Coup de maître pour un premier roman : “L’Horloger” de Jérémie Claes, paru le 08 février 2024 aux éditions Héloïse d’Ormesson.
Le pitch : La tête de Jacob Dreyfus est mise à prix depuis qu’il a participé au démantèlement d’une milice suprémaciste sévissant jusqu’au Capitole. Mais c’est sa femme qui est prise pour cible. Après cet assassinat, Jacob est exfiltré sous une nouvelle identité dans un petit village de Provence, où il tente de se reconstruire. Dix ans plus tard, alors qu’il coule enfin des jours apaisés dans une bastide des gorges du Loup, son passé le rattrape. La seule vengeance peut-elle expliquer la chasse à l’homme acharnée dont il est la proie ? En compagnie de Solane, le vieux flic français chargé de sa protection, Jacob se lance dans une traque obsessionnelle de la vérité.
Si leurs romans n’ont rien de comparables, Jérémie Claes semble prendre le même chemin que Christophe Wojcik dans mon parcours de lectrice passionnée. Outre le fait qu’ils sont tous deux édités par l’inspirante et inspirée Héloïse d’Ormesson, je les ai rencontrés alors qu’ils dédicaçaient leur premier roman pour la première fois sur un premier salon… C’était aux Quais du Polar l’an dernier pour Christophe Wojcik… C’était en février au salon “Livres en fête” de Saint-Raphaël s’agissant de Jérémie Claes, où j’ai d’ailleurs retrouvé son acolyte puisque j’ai même navigué de la table de l’un à celle de l’autre ! Toujours curieuse à l’idée de découvrir de nouvelles plumes, j’ai toutefois tardé à m’y plonger en lisant le résumé… Je me souviens m’être dit “Fichtre, je crains de m’égarer…” (Non, soyons francs, je me suis dit : “Put***, ça va être chiant !”), une inquiétude qui s’est d’abord accentuée en démarrant ma lecture… Mais qui s’est dissipée aussi rapidement que je me suis mise à tourner les pages… C’est dire à quel point ma première impression s’est avérée erronée !
Pour faire tomber les têtes d’une redoutable milice suprémaciste ayant gangréné jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir afin de mettre à mal le Capitole, le journaliste Jacob Dreyfus l’a infiltrée un an durant… Ce qui lui vaudra un Prix Pulitzer mais coûtera terriblement cher à sa famille et le conduira à changer d’identité comme de vie en intégrant un programme de protection des témoins, sans l’empêcher d’être rattrapé par son passé dix ans plus tard…
L’intrigue paraît dense, et elle est, incontestablement, se déployant comme une araignée tisse sa toile autour de sa proie. L’intrigue est dense donc, nous fait voyager dans le temps comme dans l’espace, nous fait côtoyer une multitude de personnages… Sans toutefois nous égarer, à aucun moment. Jamais. Parce que l’auteur a pensé à tout, prend le temps d’installer son intrigue pour mieux la dérouler avec la précision d’un… Horloger.
Ainsi l’auteur nous happe dès la première page tournée et ne nous laisse aucun répit au fil de ce récit bigrement original et audacieux, plein de suspense et de rebondissements. Si la tournure que prennent les évènements se révèle pour le moins inattendue et surprenante alors qu’approche le dénouement, s’éloignant de l’implacable réalisme qui nous était proposé, l’auteur a su me convaincre d’y adhérer sans difficulté, pour ressortir de cette intrigue plus sidérée que jamais.
Plus les chapitres défilent, plus la lecture devient entêtante voire obsédante… QUI est donc l’Horloger ? Pourquoi s’acharne-t-il autant sur Jacob ? Ne comptez pas sur moi pour vous souffler quelques pistes, de toute façon vous ne trouverez jamais ! Pourtant vous allez chercher, et ce en compagnie d’une galerie de protagonistes, certes nombreux et complexes, mais tellement bien campés et étoffés qu’on parvient à les identifier avec aisance et efficacité. On va en détester certains, trembler pour d’autres… Vibrer quoi qu’il en soit tandis que nos héros de papier côtoient de vraies figures actuelles ou historiques… Et nous aussi, vous vous en doutez !
Car l’histoire s’intègre aussi à l’Histoire tout en faisant terriblement écho à des thématiques tristement d’actualité au gré d’une plume étonnamment fluide et visuelle, un style vif et dynamique, qui contribue à donner du rythme à cette lecture immanquablement palpitante. Tout en respectant ses codes, Jérémie Claes les bouscule pour nous offrir un thriller tout à la fois ahurissant et exceptionnel.
En bref, j’ai déjà dit beaucoup et pourtant je n’ai pas tout dit de ce premier thriller absolument effarant, considérablement sombre et pourtant profondément humain. Pour son premier roman, Jérémie Claes a placé la barre haute, si haute qu’il me tarde d’ores et déjà de découvrir le prochain !