The wrong side of Heaven… And the righteous side of Hell : “Les Gentils” de Michael Mention, paru le 02 février 2023 aux éditions Belfond.
Le pitch : Ça hurle, ça cogne dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte dans un braquage à Belleville. Six mois qu’il attend l’arrestation du coupable. Mais rien, aucun suspect, aucune piste, et les flics semblent avoir lâché l’affaire.
Alors Franck ratisse les bas-fonds de Paris, finit par trouver un vague indice. Il largue tout et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage ” Anarchie “.
Jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Franck, lui, va loin, très loin, jusqu’en Amazonie, pour traquer un meurtrier parti racheter sa conscience dans un mystérieux camp de hippies. Mais dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Franck va se heurter à des âmes plus extrêmes encore…
Avec sa plume unique et son style inimitable, Michael Mention fait partie de ses auteurs aussi discrets que talentueux dont je ne loupe plus aucune parution. Ainsi me suis-je ruée sur “Les Gentils” dès sa sortie en librairie. Et si chaque roman est toujours différent – très différent même – du précédent, l’ADN littéraire de l’auteur est bien trop fort, bien trop puissant, bien trop enivrant pour ne pas le reconnaître dès les premières lignes…
“Les Gentils” nous ramènent en 1978 dans un contexte géopolotique, culturel et social si bien retranscrit qu’on s’y croirait, pour une immersion plus impressionnante que jamais : Vous n’êtes pourtant qu’au début de l’aventure…
Bien plus qu’une aventure d’ailleurs, l’auteur nous propose bien plutôt un book/road-trip aussi infernal que captivant au son d’un rock entêtant, au gré d’une intrigue dangereusement hallucinante, passionnément hypnotisante, à travers un véritable maelstrom d’émotions dont on ne peut sortir indemne.
Parce qu’on y rencontre Franck Lombard, disquaire passionné et père brisé depuis qu’il a perdu sa fille de huit ans dans de tragiques circonstances, odieux dommage collétéral d’un braquage minable qui tourne mal, la faute à pas de chance, un foutu coup du sort impossible à pardonner.
Un père qui perd pied, qui n’est plus que souffrance et vengeance, qui a perdu sa raison de vivre, sa raison d’être, qui ne s’accordera le salut qu’une fois “sa” justice rendue, qu’après avoir mis la main sur le salaud qui a raflé la vie de sa fille avec la caisse.
Vous voici dès lors au point de départ d’une expérience littéraire tout simplement sidérante, saisissante, édifiante, une véritable quête jusqu’au bout du monde et jusqu’au bout de soi.
A l’instar de la musique, la grande absente est omniprésente et le récit s’en révèle d’autant plus touchant qu’on partage les pensées comme les dialogues de ce père avec sa défunte enfant. Une enfant qu’il aime de tout son cœur, de toute son âme… Mais ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? La douleur et la vengeance aussi, peut-être…
Une douleur telle qu’on la ressent dans le moindre mot, la moindre ligne, la moindre page, elle transcende notre personnage autant qu’elle s’insinue en nous et nous prend aux tripes au fil d’un récit mené à un rythme effréné avec des phrases courtes, des chapitres brefs, qu’on prendra pourtant le temps de lire afin d’éviter qu’il nous broie… Ou pas…
En bref, un roman noir, musical et unique, aussi percutant que singulier… Sans doute le plus personnel de l’auteur tant je l’ai “reconnu” dans la moindre fibre de ce texte. Violemment talentueux.