa nouvelle dans la douleur, je suis sûre que tu vas trouver de qui je parle !

Et toi, t’es-tu frotté à la question ? Que t’aurait-elle inspiré ?
J’aurais sans doute pu proposer à l’éditeur de profiter de l’expérience pour me mettre à l’écriture. Sauf que je m’y suis refusé. 😉 Chacun son job, je fais partie de ceux qui pensent que tout le monde n’a pas le talent pour écrire, et que chacun doit au contraire déployer ses capacités là où il peut apporter quelque chose. Pour moi, c’est clairement davantage dans la gestion d’un tel projet.

Et toi, t’es-tu frotté à la question ? Que t’aurait-elle inspirée ?
Pendant le confinement, je devenais folle. On m’a conseillé d’écrire pour surmonter cette période. Je ne me sentais pas du tout d’écrire un livre mais j’ai relevé le défi pour une nouvelle. Une fois le sujet trouvé, « l’amour fou », j’ai mis plusieurs mois à écrire « Gâté » qui fait quatre pages. Et même si je suis fière d’avoir réussi à aller au bout de ce challenge, j’ai trouvé l’exercice particulièrement dur et je ne m’y collerai plus !

La nouvelle est un récit bien plus complexe à construire qu’il n’y paraît. Pourquoi avoir choisi ce genre littéraire ?
D’abord parce que j’adore ça ! Je suis fan de cet exercice littéraire particulier depuis que je suis ado. Depuis que j’ai découvert le pouvoir de la nouvelle à travers les courts textes de Stephen King.
Ensuite, parce qu’il n’y a pas meilleur vecteur pour surprendre. A travers des plumes que l’on découvre, par des textes parfois différents de ce que proposent les auteurs habituellement. Un terrain de jeu fertile au possible. J’aime les surprises, et les nouvelles noires sont idéales pour retourner le cerveau du lecteur, avec des fins souvent très étonnantes.
La nouvelle est un genre trop méconnu, avec un milieu trop frileux à son sujet. Et pourtant, avec Maupassant et d’autres, la France avait de formidables écrivains de nouvelles par le passé, mais étrangement ça s’est perdu en route. Alors que les textes courts sont traités de la même manière que les romans dans les pays anglo-saxons. Je souhaitais aider à remettre cet art en avant, il faut remercier l’éditeur Belfond d’avoir osé sortir la collection en grand format. Et les auteurs d’avoir si bien joué le jeu.
Et je suis convaincu que les textes courts peuvent amener de nouvelles personnes à la lecture, un format idéal dans le monde actuel, avec le temps morcelé qui compose les journées. 20 à 30 pages, de quoi passer un petit moment hors du temps.

La nouvelle est un récit bien plus complexe à construire qu’il n’y paraît. Pourquoi avoir choisi ce genre littéraire ?
C’est un genre littéraire qui est peu présent en France, malheureusement. Pourtant, comme on peut le voir dans ce recueil en particulier : peu de mots peuvent faire aussi mal qu’un roman de 300 pages. Et l’idée que j’avais, c’était de traiter un même sujet en dix histoires courtes et poignantes, portées par dix voix aux sensibilités différentes, et qui restent longtemps en tête.

Un récit court mais intense et surtout riche en émotions comme en témoigne ce recueil : Qu’en dis-tu ?
Pour moi, la nouvelle c’est un concentré d’émotions. Tous les ressentis sont décuplés. Il faut savoir aller à l’essentiel, en construisant un univers et des personnages en quelques lignes. Stephen King est un génie pour ça, on y croit en une page à peine.
Comme tu le dis, la nouvelle doit être intense, par son atmosphère, comme par les surprises qu’elle propose, par l’écriture aussi. Jusqu’à un final qui, souvent, retourne la table. Les textes de ces cinq recueils frappent, mordent, surprennent, déroutent, font frissonner. Et même rire (noir) parfois.

Un récit court mais intense et surtout riche en émotions comme en témoigne ce recueil : Qu’en dis-tu ?
J’ai reçu ces dix nouvelles comme des cadeaux. Je trouve que chaque auteur(e) a effectué un travail remarquable. En toute franchise, je ne m’attendais pas à être autant secouée par leurs histoires, et surtout à ce que les auteurs invités abordent cette thématique de façon aussi noire. Certaines nouvelles m’ont laissée en pleurs. Donc riche en émotions, oui, tu as complètement raison !

Peux-tu ajouter un mot sur la couverture ?
L’éditeur a fait un formidable travail sur cette collection, pour mettre en image les cinq sens, dans une ambiance de mystère. Avec une belle cohérence et une personnalité propre autour des différents tomes.
Mon rôle à ce niveau s’est limité à donner mon avis sur les projets proposés. Vu la qualité du résultat, mes remarques tenaient du détail.

Peux-tu ajouter un mot sur la couverture ?
J’ai eu énormément de retours sur la couverture disant qu’elle était trop gaie par rapport au contenu du livre. J’en suis consciente. Néanmoins, je l’aime beaucoup car, même si les histoires proposées dans ce recueil sont souvent sombres, elles parlent toutes d’amour, et l’amour par définition est un sentiment joyeux. De plus, je suis très critique avec les couvertures de manière générale et j’avais vraiment peur que la maison d’édition me propose quelque chose que je n’aime pas. Et je rajoute que la couverture a été pensée pour une série, les fleurs seront déclinées par la suite en cœurs, choux, etc…

L’exploration des cinq sens… Et maintenant : Quels sont tes projets littéraires ?
Me concentrer sur mes lectures, découvrir toujours de nouveaux univers, me faire plaisir et partager mes ressentis à travers mon blog. C’est déjà très prenant. 😊
Cette aventure humaine exceptionnelle a duré cinq ans, elle arrive à son terme, c’est la fin d’un cycle. Une formidable expérience, une belle aventure humaine qui m’aura apporté de belles émotions à travers les textes mais aussi les retours souvent enthousiastes des lecteurs.
Pour le reste, laissons-nous surprendre. 😉

L’amour maternel… Et maintenant : Quels sont tes projets littéraires ?
La série va continuer aux éditions Récamier, la toute nouvelle maison d’édition créée par Céline Thoulouze. Le prochain casting est déjà booké et j’ai même déjà reçu la première nouvelle de ce second recueil, signée Jacques Expert (scoop !). Le prochain tome « L’amour fou » sortira pour la Saint Valentin 2024.

Un immense merci à Yvan Fauth et Caroline Vallat qui m’ont très gentiment accordé de leur temps afin de se soumettre à mon petit interrogatoire livresque, me permettant ainsi de vous présenter leurs recueils de nouvelles qui n’attendent plus que vous en librairie… Le plus dur sera de choisir par lequel commencer ! 

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