Chroniques 2024 \ Le grand saut de Thibault Bérard

Coup de cœur pour ce petit maëlstrom d’émotions : “Le grand saut” de Thibault Bérard, paru le 1er mars 2023 aux éditions de l’Observatoire.

Le pitch : Tout commence lorsque Léonard expire son dernier souffle. Le vieil homme solitaire n’a pas revu ses enfants depuis vingt-cinq ans et a bien des années de frasques à se faire pardonner, aussi n’est-il pas dupe : le chemin vers la rédemption sera escarpé. Tout commence lorsque Zoé, dix ans, adresse une prière muette pour le salut de sa mère. Depuis que cette dernière est brusquement tombée en catatonie, la petite fille et son père vivent un cauchemar sans fin. Qui pourrait les sauver ? Entre ombre et lumière, espoir et peur, remords enfouis et secrets tus, les destins de Léonard et de Zoé vont bientôt s’entremêler… Thibault Bérard poursuit son exploration du grand roman familial dans un récit à la frontière du réel. À travers deux personnages dont la vie bascule, c’est d’amour, de résilience et de quête de soi qu’il s’agit.

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais alors que je lorgnais sur son premier roman depuis 2020, je n’ai découvert la plume de Thibault Bérard que l’an dernier. Je l’avais croisé au salon “Lire à Limoges” en mai pour me plonger dans son livre quelques mois plus tard. Le coup de cœur fut aussi foudroyant qu’immédiat, tant et si bien que je l’ai sollicité dans la foulée pour une petite interview avant d’ajouter “Les enfants véritables” – son deuxième titre – à ma PAL… Mais figurez-vous que “Le grand saut” lui a finalement grillé la priorité suite aux élogieux propos d’Aude – du blog “Aude bouquine” – à l’occasion du BiblioLive que j’ai eu la chance d’animer en novembre dernier pour préparer les fêtes de façon livresque !

Vous dire que je suis sortie bouleversée de cette lecture relève d’un doux euphémisme… Léonard est au crépuscule de sa vie quand Zoé en est à l’aube. Lorsqu’on rencontre l’un est l’autre, Léonard est victime d’un infarctus dans sa cuisine tandis que Zoé s’apprête à plonger de dix mètres dans une piscine. A chacun son grand saut dans le vide pour mieux remonter le fil de leur mémoire et découvrir deux histoires qui vont s’entremêler, reste à savoir pourquoi.
Léonard n’est pas très fier de son passé quand Zoé ne comprend pas ce qui a pu arriver à sa mère. D’un souvenir à un autre, on égraine ainsi les évènements marquants de leur vie, on partage le cours de leur existence et on comprend à quel point celle-ci a basculé. La nostalgie des bons moments, le regret des mauvais choix. Un homme ivre de liberté qui s’en est top enivré et a fini par tout perdre jusqu’à lui-même. Une enfant égarée sans le regard brillant de sa mère, elle-même échouée au fond d’elle-même par le plus grand des mystères… Et nous voilà emportés au cœur d’un récit court mais puissant, dur mais intense, un véritable tourbillon d’amour et autres sentiments qui nous rappellent l’essentiel, qui nous rappellent à l’essentiel sans jamais porter le moindre jugement.
Un ouvrage audacieux et original, non seulement par sa construction et ses protagonistes, mais aussi par son écriture, pleine d’humanité comme d’humanisme, un style tout en finesse et poésie qui nous offre une lecture profondément touchante et introspective car bien plus juste et réaliste qu’on pourrait le penser.

En bref, je remercie vivement Thibault Bérard pour ces deux coups de cœur en deux romans si émouvants… “Les enfants véritables” ne vont plus patienter très longtemps !

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